Les « Femmes Relais » d’Aulnay lancent une épicerie sociale
L’association aulnaysienne « Femmes Relais » a ouvert lundi 20 septembre une épicerie solidaire destinée aux plus démuni·e·s. Près de 150 familles (soit 450 personnes) seront accompagnées tous les mois par la structure qui propose aussi des ateliers personnalisés et une aide pour les démarches administratives. Reportage dans le quartier général des dynamiques « Femmes Relais » également médiatrices interculturelles.
Il est 10 heures et l’épicerie solidaire vient d’ouvrir pour la première fois ses portes au quartier de la Rose des Vents, au coeur de la Cité des 3000 à Aulnay-sous-Bois. Déjà, une dizaine de personnes, cabas à la main, attend devant le local de l’association avant d’être orientée dans le magasin. Les médiateur·rice·s de l’association, heureux·euse·s de voir leur projet concrétisé, les accueillent dans une ambiance familiale en leur présentant la diversité des produits alimentaires, d’hygiène et d’entretien entreposés dans les rayons.
Un coup de pouce alimentaire pour les familles précaires
« Dans cette épicerie, j’ai eu l’impression d’être dans Alice au pays des merveilles ! » s’enthousiasme Christiane*, première cliente de l’épicerie sociale montée par l’équipe de l’association. Avec sa petite retraite et un reste à vivre de 50 euros par mois une fois les charges payées, cette retraitée aulnaysienne est une habituée des distributions alimentaires. L’ouverture de l’épicerie solidaire des Femmes Relais est une vraie bénédiction pour cette femme courageuse qui confie « s’être battue et avoir énormément ramé dans sa vie ».
Les familles bénéficiaires ont accès à une centaine de références : épicerie salée ou sucrée, produits frais ou surgelés (yaourts, fromage, fruits et légumes...), nourriture ou soins pour bébés, produits d’hygiène et de nettoyage... « Leurs prix varient entre 10% et 30% de ceux moyens du marché et nous veillons à toujours indiquer les tarifs réels sur les rayons » précise Minti, médiatrice bénévole et occasionnellement hôtesse de caisse. « C’est plus responsabilisant et les bénéficiaires se sentent moins mal à l’aise que dans les distributions alimentaires... ».
Il ne s’agit évidemment pas de faire concurrence aux supermarchés locaux. L’épicerie sociale s’adresse aux bénéficiaires de minima sociaux, des personnes âgées avec de petites retraites, des parents qui ont perdu leur travail... « Après examen de leur situation financière, les bénéficiaires se voient remettre par le CCAS, souvent en lien avec le service social départemental, une carte de trois mois renouvelable » indique Aïssa Sago, directrice des Femmes Relais d’Aulnay. Son accès, volontairement transitoire, est conditionné à un accompagnement pour les aider à définir un projet d’insertion professionnelle.
Un accompagnement global et personnalisé
Les médiateur·rice·s de Femmes Relais, formé·e·s par des technicien·ne·s de l’Association nationale de développement des épiceries solidaires (ANDES) sont maintenant à l’aise avec les notions d’hygiène, d’approvisionnement, de gestion de projets et d’emploi des logiciels de comptabilité. Ils·elles prévoient également d’organiser des cours de cuisine zéro déchet ou de gestion du budget pour faciliter le quotidien des client·e·s bénéficiaires. ANDES, subventionnée par le Département, a par ailleurs aidé les professionnel·le·s de l’équipe à nouer des partenariats avec des sociétés donatrices.
Les vingt travailleur·euse·s sociaux·ale·s de l’antenne aulnaysienne n’ont pas pour autant abandonné leur activité classique d’entraide et de médiation interculturelle développée depuis 2000. À une quinzaine de mètres de la nouveau magasin à prix cassé, Méral, médiatrice et interprète turcophone, aide une adhérente à remplir des dossiers de la CAF. « Je ne parle pas très bien français et les dames de Femmes Relais m’aident à m’en sortir » souffle Myriam* qui suit les cours d’alphabétisation dispensés par l’association. Son fils qui l’accompagne profite deux fois par semaine d’une aide aux devoirs donnée par un professeur retraité.
Les ateliers de convivialité mis en place par la structure ont impulsé une belle aventure entrepreneuriale entre neufs adhérentes amatrices de cuisine qui ont monté avec l’équipe il y a quelques années le restaurant d’insertion Le monde dans l’assiette. Fatia, Zahida, Ahmed, Djamila, Ayada... auparavant éloignées de l’emploi à cause de la barrière de la langue, assurent maintenant des banquets pour... parfois mille personnes sur un périmètre plus large que la Seine-Saint-Denis.
Épicerie solidaire, médiation interculturelle, cours socio-linguistiques, ateliers de convivialité, insertion professionnelle... les remuant·e·s professionnel·le·s et bénévoles des Femmes Relais (qui incluent quelques hommes...) ont de nombreuses cordes à leurs arcs et la volonté farouche d’aider les familles les plus fragiles.
On peut tirer notre chapeau bas devant une telle énergie.

*Les prénoms des client·e·s bénéficiaires ont été modifiés.
Crédit-photo : Nicolas Moulard
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