Thomas Grégory dessine l’avenir de la chirurgie
À l’Hôpital Avicenne de Bobigny, le Service de chirurgie de l’épaule, du coude et de la main est devenu le premier service de chirurgie au monde à utiliser la réalité mixte pour ses opérations quotidiennes. Une véritable révolution, impulsée par le professeur Thomas Grégory. PORTRAIT.
Quinze chirurgien·e·s orthopédiques opérant simultanément dans 13 pays : c’est un véritable marathon chirurgical – et une première mondiale – que l’Hôpital Avicenne a organisé et retransmis les 9 et 10 février. Le caractère exceptionnel de l’événement ne tient cependant pas tant au nombre ni à la concomitance des opérations qu’au fait qu’elles se sont déroulées avec l’assistance de lunettes de réalité mixte.
Baptisés HoloLens, cet équipement mis au point par Microsoft a permis aux chirurgien·ne·s de faire ce que leur équipement stérile leur interdit normalement : visualiser et manipuler (en hologrammes) des modélisation 3D des prothèses et de l’intervention, les clichés anatomiques de leur patient·e, son dossier médical, les documents de planification de l’opération, etc. Il leur a également permis de s’immerger, en temps réel, dans les opérations réalisées par leurs confrères, de voir avec leurs yeux, de les questionner, les conseiller ou de s’entraider.
Vers une révolution de la pratique chirurgicale
Si cet événement mondial a été piloté depuis Avicenne, c’est d’abord au chef du service de chirurgie orthopédique et traumatologique qu’on le doit : le professeur Thomas Grégory. Féru de nouvelles technologies, ce médecin est en effet un des pionniers, en France et dans le monde, de leur utilisation en chirurgie. En 2017, c’est déjà lui qui avait réalisé la première opération assistée par un casque de réalité mixte. Une expérience qu’il qualifie d’ « incroyable ».
« C’est un véritable système d’aide à la chirurgie guidée par ordinateur qui vous permet d’avoir tous les éléments dont vous avez besoin et d’avoir des réponses immédiatement. Vous pouvez aussi communiquer avec des personnes en dehors du bloc, ce qui a un vrai intérêt pour la formation ou les cas difficiles », détaille-t-il. Dans les lieux loin des grands centres hospitaliers, en France comme dans les pays du Sud, ces lunettes pourraient ainsi constituer une aide précieuse.
Pour le professeur, il ne fait aucun doute que la réalité mixte, et plus généralement l’ensemble des technologies de la communication et de l’information (TCI), vont entraîner « une transformation majeure de notre pratique » et faire vivre une véritable « révolution » à la chirurgie. Elles vont par exemple permettre de sécuriser et standardiser les opérations, mais aussi d’améliorer grandement la formation en permettant la simulation et l’entraînement par la réalité virtuelle ou encore d’optimiser le suivi et la rééducation des patients grâce aux objets connectés.
La réalité mixte au quotidien
Cette conviction, il l’a acquise alors que l’utilisation des nouvelles technologies en médecine n’était encore que naissante, lors de ses études à l’Imperial College en Angleterre, à la fin des années 2000. De retour en France, il continue de s’y intéresser et crée même, en 2014, la Fondation Moveo, afin de trouver des financements pour mettre en application des projets. Son arrivée à Avicenne en 2016 lui permet de franchir un pas supplémentaire, en faisant entrer le numérique à l’Hôpital.
Le service qu’il dirige est en effet désormais équipé de lunettes HoloLens dans toutes les salles opératoires, ce qui fait de lui « le premier service de chirurgie au monde à utiliser la réalité mixte pour toutes les opérations quotidiennes ». « Je peux voir ce qui se passe dans mes blocs et les chirurgiens, s’ils rencontrent une difficulté que j’ai déjà vu, peuvent me poser toutes les questions qu’ils veulent, explique-t-il. Si j’ai un cas d’infection quand j’opère, je peux aussi communiquer avec l’infectiologue qui sera présent virtuellement et nous pourrons discuter directement de la conduite thérapeutique à tenir. Cela améliore considérablement la pratique chirurgicale. »
La direction de l’établissement n’a pas hésité à le soutenir dans sa démarche. Il faut dire que, comme le rappelle le chirurgien, « l’Hôpital Avicenne a une tradition d’innovation chirurgicale. Il y avait déjà eu le professeur Martinod, premier à réaliser des greffes de trachées, mon prédécesseur, Alain-Charles Masquelet, qui est une sommité mondiale et a développé les lambeaux de reconstruction... »
En Seine-Saint-Denis, un « écosystème exceptionnel »
En Seine-Saint-Denis, il a aussi trouvé un écosystème « exceptionnel » qui lui a permis par exemple de développer, au sein de la Maison des sciences numériques de l’Université Sorbonne-Paris-Nord, à Saint-Denis, un laboratoire de recherche dans lequel sont développées les applications nécessaires aux TCI.
Il y a aussi et surtout, insiste le Professeur, des « personnels soignants formidables ». Aussi féru de nouvelles technologies soit-il, Thomas Grégory le martèle en effet : « La médecine de demain ne peut se faire sans l’humain et le contact avec le patient restera toujours le pilier principal ». Un lien construit par toute une équipe qui, « à Avicenne, est incroyable ! »
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