Le pouvoir des fleurs made in Seine-Saint-Denis
Samedi 19 septembre, une ferme horticole d’un nouveau genre a été inaugurée sur le site des Murs à pêches de Montreuil. « Les Murs à fleurs », projet lauréat du dispositif des Parisculteurs, a pour objectif d’allier vente de bouquets et graines en circuit court.
« L’agriculture intensive et les transports ont entraîné des dérèglements des cycles de la nature. On ne peut plus agir sur les causes mais on peut quand même proposer des solutions pour réparer la terre ». Sophie Jankowski, porteuse du projet et ambassadrice du In Seine-Saint-Denis est une passionnée à l’origine en 2016 de la création d’un potager sur le toit d’un bureau de poste Porte de la Chapelle. Cette Montreuilloise de naissance décide quelques années plus tard de changer de vie et de se lancer dans la production en « zéro phyto » de fleurs coupées ou séchées.
Un projet écolo soutenu par de nombreux acteurs
La Ville de Paris et ses partenaires agissent de concert pour développer les initiatives d’agriculture urbaine par le biais des appels à projet Parisculteurs. Sophie, lauréate de la saison 1 pour sa mini-ferme en hauteur a « récidivé » en 2019 et a vu sa proposition de ferme florale également retenue pour la saison 3. « J’avais bien ficelé mon dossier avec un business plan, un plan de financement et une projection sur trois ans... » précise l’entrepreneuse.
Le Département de la Seine-Saint-Denis et la mairie de Montreuil, sensibles à l’intérêt écologique et patrimonial du projet, ont alors mis à sa disposition une parcelle de 7500 m2 à proximité des fameux Murs à pêches classés au titre des Sites et paysages, où poussaient dès le 17ème siècle des pêchers en espaliers. « Nous avons missionné des agents et nos prestataires pour déblayer le terrain, installer des clôtures et une borne à eau » indique Hélène Pasquier, directrice de la Délégation départementale à la Transition écologique.
La mairie de Paris, représentée par l’adjointe chargée de l’agriculture Audrey Pulvar et la Ville de Montreuil se réjouissent également de la dépollution que la production florale permet de réaliser, les plantes absorbant naturellement le CO2 et pour certaines les rejets industriels du 19ème siècle.
Un jardin extraordinaire et un espace de convivialité
La crise de la covid survenue « à un moment critique » lors des premières récoltes n’a pas entamé la détermination de Sophie et de sa salariée Céline Doyen. Après le confinement, elles ont pu bénéficier du soutien précieux d’ami·e·s et de riverain·e·s solidaires venu·e·s aider et profiter d’un havre de paix proche de Paris.
« Avec d’autres bénévoles, nous avons enlevé de gros cailloux et nourri le sol avec du vivant : du compost, des vers de terre, de l’azote... On a pris soin de la terre comme si elle était notre maman ! » confie Laëtitia, institutrice et fidèle de la première heure des Murs à fleurs.
Et le résultat est à la fois spectaculaire et enchanteur. Des fleurs éclatantes annuelles ou vivaces comme des dalhias, tournesols, monardes, zinnias ou cosmos cupcakes sont cultivées en lasagne sur un tiers de la parcelle. Une fois cueillies, celles-ci sont vendues en ligne ou acheminées dans un kiosque situé Place de la République à Paris.
La petite équipe se réjouit de l’intérêt croissant pour les produits locaux « non trafiqués », qui respectent la saisonnalité et limitent les émissions de gaz à effets de serre. Leur engagement est d’autant plus méritoire que la majorité des fleurs vendues en France sont très largement traitées aux pesticides et ont fait des centaines de kilomètres du Kenya ou d’Israël avant de transiter par des serres chauffées en Hollande.
« Les gens vont revenir à une production plus respectueuse de l’environnement quand ils comprendront que les produits phytosanitaires dégradent la terre en l’empêchant d’être alimentée par la faune et la flore sauvage » prévoit la cheffe d’entreprise, plutôt confiante dans l’attrait des consommateur·rice·s pour les circuits courts. Le Département, également sensible à la régénération des sols, a mis trois hectares d’une ancienne friche de l’Île-Saint-Denis à la disposition de l’association Halage qui a monté dans le cadre du projet Lil’O une ferme horticole ouverte à tous prouvant que la transition écologique peut se faire sur tous les terrains.
Crédit-photo : Nicolas Moulard
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