Max Lingner, dessinateur de la banlieue des années 30, à l’honneur au musée de l’Histoire vivante
L’œuvre de Max Lingner s’expose au Musée d’histoire vivante de Montreuil jusqu’au 26 juillet. L’occasion de découvrir en dessins ce à quoi ressemblait la banlieue parisienne de l’entre-deux-guerres et la figure de Lingner, artiste allemand méconnu, pacifiste et témoin du mouvement ouvrier.
Samedi 14 mars 2020, le musée de l’Histoire vivante inaugurait la rétrospective sur l’œuvre du dessinateur Max Lingner. Lundi 16, ses portes restaient closes pour cause de pandémie, et ce jusqu’à la mi-mai. Les dates de l’exposition ont donc été prolongées jusqu’à la fin juillet. La vie du musée n’est pas encore revenue à la normale : les visites des scolaires et des seniors ont été annulées, le port du masque est obligatoire, et il vaut mieux réserver, car les salles ne peuvent accueillir que quatre personnes à la fois. Mais l’exposition vaut le déplacement dans cette vieille et belle demeure au cœur du parc Montreau, à Montreuil.

Ayant pour objet l’histoire du mouvement ouvrier, le musée de l’Histoire vivante s’est naturellement imposé lorsque la fondation consacrée au dessinateur s’est mise à la recherche d’un partenaire français pour montrer les œuvres de Lingner. Car le monde ouvrier est son sujet de prédilection. Envoyé au front, le jeune Allemand devient pacifiste et révolutionnaire pendant la première guerre mondiale. Il immigre en France en 1928, et s’emploie à dessiner et peindre le monde ouvrier. Sur le premier mur de la rétrospective s’alignent des croquis de la banlieue, les listes de villes de la petite ceinture qu’il visite et peint, mais aussi les anciens "villages" de Paris : Charonne, Ménilmontant, Montmartre. "Dans un style très simple, en noir et blanc, Lingner rend compte de l’anarchie urbaine qui régnait alors en banlieue, où se côtoyaient usines, pavillons ouvriers, premiers immeubles, et nature", commente Hélène Aury, chargée de médiation qui guide la visite. Une fois planté le paysage, le dessinateur donne à voir ses habitants : le second mur est orné de croquis d’ouvriers riant, palabrant, d’une femme portant du pain, de musiciens de rue.
La faucille et le crayon

Une salle plus loin, on découvre la belle collection de unes du journal "Monde" d’Henri Barbusse dessinées par Lingner, et même quelques articles mêlant textes et dessins composés par ses soins, une des fiertés du musée. Les deux hommes ont en commun la haine de la guerre et l’appartenance au Parti Communiste Français. Le dessin très contrasté de Lingner lui ouvre les portes des journaux L’Humanité ou Regards, pour qui il proposera des dessins, des lettrines, des séries sur les métiers industriels. L’homme réalise également les silhouettes géantes qui bordent les allées des fêtes de l’Humanité, ou des panneaux de manifestations du Front Populaire, qui représentaient à l’époque les grandes figures historiques de la gauche. Ainsi, plonger dans les dessins de Lingner, c’est aussi se plonger dans l’histoire des supports politiques.
Pendant la seconde guerre mondiale, l’artiste est enfermé dans des camps de prisonniers, puis dans le camp de concentration de Gurs pour ses idées politiques. A la chute du nazisme, il choisit de rentrer pour construire l’Allemagne progressiste dont il rêve. Mais ses illusions font long feu : rapidement, la RDA se "stalinise", et son style est jugé "trop français". On lui demandera de refaire à sept reprises une fresque au mémorial du 17 juin 1953, pour mieux s’inscrire dans les standards du réalisme socialiste alors en vogue, raconte l’un des murs de l’exposition. Il se réfugiera dans des dessins moins sensibles, comme une toile sur la guerre de paysans allemands des années 1500, avant de mourir en 1959.
Compléter la collection
Le dessinateur allemand de l’entre-deux guerres tombe alors dans l’oubli avant de connaître un retour en grâce dans les années 1980... pour ensuite retomber dans l’ombre. Pourtant, il a marqué l’histoire du dessin en Allemagne comme en France. La fondation pour sa mémoire a organisé cette exposition, avec le musée montreuillois, pour retrouver et recenser les œuvres disséminées du prolifique dessinateur. Les dessins des villages de Paris trônaient par exemple sur le mur de l’appartement du père d’un des donateurs depuis des lustres. Alors venez voir l’exposition, et peut-être retrouverez-vous aussi, sur les murs du HLM de votre grand-mère, les pièces qui manquent au puzzle de la collection Max Lingner.
Crédits : pour les deux dessins : © Max Lingner Stiftung
pour la une du journal Monde ©Musée de l’Histoire vivante.
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