A Stains, la Ferme des Possibles creuse le sillon d’un monde plus durable
Inaugurés officiellement vendredi 19 novembre, la Ferme des Possibles et son bâtiment bioclimatique Résilience ouvrent un peu plus la voie d’une économie sociale et solidaire au service d’une alimentation locale, saine et sans gaspillage. Où poussent aussi les emplois...
Du bois, de la paille, de la terre et du high-tech, c’est le savant mélange qui a donné corps à la Ferme des Possibles, un peu plus d’un hectare dédié à l’agriculture urbaine officiellement inauguré, vendredi 19 novembre à Stains, en même temps que se tenait sur le site un Forum de l’Économie Sociale et Solidaire en Seine-Saint-Denis. Au milieu de la ZAC du Bois Moussay, le cadre est champêtre. Et fleure bon le réemploi : des huisseries en bois récupérées sur un chantier HLM d’Epinay-sur-Seine, de la terre et de la paille pour les enduits et l’isolation constituent en effet les « ingrédients » qui ont permis de construire « Résilience », une longère qui s’étire sur 70 mètres et 1 800 m2 pour abriter une cafétéria, un laboratoire de cuisine, des espaces pour des ateliers pédagogiques et le siège de la coopérative Novaedia.
Laquelle a fait, depuis 2015, le pari d’allier développement durable et insertion de salariés éloignés de l’emploi pour développer une activité de traiteur permettant de livrer des paniers de fruits en entreprise, des petits déjeuners bio ou encore des cocktails à partir des récoltes de légumes et de fruits locaux faites sur ce terrain concédé par la ville de Stains.
Un rêve de « boucle alimentaire locale, biologique et solidaire » affiché en grand sur l’écran plasma du hall d’entrée de Résilience où clignote la consommation en énergie du bâtiment. Qui reste pointée sur zéro en ce froid début du mois de novembre pour ce qui est du chauffage et de l’eau chaude. La solution ? La « thermo-frigo-pompe », alimentant la chambre froide du site, récupère les calories qu’elle génère pour assurer la production du chaud.
Un modèle de développement
Primé par le « Trophées Bâtiments Circulaires », Résilience et la Ferme des Possibles ont toutes les allures « d’un modèle de développement, révélateur de ce que nous pouvons faire au moment où la gestion de la transition écologique doit apporter des réponses sur les questions du bien manger et d’une alimentation durable, expose Stéphane Troussel, le président du Conseil départemental, les pieds bien plantés sur ce qu’était autrefois la Plaine maraîchère des Vertus, grenier alimentaire de Paris. Ce projet que le Département soutient est aussi une manière de réduire les inégalités en traçant une nouvelle frontière à conquérir pour protéger les populations les plus fragiles qui auront le plus à souffrir des conséquences des dérèglements climatiques. »
Une nouvelle frontière qui prend donc la forme d’un sillon à creuser pour un monde et une économie plus durable. « L’enjeu, prolonge Mohamed Gnabaly, le directeur de la Coopérative Novaedia et maire de l’Ile-Saint-Denis, c’est de faire grandir sur cette Ferme une économie alternative capable de travailler avec l’économie de marché. Avec derrière un engagement pour éveiller les citoyens sur les sujets du mieux manger, du respect de l’environnement, en continuant de faire de ce coin de nature en ville, un lieu ouvert aux habitants de Seine-Saint-Denis. »
Encore 300 hectares de terres agricoles...
Mettre la campagne à la ville donc, mais pas simplement pour faire plus vert. Avec des emplois et de l’insertion comme le font, par exemple, les Alchimistes, start’up de l’économie sociale et solidaire qui, depuis 2019, collecte à Stains et à cheval une partie des déchets alimentaires des habitants du quartier du Clos-Saint-Lazare avant de les valoriser sous forme de compost. Créant pour cela de l’emploi local. Présent lors du Forum de l’ESS en Seine-Saint-Denis organisé au sein de la Ferme des Possibles, Arthur Berta, le responsable du projet stanois des Alchimistes voit dans cet évènement une voie qui s’ouvre. Made in 93 : « Simplement parce que notre projet suscite la curiosité de plus en plus de villes mais se nourrit aussi d’un écosystème en plein développement. Sur ce Forum, un promoteur est, par exemple, venu me voir parce que la solution des Alchimistes l’intéresse pour les résidences qu’il va construire. Mis bout à bout, ce que chacun des acteurs de l’ESS fait à son échelle en Seine-Saint-Denis, s’additionne et surtout montre qu’il y a une entraide possible entre ces acteurs. La preuve, nous collectons et compostons les déchets liés à l’inauguration de la Ferme des Possibles. »
Une coopération qui pourrait essaimer encore davantage, estime Frédérique Denis, conseillère départementale déléguée au plan alimentaire territorial : « Avec 300 hectares de terres agricoles disponibles en Seine-Saint-Denis et déjà beaucoup d’initiatives d’agriculture urbaine disséminées un peu partout, le rôle du Département est maintenant de les mettre en réseau pour offrir une alimentation de qualité à tous les habitants et habitantes de Seine-Saint-Denis. »
En conclusion et pour reprendre un vieux proverbe agricole : « Qui soigne son champ sera soigné... »
Crédits photos : Franck Rondot
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