Zahia Ziouani, la maestra qui a du c(h)oeur
Cheffe d’orchestre, créatrice de l’Orchestre symphonique Divertimento à Stains en 1997, cette Pantinoise, qui est un des visages de la campagne "Seine-Saint-Denis 2024", s’arme de sa baguette pour amener la musique classique hors des sillons battus. Portrait.
En 1998, la France s’est émerveillée devant le maestro ZZ, artiste du ballon rond, champion du monde au Stade de France avec les Bleus. C’était il y a 20 ans et dans le même temps, ZZ, la maestra, signait aussi de son double Z son entrée dans un univers artistique et classique aussi testostéroné que le foot.
ZZ au féminin, c’est Zahia Ziouani, cheffe d’orchestre aux mêmes origines kabyles que le héros des Bleus, qui dirige Divertimento, ensemble qu’elle a créé en 1997 à Stains. Depuis, l’orchestre a fait son chemin et essaimé ses notes un peu partout dans le monde avec le même leitmotiv comme clé de toutes ses représentations : « La musique n’appartient pas à un territoire ou à une catégorie sociale spécifique. »
Cette phrase, Zahia Ziouani peut en effet s’autoriser à la prononcer sans forfanterie. Grandie à Pantin dans un milieu modeste, elle doit une partie de son destin musical à ses parents mélomanes. D’un côté, son père Abdelmajid qui travaillait dans la restauration près de la salle Pleyel à Paris et repartait souvent vers Pantin avec des notes dans la tête et des vinyles de Beethoven ou de Mozart sous le bras. De l’autre, la maman Lila qui devant le manque de places au conservatoire municipal pour ses deux filles – la jumelle de Zahia, Fettouma, est aujourd’hui violoncelliste - s’improvise professeure de musique grâce à deux, trois tuyaux soufflés par une amie musicienne.
En avant la musique donc… Le tempo s’accélère et quelques années plus tard après que les portes du Conservatoire municipal de Pantin se soient enfin ouvertes, Zahia Ziouani devient étudiante à la Sorbonne en analyse musicale, orchestration et musicologie. A côté de cela, elle fait ses premières gammes de cheffe dans des conservatoires, auprès d’orchestres d’étudiants musiciens, à Paris et souvent à Stains.
Tout va crescendo lorsqu’à 23 ans, elle réussit le concours de professeure de musique, chargée de direction. Le bémol, c’est que nombre de collectivités hésitent à confier la direction d’un Conservatoire à une jeune femme, si enthousiaste soit-elle. Mais la ville de Stains choisit de lui faire confiance l’année de ses 25 ans. Le destin de cheffe de Zahia est en marche. Pas si évident pourtant lorsqu’on n’a pas de baguette magique ou de fées qui se penchent sur votre berceau : « Quand on vient d’où je viens, écrit la Pantinoise dans son autobiographie (1), on est plutôt orientée d’office vers une carrière de coiffeuse. Vouloir diriger un orchestre, c’était aussi fou qu’ambitionner d’être cosmonaute ou président de la République. »
Fou mais Zahia Ziouani a su faire bouger les fameuses lignes parfois si figées de la société française. Un combat qu’elle continue de porter grâce à son orchestre symphonique Divertimento toujours implanté à Stains, qui amène la musique classique « dans des lieux où elle n’a pas toujours sa place. L’accès à la culture m’a permis de m’enrichir, de m’épanouir et de pouvoir croire à des grandes ambitions, c’est ce que je veux continuer de transmettre. » Une philosophie qui l’a naturellement conduite à accepter d’être l’un des visages de la campagne d’affichage « Seine-Saint-Denis 2024 » lancée par le Département dans un contexte de disparition possible des départements de la petite couronne. « Mon rêve, dit-elle, est que notre engagement auprès de ces territoires soit plus reconnu et valorisé au niveau de l’État. »
En attendant, Zahia Ziouani, promue en 2014 officier de l’ordre des Arts et Lettres par la République Française, continue de faire résonner au fil de ses concerts la Seine-Saint-Denis et ses talents. D’une main ferme et d’une baguette résolue…
(1) Zahia Ziouani, la chef d’orchestre, éditions Anne Carrière, 2010.
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