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Le vélo, maillon jaune du déconfinement en Seine-Saint-Denis

D’ici à cet été, près de 100 kilomètres de pistes cyclables temporaires vont être aménagées sur une dizaine d’itinéraires départementaux. L’objectif : fournir une alternative sécurisée aux transports en commun et aux embouteillages pendant la période de déconfinement. Un chantier en accéléré dans la lignée d’une politique vélo sur le grand braquet.

En Seine-Saint-Denis, un des horizons du déconfinement va prendre l’apparence d’une ligne jaune ces prochaines semaines. Un long « serpent » de peinture qui sillonnera tout le territoire pour tracer d’ici à cet été 90 kilomètres d’itinéraires cyclables provisoires, soit deux fois 45 kilomètres répartis sur deux sens de circulation. Une arithmétique qui permettra de dessiner une alternative à l’utilisation des transports en commun, terrain propice à la propagation du coronavirus. « La question des transports collectifs, compte tenu de leur saturation, est une inquiétude légitime, résumait, lundi 4 mai, Stéphane Troussel, le président du Conseil départemental, sur les ondes de la chaîne Public Sénat. Il faudra faire en sorte que nos concitoyens limitent l’usage des transports en commun. C’est pour cette raison que nous avons engagé un programme d’aménagement temporaire de pistes cyclables (...) pour encourager la pratique du vélo. »

Un « jeu » de 6 000 bornes

Et, le feu vert du lancement de cette ligne jaune a été donné, mardi 5 mai, Porte de la Villette pour rejoindre aux alentours du 15 mai la ville du Bourget, via l’ex-RN2. Même top départ du côté de la Porte de Pantin pour rallier le pont de la Folie à Bobigny, le long de l’ex-RN3. Sur quasiment chacun des dix axes à aménager -voir notre carte ci-dessous- en un temps record et avec une enveloppe d’un million d’euros, le principe est le même : la voie de circulation de droite est mobilisée sur d’actuels itinéraires 2 X 2 voies pour créer une piste bidirectionnelle séparée des voitures par des bornes souples implantées tous les dix mètres.
Au total, ce sont ainsi 6 000 bornes qui ont été commandées par le Département pour dessiner des axes vélo sur environ 35 kilomètres de voirie -70 km de pistes dans les deux sens- au cours de la première phase de travaux qui doit être achevée d’ici à la mi-juin. Restera ensuite à matérialiser des pistes sur une dizaine de kilomètres de voies plus étroites, comme par exemple pour la traversée de Rosny. Simple sur le papier, mais un peu plus ardu dans la réalité : « Dans des délais très courts, il y a eu une grosse mobilisation des services départementaux de la voirie pour s’assurer des autorisations de travaux de la part des maires des villes traversées, tout en vérifiant auprès des concessionnaires que l’installation des bornes de délimitation ne toucheraient pas aux réseaux de distribution (gaz, électricité...) enterrés », détaille Alexandre Frémiot, directeur général adjoint du Pôle aménagement et développement durables du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis. Et puis, on a aussi fait en sorte de coordonner nos propositions avec ce que proposent les départements voisins de la Seine-Saint-Denis, de manière à assurer des continuités d’itinéraires à une plus grande échelle. »

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Les cyclistes, courroies de transmission

Un travail largement facilité par l’expertise acquise par les différents services départementaux qui s’activent depuis 2016 à faire en sorte que 100 % du réseau routier départemental (345 kilomètres) soit accessible en toute sécurité aux cyclistes aguerri·e·s ou non à l’horizon des JOP 2024, traquant donc les points noirs de la circulation en se mettant, eux·elles-mêmes, en selle, pour impulser créations de voies en site propre ou mise en place d’une signalisation plus claire. Une stratégie soutenue par un investissement de plus 150 millions d’euros qui a déjà permis la réalisation de 151 kilomètres de voies adaptées à la circulation à bicyclette. « C’est vrai qu’on ne partait pas d’une feuille blanche, poursuit Alexandre Frémiot. Et puis, on a aussi bénéficié comme pour les précédents plans vélos de l’expertise des associations d’usagers. » Coordonnées par le Collectif Vélo Ile-de-France, les différentes associations cyclistes actives en Seine-Saint-Denis ont, en effet, joué les « courroies de transmission des desideratas et des retours d’expériences des usagers du vélo en ville sur ce plan d’aménagements provisoires, explique Vincent Degove, membre de ce collectif et représentant de l’antenne Pantin-Le Pré-Saint-Gervais de l’association Paris en Selle -lire son témoignage ci-dessous. C’est ce qui nous a permis de co-construire ce réseau provisoire avec la Seine-Saint-Denis en se fixant également comme principe directif de tracer des itinéraires avec des points de passage proches de tous les hôpitaux de Seine-Saint-Denis. Un bon moyen pour les soignant÷e·s de circuler sans risques. Ils en prennent déjà assez... »

"UN TEST GRANDEUR NATURE DU FUTUR RESEAU VELO DU 93"

Point d’appui de l’aménagement du réseau provisoire de pistes cyclables, le Collectif Vélo Île-de-France a fait remonter au Département les observations des usager·ère·s de la petite reine. Explications avec Vincent Degove, membre du collectif et cycliste pantinois.

« Grâce à la connaissance du terrain des associations d’usagers du 93 membres du Collectif Vélo Ile-de-France, nous avons pu réaliser un audit en urgence de la voirie locale, de façon à proposer aux équipes du Département une cartographie des aménagements qu’on pouvait mettre en place dans les délais les plus brefs. Pour cela, on s’est aussi très largement appuyé sur notre carte d’un RER Vélo dévoilée début 2020 : elle propose 650 km de pistes cyclables protégées répartis sur neuf itinéraires à l’échelle du Grand Paris. Au bout du compte, ce qui a été dessiné, même si c’est une solution d’urgence, permettra aux cyclistes de circuler en sécurité grâce à la mise en place des bornes souples qui délimitent les pistes de la circulation automobile. Ce sera même un test grandeur nature du réseau départemental structurant qui doit être mis en place par la Seine-Saint-Denis dans les prochains mois. Logiquement, la fréquentation des pistes provisoires va donner de bonnes indications sur les améliorations qui pourront être apportées aux futurs aménagements à venir. En attendant, même si l’idéal est dans les aménagements en dur pour séparer les pistes, on aura donc déjà un bon gage de tranquillité de circulation afin que ceux qui n’ont pas forcément l’expérience du vélo en ville puissent se lancer. Et, pour ceux qui ont encore des doutes ou des craintes à utiliser un vélo, je les encourage à se mettre en contact avec les associations locales de cyclistes de Seine-Saint-Denis. Ces associations, répertoriées sur le site de Vélo Ile-de-France, sauront vous fournir les conseils les plus utiles et vous aiguiller sur les bons itinéraires à prendre une fois remis en selle. »

Frédéric Haxo
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