Yvan Wouandji, un ballon pour fil d’Ariane
Avec l’équipe de France de cécifoot, il est devenu vice-champion paralympique à Londres en 2012. Cet habitant de Rosny-sous-Bois, qui aime rappeler que le handicap n’est pas un frein au talent, prépare déjà sa prochaine échéance avec les Bleus, en août, pour les Championnats d’Europe à Berlin.
Il a la parole aussi fluide que sa conduite de balle. Yvan Wouandji aime bien partager autour de son sport. Ce jeune homme de 24 ans, star de l’équipe de France de cécifoot - foot pour non-voyants - a toujours un moment pour parler de sa discipline et à travers elle du handicap. En ce vendredi matin, à quelques heures d’un match amical face à l’Italie, on le retrouve encore en compagnie des autres membres de l’équipe de France à présenter le cécifoot à des écoles primaires de Noisy-le-Sec.
« Je pense que mon sport est un bon outil de sensibilisation, parce que tout ce qui se passe sur un terrain de cécifoot, on le retrouve dans la vie quotidienne d’un non-voyant : le fait d’être à l’écoute des différents bruits, de prendre ses repères... », explique-t-il.

Cette discipline, née au Brésil dans les années 60 et arrivée en France à la fin des années 80 sera le fil d’Ariane du jeune homme. Un ballon bourré de grelots, cinq joueurs contre cinq sur un terrain de handball, des gardiens qui eux voient : voilà la formule gagnante du cécifoot.
Un sport qu’Yvan a découvert à l’âge de 13 ans au cours de sa scolarité en France. A l’époque, il pense avoir fait une croix sur ces parties de foot qu’il disputait petit garçon au Cameroun, lorsqu’il n’avait pas encore perdu la vue. Ce n’est en effet qu’à l’âge de 10 ans qu’un décollement de la rétine l’a fait devenir aveugle.
Sa mère Yvette décide de tenter de le faire opérer en France. Puis, alors que l’intervention échoue, Yvan reste en France, loin de sa famille, pour pouvoir intégrer l’Institut national des jeunes aveugles (INJA) de Paris. Des années éprouvantes puisque sa mère, son frère jumeau Yvon et sa soeur ne le rejoindront que plus tard.
« Mais j’ai fait une rencontre importante », se remémore-t-il, le sourire en coin. Cette rencontre, c’est Julien Zéléla, professeur de musique à l’INJA, importateur du cécifoot en France et aujourd’hui directeur technique fédéral. « Il m’a dit qu’avec ce sport, je pourrais retrouver toutes les sensations du foot classique. Au bout de deux entraînements, j’étais accro », se rappelle le jeune homme.
Doué et volontaire, Yvan Wouandji gravit alors les marches quatre à quatre. Fin des années 2000, il intègre l’AS Cécifoot Saint-Mandé, et dans la foulée, connaît sa première sélection en équipe de France. Sa conduite de balle, hors pair, le rend immédiatement reconnaissable sur un terrain. En 2015, il se signale même par un but face à l’Allemagne qui fera le tour des réseaux sociaux. Sur la vidéo, on le voit, maillot frappé du numéro 10, partir de son propre camp et finir sa chevauchée d’une frappe croisée imparable. « Ma spéciale », dit-il en plaisantant.
Les titres ne tardent pas non plus à venir : en 2011, c’est la victoire à l’Euro et un an plus tard, Wouandji et les siens deviennent vice-champions paralympiques aux Jeux de Londres. « Cette place de vice-champion, on m’en parle souvent, souligne Yvan. Elle suppose un avant et un après : pour nous, mais aussi pour notre sport et le handisport en général. On était la première équipe en sport collectif français à se hisser en finale de Jeux paralympiques, et de ce fait on a été largement mis en avant. »
Cet été, ce footballeur à l’agenda de ministre a d’ailleurs rendez-vous avec sa prochaine échéance sportive : l’Euro 2017 à Berlin, où les Bleus tenteront de rééditer leurs titres de 2009 et 2011. « On a une équipe solide, qui s’est bien reconstruite. On vise au moins une place de finaliste », affirme Yvan l’insouciant.
Avec un tel palmarès, quoi de plus logique que cet enfant de Rosny-sous-Bois – il y habite encore, dans le quartier du Pré-Gentil – soit devenu l’un des ambassadeurs de la campagne de Paris et de la Seine-Saint-Denis pour l’obtention des Jeux de 2024. « Ce serait un rêve de participer à cet événement, remarque-t-il. D’abord parce que cela permettrait au cécifoot et à toutes les disciplines paralympiques d’être davantage médiatisés. Mais aussi parce que la Seine-Saint-Denis, département injustement décrié, le mérite... »
Le garçon, on le devine, n’est pas un grand fan des préjugés. De la même manière qu’il aime rappeler que « le handicap n’empêche pas le talent », il se plaît à souligner les facettes positives de la Seine-Saint-Denis, à mille lieues des clichés habituellement servis sur ce département. Il cite ainsi en exemple les nombreuses initiatives proposées par l’université Paris-8 Saint-Denis – « une fac super vivante » - où il mène des études d’info-com. « J’aime bien m’informer, essayer de comprendre comment se font les choses et pourquoi », souligne celui qui est aussi régulièrement chroniqueur sport sur Cnews et France Info.
A l’antenne, Yvan Wouandji rappelle dès qu’il le peut, comme il le fait dans ses opérations de sensibilisation à destination des collégiens, que « le handicap ne saurait être source de différence, de distinction ou de discrimination, et que tout le monde doit être mis sur un même pied d’égalité ». Et comme sur un terrain, il le fait avec une aisance déconcertante.
Christophe Lehousse
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