Prithika Pavade, l’étoile montante du ping
A 16 ans, elle sera l’une des plus jeunes athlètes de la délégation française aux Jeux de Tokyo. La joueuse du Saint-Denis Union tennis de table, qui entre en lice ce samedi en individuel, y va a priori pour engranger de l’expérience, mais elle pourrait bien une nouvelle fois surprendre son monde. Interview.
Cette qualification pour les Jeux de Tokyo, vous l’aviez imaginée ou même vous, ça vous a surprise ?
Au départ, je ne pensais pas du tout participer à ces Jeux-là. Moi je visais plutôt Paris 2024, à la maison. Mais j’ai commencé à y croire quand l’équipe de France m’a sélectionnée pour faire les tournois qualificatifs. Dès lors, j’ai fait mon maximum pour réaliser un de mes rêves. Je suis contente parce que le tournoi où je me qualifie était long et j’y bats des joueuses nettement mieux classées que moi (390e mondiale).

C’est une chose qui frappe dans votre jeu : vous ne vous laissez presque jamais prendre par l’enjeu…
J’essaie effectivement de me concentrer sur le jeu et de ne pas trop me préoccuper des classements. Ma règle, c’est de ne jamais sous-estimer ni sur-estimer mon adversaire. Je pense juste au fait que je peux faire jeu égal avec mon adversaire, et après c’est sur la table que ça se joue.
Du coup, vous visez quoi à Tokyo ?
Je ne me fixe pas de résultat précis. J’ai envie de profiter au maximum de tous ces instants. Le fait que ça se déroule au Japon, un pays amateur de tennis de table, tempère un peu le côté Jeux durant le Covid.
Que serait pour vous une performance à Tokyo ?
Difficile à dire, dans la mesure où je ne connais pas encore la composition des premiers tours. Je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre. Allez, une performance, ce serait déjà de rentrer dans le tableau final.
Est-ce que vous comptez sur un petit effet surprise auprès de vos adversaires ?
Oui, pourquoi pas. Après, je ne fais pas trop d’illusions : maintenant tout le monde analyse en vidéo les différentes joueuses, donc il n’y a plus trop d’inconnues. Mais j’ai quand même un jeu assez varié. Ca peut peut-être m’aider à gagner quelques premiers sets.

Cette année, vous avez remporté avec le SDUS TT la petite Coupe d’Europe et aussi le championnat de France de Pro Dames, pour la première fois de l’histoire du club. C’est une année incroyable non ?
Oui, c’est une année formidable, d’un point de vue sportif. A titre personnel, c’est une de mes meilleures années. Gagner la coupe d’Europe dès notre première participation, c’est quelque chose de fort. Et le championnat de France aussi, en sachant qu’on n’y pensait pas du tout au début. Ca illustre notre super bonne cohésion, entre Leïli (Mostafavi) et Camille (Lutz), deux coéquipières que je côtoie tous les jours à l’INSEP, et Basha (Balazova) et Xiaoxin (Yang) qui nous apportent leur expérience.
Comment décririez-vous votre style de jeu, vous la gauchère ?
Offensif c’est sûr. J’essaie souvent de prendre de vitesse mon adversaire, d’attaquer rapidement les premières balles. Je varie aussi pas mal mes services, mes remises… Je ne suis pas trop endurante, même si dernièrement j’ai progressé sur cet aspect.

Racontez-nous vos débuts. Pourquoi le tennis de table ?
J’ai commencé le ping à 7 ans, au club du Bourget. Leur gymnase n’était pas loin de la maison. C’est un peu par mon père que j’y suis venue. Lui-même avait joué au tennis de table à Pondichéry, en Inde, d’où mes deux parents sont originaires. Comme je me débrouillais pas mal, je suis ensuite passée au SDUS, à l’âge de 10 ans. C’est un super club, qui fait beaucoup d’effort pour ses joueurs.
Il y a notamment quelqu’un qui vous a beaucoup compté pour vous, c’est Nicolas Greiner (entraîneur qui l’a accompagnée au Bourget puis à Saint-Denis, décédé en octobre de l’année dernière). Vous avez dû penser à lui, au moment de votre qualification...
Bien sûr que durant ce tournoi, j’ai aussi pensé à Nicolas. C’est l’entraîneur de mes débuts. En phase d’entraînement, certains de ses conseils m’accompagnent et m’accompagneront toujours : comment déjouer certains effets, comment remiser… Cette qualification, c’est aussi pour lui.
Enfin, comment faites-vous pour combiner carrière de haut niveau et lycée ?
Ce n’est pas toujours facile, mais l’encadrement scolaire est vraiment à l’écoute. Du lundi au jeudi - hors période de compétitions - les cours ont lieu à l’INSEP et le vendredi, je me rends au lycée Marcelin-Berthelot à Saint-Maur. Les journées qui ont suivi ma qualif pour Tokyo ont d’ailleurs vraiment été chouettes parce que tous les copains de ma classe de première m’ont envoyé des messages sur notre groupe Snapchat.
Vous savez qu’à Tokyo, vous serez portée par toute la Seine-Saint-Denis ?
Oui je le sens bien. Etre soutenue par Génération Jeux (dispositif départemental d’accompagnement de 30 athlètes prometteurs vers les Jeux 2024) est aussi d’une grande aide. Je vais essayer de bien porter les couleurs de la France, de tout le département et de rendre fier le plus de monde possible.
Propos recueillis par Christophe Lehousse
Photos :©Franck Rondot
©Sylvain Hitau
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