Génération Jeux, puissance 4
Malgré cette année particulière, le Département a tenu à réaffirmer son appui à trente sporti·ve·s prometteur·euse·s du territoire, pressenti·e·s pour disputer les Jeux de Paris 2024. Le 26 mars, la 4e promotion de « Génération Jeux », dispositif de soutien financier, a été présentée, avec notamment 7 nouvelles entrantes.
Quatre ans déjà que le Département soutient de jeunes sportif·ve·s prometteur·euse·s du territoire, à travers son dispositif « Génération Jeux ». Quatre ans : un intervalle qui en sport n’est pas anodin puisqu’il correspond à une olympiade… En 2018, le Département choisissait en effet de soutenir 20 athlètes de haut niveau issu·e·s du territoire et susceptibles de participer au grand rendez-vous olympique et paralympique de Paris 2024. Entre temps, leur nombre est même passé à 30, avec toujours cette même règle du jeu : 3000 euros alloués par le Département à chaque athlète du dispositif, une tranche d’âge entre 15 et 23 ans et un maximum de diversité entre les sports représentés.
Là aussi, le Covid est bien sûr venu perturber l’année écoulée, provoquant le report voire l’annulation de nombreuses compétitions et empêchant les jeunes sportif·ve·s de se projeter vers l’avenir. Autant la glorieuse incertitude du sport est belle, autant celle-ci fait du tort à tout le monde…
Ce qui n’a pas empêché certains parcours de s’affirmer et certaines voies de se tracer. Grands espoirs pour 2024, la lutteuse Koumba Larroque (Club Bagnolet Lutte 93) et la cavalière Chiara Zenati (UCPA La Courneuve) – qui fait son entrée dans le dispositif cette année - se sont ainsi déjà qualifiées pour Tokyo 2021.
Au niveau des performances aussi, les jeunes pousses de Génération Jeux ont justifié tous les espoirs qu’on plaçait en elles : Sara Benfares (CA Montreuil 93) a signé un tonitruant record de France espoirs sur 3000m en salle et Prithika Pavade (SDUS tennis de table) est devenue championne d’Europe U21, sans renoncer encore à un billet pour Tokyo.
Dans cette course vers Paris 2024, 7 nouvelles entrantes - que des filles !- ont remplacé dans cette promotion 2021 des sportifs sortis des clubs du département ou des listes de haut niveau. On vous les présente ici, en souhaitant à toutes que les bulles Covid dans lesquelles elles sont forcé·e·s d’évoluer ces derniers temps redeviennent des bulles de bonheur.
- Chiara Zenati (Centre équestre et poney club La Courneuve)
Chiara Zenati sait ce qu’elle veut, ne perd pas de temps et se donne les moyens d’y parvenir. En deux épreuves internationales, cette cavalière du centre équestre départemental UCPA La Courneuve a fait sa place en équipe de France de para-dressage, au point d’être à 18 ans un espoir pour les Jeux paralympiques de Tokyo et de Paris. Pourtant, elle n’est pas du tout issue d’une famille de cavaliers. Elle a grandi à Drancy et à 8 ans, elle a essayé l’équitation à La Courneuve. « Je me suis tout de suite sentie bien avec les chevaux, au point de vouloir en faire mon métier. Je suis en formation d’animatrice équitation ici à La Courneuve. Mon handicap ? (une hémiplégie côté droit qui l’empêche de se servir de son bras et limite les possibilités de sa jambe) Je suis née avec, on ne peut pas dire que ça me gêne, je ne connais rien d’autre ! » Si le regard des autres l’a dérangée un moment, « depuis que j’ai des résultats sportifs, que je sais que j’irai aux Jeux, je me rends compte que j’ai plein de possibilités ».
Désormais, elle se rend tous les quinze jours à Saumur pour y retrouver Swing Royal IFCE, le magnifique cheval que la fédération met à sa disposition et pour y suivre des master-classes sous la direction de Sébastien Goyheneix, écuyer du prestigieux Cadre noir. Avec Swing, l’ambition de Chiara pour les Jeux paralympiques de Tokyo est claire : « La médaille d’or ! »
- Camille Lutz et Leili Mostafavi (SDUS tennis de table)
Voilà les trois jeunes pousses de l’équipe première du SDUS tennis de table réunies dans le dispositif Génération Jeux. Camille Lutz, 18 ans, et Leili Mostafavi, 21, y rejoignent en effet cette année Prithika Pavade, présente depuis 2018. Camille, Leili et Prithika, c’est un peu les trois mousquetaires… Une pour toutes et toutes pour une !
Pourtant au départ, rien ne les prédestinait à évoluer ensemble sous les couleurs de Saint-Denis : Camille a commencé le ping à Hochfelden, dans son Alsace natale, et Leili au Chesnay, dans les Yvelines. Lorsqu’on leur demande pourquoi elles ont toutes rejoint les Bleu et Blanc, un nom apparaît très vite : Nicolas Greiner (entraîneur de l’équipe première féminine du SDUS, décédé en octobre 2020). « Il y a bien sûr le très bon projet féminin du club, qui assez rare en France. Et puis, il y avait Nicolas. Camille, Prithika, moi, il nous a toutes entraînées. Donc forcément, ça nous lie aussi », se souvient Leili. « Il a beaucoup compté pour moi. En tant qu’entraîneur national, il nous a accompagnées en stage en Chine, ce sont des moments qu’on n’oublie pas. », poursuit Camille, bronze aux Mondiaux juniors 2019 en double… avec Prithika.
Au-delà de ce vécu commun, les deux amies partagent aussi un rêve, qui a pour nom Paris 2024. « Je m’entraîne tous les jours avec ça dans la tête. Alors évidemment, il reste encore beaucoup d’étapes à franchir. Mais ça aide quand même, surtout quand on a un coup de mou », explique Leili, championne d’Europe en double U21 (avec Nolwenn Fort, de Joué-les-Tours). Les deux joueuses possèdent aussi la même capacité d’organisation, à l’heure de concilier études et carrière de sportives de haut niveau. « Ce n’est pas toujours facile, mais on y arrive. Les cours à distance en raison du Covid, s’ils ont perturbé beaucoup d’étudiants cette année, ont plutôt fait mon affaire », témoigne Camille, inscrite en première année en licence Maths, Informatique, Physique et Ingénierie à la Sorbonne. Leili, après une première année de kiné, s’est elle réorientée vers une licence de psycho à Paris 8 – à distance aussi. « Ça me convient bien, moi qui veux faire un métier tourné vers les autres. »
Fin mars, une nouvelle aventure les attend : une demi-finale du Championnat de France Elite avec le SDUS, qui pourrait les mener vers un premier titre national, inédit dans l’histoire du club. Si elles y parvenaient, on peut être sûr qu’elles dédieraient ce nouvel exploit à celui qui les a menées les unes vers les autres : Nicolas Greiner.
- Alicia Audibert (Cercle d’armes de Montreuil)
« J’ai commencé l’escrime… parce que j’étais fan de Zorro » A 7 ans, Alicia Audibert a surgi hors de la nuit. 8 ans plus tard, elle a déjà signé son nom à la pointe du fleuret : championne de la Méditerranée 2019, son premier grand titre, victorieuse d’une Italienne en finale, à Cagliari... Et pour connaître à nouveau pareille joie, la N°1 française chez les moins de 17 ans bosse dur : un entraînement quotidien, parfois deux, sous la houlette de son maître d’armes Laurent Alliez. « Alicia a deux grands atouts : elle possède énormément de culot et une escrime créative. Même moi qui la connais par cœur, elle me surprend encore parfois. Et puis, même si elle est relativement grande pour son âge (1m75), elle est aussi forte de près que de loin. Tout ça me fait croire que c’est jouable pour Paris 2024 », commente l’entraîneur de ses débuts. « Paris 2024, j’aimerais y participer et pourquoi pas y gagner ! », n’hésite pas à annoncer celle qui a pour modèle la sabreuse Cécilia Berder, athlète de haut niveau en même temps que journaliste. « Ça me fascine comme elle arrive à maîtriser son corps et son esprit », dit, admirative, Alicia qui se laisse toutefois le temps de savoir ce qu’elle veut faire professionnellement. Pour l’instant, la jeune fille est en seconde, dans une classe sport à horaires aménagés au lycée Paul-Valéry à Paris. Une chose est déjà sûre : on connaissait ZZ, on va peut-être bientôt connaître AA.
- Tahina Durand (Blanc-Mesnil Sport Judo)
« Dans ma famille, les enfants devaient faire du sport. Alors à 8 ans, je suis allée au Judo club du Franc-Moisin, c’était le club le plus proche de chez moi. Au départ, je n’aimais pas trop ça, ça m’ennuyait, c’était répétitif… » Pour Tahina, tout change avec les premières compétitions : « La tension au moment de monter sur le tatami, l’enjeu, les victoires… Là c’était bien ! Ça valait le coup de répéter les prises à l’entraînement. Et c’est devenu sérieux lorsqu’on a remporté la coupe de France par équipe minimes ! » Rapidement, Tahina remporte aussi les titres en individuel, cadette, junior et même une médaille de bronze aux mondiaux juniors. A 18 ans, elle intègre l’INSEP et change de club. « Ça n’a pas été facile de quitter mon club formateur, mais j’avais besoin d’une structure plus compétition. Je tenais à rester en Seine-Saint-Denis et mon entraîneur s’entendait bien avec l’équipe du Blanc-Mesnil Sport judo, alors… » A l’INSEP, Tahina a une opposition solide, les judokates françaises sont parmi les meilleures au monde et les places sont chères, même dans la catégorie de Tahina, les + de 78 kg. « Léa Fontaine, Romane Dicko… c’est le top niveau mondial ! » A 21 ans, elle n’est pas encore prête pour les Jeux olympiques de Tokyo et continue ses études. « Une licence d’histoire parce que c’était ma matière préférée, puis les Douanes, c’est mon rêve depuis toute petite ! Ensuite, on vise Paris 2024. En trois ans, bien des choses peuvent changer… »
- Améline Douarre (Club Bagnolet lutte 93)
« Quand j’allais chez ma grand-mère, je voyais toutes les médailles que mon père avait remportées en lutte. J’ai voulu faire pareil ! » Améline Douarre débute au club de Torcy, au Creusot, sa ville natale et commence sa collection : championnats de France jeunes, tournois européens… Et on commence à parler des Jeux olympiques à Paris : « Dès l’annonce de la candidature, je me suis dit pourquoi pas moi ? Alors j’ai travaillé pour. » Et travailler, ce n’est pas peu dire car les entraînements de lutte sont parmi les plus exigeants, mais ça ne dérange pas trop Améline : « Si ça me permet de gagner des médailles, ça me va ! » Toujours les médailles ! Lorsqu’elle ne lutte pas, Améline est en deuxième année de BTS Management commerce opérationnel. Des études qu’elle a surtout choisies « parce que les cours sont à l’INSEP, c’est pratique ! », dit-elle en riant. « Je ne me complique pas trop la vie. A la fin de l’année, j’aurai un diplôme, et deux ans pour me préparer pour Paris 2024. On verra ensuite si je reprends des études… »
Depuis qu’elle est entrée à l’INSEP à 18 ans, Améline a rejoint le Club Bagnolet lutte 93. « C’est un vrai soutien, comme l’aide Génération Jeux du Département. Ça va me permettre de faire des stages, des déplacements… » A tout juste 21 ans, Améline fait encore l’apprentissage du très haut niveau international. « J’ai fait le tournoi de qualification olympique pour Tokyo, mais je suis tombée au premier tour sur la médaillée d’argent de Rio… J’y allais pour l’expérience, mon objectif, c’est Paris ! » Et bien sûr, compléter la collection de médailles…
- Mouna Ouassou (Tremblay AC taekwondo)
Chez les Ouassou, le taekwondo est affaire de famille : papa a transmis son hobby à ses enfants, Maria, Zakariya et Mouna. Chez la petite dernière, cet art martial coréen, olympique depuis Sydney 2000, est même devenu passion. « Ce qui m’a tout de suite plu dans ce sport, c’est sa dimension spectaculaire. Ses valeurs aussi : le respect de l’adversaire, l’humilité, le dépassement de soi… », explique la combattante de 17 ans, qui en avait 6 quand elle a commencé, dans son club de toujours, le Tremblay AC TKD. C’est là que Mouna s’entraîne trois fois par semaine et a commencé à obtenir de beaux résultats : victoire à l’Open des Pays-Bas et bronze aux championnats d’Europe des clubs en novembre 2020. « Les qualités de Mouna, c’est sa grande souplesse. Et puis surtout, c’est une bosseuse : elle est très appliquée. Son bronze aux championnats d’Europe des clubs est très méritant car l’entraînement avec le Covid n’était pas le même que d’ordinaire. Ça prouve toute sa détermination », dit d’elle Hamid Hashemi, qui l’entraîne depuis ses 8 ans. En 2024, Mouna s’est ainsi fixé pour but de marcher dans les traces de la Courneuvienne Gwladys Epangue, médaillée de bronze aux jeux de Pékin 2008. « J’ai eu la chance de la rencontrer. Pour moi, c’est un modèle et j’espère faire comme elle », commente Mouna d’une voix presque timide. Mais autant son ton est doux, autant sa volonté est forte : à côté de ses entraînements, la jeune fille trouve encore le temps de caser ses cours en lycée – elle est en première – et ses leçons de clarinette au Conservatoire de Tremblay. On peut lui faire confiance pour ne pas perdre le rythme.
Photos : ©Nicolas Moulard
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