Madeleine Malonga a son ticket pour Tokyo
Mardi 6 avril, Larbi Benboudaoud, directeur de la haute performance de l’équipe de France, ex-judoka de Dugny et entraîneur national a communiqué une grande partie de la sélection pour les XXXIIes Jeux olympiques de Tokyo. Dans ses rangs, la championne du monde Madeleine Malonga, de l’Etoile sportive du Blanc-Mesnil.
Comme il aime à le répéter, Larbi Benboudaoud « a des problèmes de riche. Donc, toujours compliqué de faire des sélections, de passer certains coups de téléphone. Quoi qu’il en soit, nous partons toujours pour claquer des médailles. Contrairement à ce que disait le baron Pierre de Coubertin, notre truc à nous, ce n’est pas de participer ! Notre truc à nous, ce n’est pas, en amont d’une compétition, de sortir du buisson à la dernière minute. Nous, notre truc, en amont d’une compétition, est de faire trembler nos adversaires puis, de claquer un maximum de médailles ». Poursuivant sur sa lancée, le président de la Fédération française semblerait même « vouloir être le premier sport français au nombre de médailles à Tokyo… »
Alors, les coups de téléphone de Larbi Benboudaoud, en cette fin de matinée, pour annoncer telle ou telle sélection ont « été parfois très très très compliqués… ».
Ainsi, le directeur de la haute performance du judo a notamment dû annoncer à Margaux Pinot (championne d’Europe -70 kg) d’aller décrocher sa sélection aux prochains championnats d’Europe, « un juge de paix pour deux filles, deux Françaises, numéro une mondiale pour l’une (Marie-Eve Gahié) et numéro deux mondiale pour Margaux Pinot. Je suis sûr qu’elles sauront tirer le meilleur de cette saine concurrence. Elles ont la culture de l’instant, sont habituées à vivre la pression. En laisser une sur le carreau me brisera le cœur parce que les deux sont capables d’être championnes olympiques… ».
Malonga, dossard rouge…
Au plus vite, l’ex-entraîneur national de l’équipe féminine a souhaité donner sa sélection féminine pour Tokyo « pour la préserver de faire les championnats du monde et la préserver de la pression. Même en envoyant une équipe, disons, numéro 2, nous pouvons nous y aligner avec des prétentions aux championnats d’Europe comme aux championnats du monde. Après avoir longtemps discuté avec elles, seules Madeleine Malonga et Clarisse Agbegnenou ont décidé de participer aux championnats du monde. Tenantes du titre, elles avaient à cœur de relever ce challenge en gardant leur dossard rouge de championnes. Tout le staff se mettra à leur service pour leur permettre de réussir le double défi, distant de six semaines, monde-Jeux olympiques. Elles se connaissent bien, elles en sont capables ».
Sans le cacher, le directeur des Bleu·e·s sait avoir en main « la meilleure équipe du monde. Nous espérons aussi arriver à décrocher le titre par équipes pour valider la bonne santé de notre sport. Si Teddy Riner court après une troisième médaille individuelle en or, il sera, sans doute, aux anges d’une quatrième, en or, par équipes ! ».
Avant de fermer le ban de sa conférence de presse du jour, Larbi Benboudaoud a tenu « à avoir une pensée pour les clubs, pour les milliers de gamins frustrés de ne pas pouvoir pratiquer au dojo en ce moment. Nous, le haut niveau, sommes des privilégiés d’avoir la possibilité de faire du judo au quotidien. Alors, dans toutes nos compétitions à venir, nous leur ferons honneur. Même si on voit un seul judoka sur un podium, derrière il y en a des milliers pour construire notre pyramide. Pour être devenu ce qu’il est, Teddy Riner a trouvé une centaine de partenaires d’entraînement. Seul contre les chênes centenaires du bois de Vincennes, il n’aurait rien pu. Nous ne l’oublions pas, nous ne les oublions pas. Nous voulons rendre au judo ce qu’il nous a donné et aller au charbon pour offrir, à tous ces gamins privés de dojo à cause de la pandémie, des petits moments de bonheur qui, je l’espère, seront, pour eux é-nor-mes. ».
« Je garde les pieds sur terre sans me prendre la tête ! » A Tokyo en 2019, la judokate de l’Etoile sportive du Blanc-Mesnil était devenue championne du monde (-78 kg). A Tokyo en 2021, cette élève infirmière (27 ans) vivra les premiers Jeux olympiques de sa carrière : « Même si, au vu de mes derniers résultats, je m’attendais à cette sélection, elle me fait plaisir. Quand je l’ai confirmée à mes parents, j’ai senti en moi un très grand sourire. Mais, je garde les pieds sur terre ! Oui, les Jeux sont exceptionnels mais, avec les mêmes filles, les mêmes règles et les mêmes arbitres. Alors, je ne vais pas trop me prendre la tête ! J’avance étape par étape. Dans un premier temps, je tiens à conserver mon titre aux prochains championnats du monde (du 6 au 13 juin à Budapest). Six semaines après, les Jeux arriveront (du 24 au 31 juillet). Mais, je me sens tout à fait capable de relever ce défi. Après les championnats du monde, je vais devoir bien gérer, notamment ma récupération, mes premières semaines. » Enfin, comme tout le staff, avec à sa tête le directeur Larbi Benboudaoud, Madeleine Malonga n’a pas peur « des contraintes sanitaires japonaises à venir. Nous devrons tous nous adapter : c’est ce que nous apprenons à faire, en permanence, dans le sport. S’adapter sans gaspiller de l’énergie entre énervement ou empressement sera, sans nul doute, une clé du succès… ».
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