Léna Kandissounon, Golden girl
Etudes à Sciences Po Paris et carrière d’athlète de haut niveau, spécialité 400m. Ne demandez pas à Léna Kandissounon de choisir : cette Aulnaysienne bien dans ses baskets vient encore d’élargir ses horizons en passant son année universitaire à l’étranger, dans un campus californien. Portrait.
« Aux Etats-Unis, les sportifs sont extrêmement reconnus. Rien à voir avec la France. (...) D’un autre côté, les relations entre coach et athlète sont nettement plus distantes, quasi militaires ». Voilà le genre de phrases, pleines de malice, qu’on peut lire sur « Kandifornia », le blog de Léna Kandissounon.
A 20 ans, cette fidèle du Dynamic Aulnay Club, spécialiste du 400m, a décidé de s’octroyer une année à l’étranger, sur le campus de Northridge, en Californie. Un choix conditionné par l’attirance qu’exerce cette terre mythique sur tout athlète, lieu d’éclosion de Jackie-Joyner Kersee ou de confirmation de Carl Lewis ? « Même pas. Je voulais juste découvrir une autre culture et tant qu’à faire perfectionner mon anglais », nous explique au téléphone cette lève-tôt en ce jour de Veteran’s Day, jour férié aux Etats-Unis.
L’année américaine de Léna Kandissounon s’intègre dans un cursus déjà bien rempli : cette tête bien faite est entrée il y a deux ans à Sciences Po Paris via un dispositif réservé aux athlètes de haut niveau. « Je n’étais pas spécialement attirée par Staps ou kiné, les voies habituelles pour les athlètes de haut niveau. Sciences Po, c’était pour étoffer ma culture générale et ne pas rester dans un entre-soi d’athlètes », explique-t-elle.
Inégalités criantes

Un double projet qui, même s’il prévoit des aménagements d’horaires, n’est pas fait pour les athlètes au souffle court. Avant sa parenthèse californienne, Léna était soumise à un rythme assez soutenu : cours à Sciences Po le matin, devoirs l’après-midi, entraînements en soirée au stade du Moulin Neuf d’Aulnay… Bref, pas le temps de s’ennuyer. Aujourd’hui, la jeune femme, en passe de boucler sa 2e année à Sciences Po, songe déjà au Masters. Tout en s’interrogeant encore sur le débouché final. « Il y a quelques années, j’étais tentée par le métier de journaliste. J’ai même fait mon stage de 3e à l’Equipe Mag et c’était très chouette. Mais après, le côté précaire de la profession me fait quand même douter... », confie-t-elle.
Ce qui ne l’empêche pas d’avoir une plume aussi légère que ses jambes et un regard assez mûr sur le monde, du haut de ses 20 ans. « Pour l’instant, Los Angeles m’a pas mal choquée. Les inégalités y sont criantes. Il y a un nombre de SDF hallucinant, et à côté des mecs qui circulent en 4x4. Mon père vient du Bénin, « un pays de merde » selon Donald Trump, mais j’ai jamais vu autant de SDF au Bénin... », lâche-t-elle par exemple. Ou encore, sur la Seine-Saint-Denis : « ce département a un mélange de cultures incroyable et je suis très contente d’avoir grandi dans ce mélange. Après, malheureusement, ce n’est jamais ce qui est mis en avant par les médias. »
"Vas-y Marie-Jo !"

La Seine-Saint-Denis justement, Léna la connaît depuis tout bébé. Née à Brest, la Franco-Béninoise est vite arrivée en banlieue nord-est dans les bagages de ses parents. « Aulnay, c’était parfait pour mon père qui bosse à l’aéroport de Roissy et ma mère qui bosse à Paris. » A 11 ans, c’est le coup de coeur : la jeune femme s’inscrit au Dynamic Aulnay Club (DAC), auquel elle est toujours fidèle. « Je ne m’explique pas trop cette passion pour l’athlé. Chez nous, personne n’en avait jamais fait. Peut-être est-ce parce que petite, je courais tout le temps, dans tous les sens. Et mon père me disait alors pour blaguer : Allez Marie-Jo, vas-y Marie-Jo ! »
En 2009, année de sa première licence au DAC, voilà pourtant un moment que Marie-Jo Pérec, triple championne olympique à Barcelone et Atlanta, ne déploie plus ses jambes de gazelle sur le tour de piste. Mais la jeune Léna se construira tout de même un peu sur cet exemple. « Je ne suis pas très « idoles », mais j’ai une grande admiration pour Pérec et Allyson Felix. Ce sont d’immenses championnes », commente la pistarde qui décrit sa discipline, le 400m, comme un « truc horrible et génial à la fois ».
Cette année, l’"horrible" aura pris le pas sur le génial, Léna plafonnant un peu sur sa distance de prédilection. Mais la battante se sera bien consolée avec un inattendu titre de championne de France espoirs sur 800m. Avec Florent Estienne, son coach et complice du Dynamic Aulnay, la jeune athlète travaille même à distance pour accéder à l’un de ses rêves : une participation olympique. Peut-être Tokyo 2020 en relais 4x400m, mais plus probablement Paris 2024, à 26 ans, « l’âge olympique en athlé ».
« C’est sûr que les Jeux 2024, on en parle entre copains du Dynamic Aulnay, confie la jeune femme. On se dit que ce serait génial et en même temps trop bizarre : on pourrait presque y aller en RER B… Ma grand-mère Huguette aussi m’en parle. C’est ma supportrice N°1, elle vient spécialement de Brest me voir sur les compets dès qu’elle le peut, mais elle est très stressée. »
Alors, dans son année californienne, Léna s’est remise au turbin. 12 heures d’entraînement par semaine, entre un cours de sciences politiques et une initiation à la géologie. 12 heures à bouffer du tartan, sous un ciel toujours bleu. On a vérifié : la jeune femme a un record à 54’’22, les qualifs pour les Jeux de Rio étaient à 51’’. Jouable en l’espace de 6 ans. Voir une fille de Seine-Saint-Denis comme Léna au départ d’une finale olympique au Stade de France aurait tellement de classe et de sens. Il faudra juste rappeler à mamie Huguette de prendre ses calmants.
Pour lire son blog :
https://kandifornia.wordpress.com/
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