Petit carton deviendra grande construction
C’est ce samedi que sera érigée la construction monumentale en cartons de l’artiste Olivier Grossetête au parc départemental de la Poudrerie. En attendant, depuis lundi et jusqu’à vendredi, des centaines de mains s’activent pour construire les modules qui la constitueront. Reportage sur ces ateliers, avec les élèves de 5e du collège Camille Claudel de Villepinte.
Concentré·e·s et appliqué·e·s, Leynna et Erik vérifient à plusieurs reprises la position de leur gabarit, tracent points de repère et lignes de coupe, avant de trancher fermement le carton à l’aide d’un couteau. « On a réussi à faire quelque chose de symétrique ! », s’exclame fièrement Leynna, une fois terminé leur premier module.
Avec leur classe de 5e du collège Camille Claudel de Villepinte, les deux pré-ados sont venu·e·s, ce mardi 23 septembre, apporter leur aide au projet participatif de l’artiste Olivier Grossetête et qui aboutira samedi, au parc départemental de la Poudrerie, à l’élévation d’une monumentale construction en carton à la seule force des bras de dizaines de Séquano-dionysien·ne·s.
Les ateliers de construction ont commencé la veille, lundi 21 septembre, avec des adultes et seniors volontaires, des élèves d’école élémentaire et un groupe de jeunes autistes. Chaque jour, jusqu’à vendredi, des cartons plats sont transformés en « briques » de différentes tailles et formes, avant d’être assemblés peu à peu.
« L’idée finale, explique aux élèves Michèle, une des « bâtisseuses » de l’équipe d’Olivier Grossetête, est de construire deux tours autour de la cartoucherie avec une grande arche au-dessus, en partant de simples boîtes. L’ensemble fera 20 mètres de large et 13 mètres de haut. » La taille ne semble pas impressionner les élèves ; en revanche, quand Michèle explique le déroulé du week-end et, surtout, la destruction de la construction le dimanche, des « oh » interloqués résonnent.
« Le concept d’Olivier Grossetête est de faire de l’art éphémère. C’est vrai que c’est assez étonnant de travailler toute la semaine sur une construction pour la détruire, précise-t-elle compréhensive, mais l’image qu’on en garde en tête est beaucoup plus belle que si on la voyait tous les jours et c’est vraiment un moment de fête. »
Apporter son carton à l’édifice
Ce jour-là, les élèves sont divisé·e·s en trois groupes, certains ferment et scotchent les cartons, d’autres les découpent, d’autres encore les assemblent. Les bâtisseuses ont préparé des gabarits pour les guider, montrent les gestes, surveillent leur exécution. « Nous sommes pointilleuses, précise Hélène, une autre bâtisseuse, d’abord par pédagogie et aussi parce que s’il y a trop de malfaçons, même d’1 cm à chaque fois, les éléments ne vont plus s’assembler correctement. Nous essayons aussi de leur faire comprendre que chaque petite pièce est importante. »
Les élèves, eux·elles, semblent y prendre beaucoup de plaisir. Durant les 2h30 que dure l’atelier, tou·te·s restent concentré·e·s sur leur tâche. « C’est amusant et j’aime bien travailler en groupe », se réjouit Avin. « C’est mieux que de faire des maths ! » plaisante Kamélia. « C’est satisfaisant parce que j’aime bien faire des travaux pratiques et c’est bien de participer à une œuvre d’art. Cela va être joli », ajoute pour sa part Leynna, tout en regrettant que les cartons ne soient pas peints. Sally aussi apprécie particulièrement l’aspect artistique du projet. « Ces modules que l’on fait vont évoluer pour devenir un grand truc. Cela fait du bien de savoir que c’est nous qui l’avons fait ! », dit-elle avec un large sourire.
Leur professeure d’arts plastique, Mme Hoisnard, se félicite également de cette initiation « à l’assemblage, à la construction, à l’art éphémère ». « Nous allons pouvoir en reparler et nous en servir dans l’année. Je trouve ça intéressant parce qu’il y avait en plus tout un dispositif » poursuit-elle, en faisant référence aux ateliers organisés en amont par les services départementaux.
Taerice y a participé dans le cadre des vacances apprenantes. « On nous a expliqué ce qu’était le parc de la Poudrerie et on a fait un jeu de piste pour trouver qui avait fait exploser un bâtiment », raconte-t-il. « C’était une manière détournée de les intéresser à l’historie de la Poudrerie, précise Antoine Furio, du service départemental du Patrimoine. Puis je les ai mis dans la peau d’un architecte afin qu’ils fassent des propositions pour reconstruire l’édifice. » Le projet n’est en effet pas seulement artistique et participatif. C’est aussi, pour tou·te·s les participant·e·s, une belle manière de connaître et s’approprier le patrimoine de la Seine-Saint-Denis.
Inscriptions sur https://exploreparis.com/
Photos : Nicolas Moulard
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