La tour de Babel de Clément Janinet
Le 25 mars, dans le cadre du festival de jazz Banlieues Bleues, Clément Janinet et sa formation les Space Galvachers, accompagnés du chanteur Ze Jam Afane et des voix d’habitant·e·s de Clichy-sous-Bois, présenteront Babel : une performance où mots et musique donneront naissance à une « fresque du futur ». Le violoniste virtuose, né en Seine-Saint-Denis, nous en raconte le processus de création.
Vous menez actuellement un projet avec des habitants de Clichy-sous-Bois. De quoi s’agit-il ?
Depuis le mois de décembre, nous menons avec Ze Jam Afane des ateliers d’écriture avec une classe de Segpa du collège Louise-Michel, une autre de CM2 de l’école élémentaire Claude-Dilain, des femmes de l’Asti [Association de Solidarité avec les Travailleur·euse·s Immigré·e·s], etc., leur demandant comment ils se voient dans le futur et comment ils voient leurs relations. Cela prend des formes très disparates. Certains groupes sont très concrets. D’autres imaginent des futurs assez fantastiques. Nous dérivons pas mal sur le terrain du rêve. En parallèle, des lycéens d’Alfred-Nobel option beaux-arts travaillent sur une scénographie pour la restitution qui aura lieu le 25 mars aux Ateliers Médicis.
Quelle forme va prendre cette restitution ?
Cela va prendre la forme d’une performance. Les écrits vont être lus, soit par Ze Jam Afane, soit par les personnes qui les ont écrits, en live ou en vidéos. Ces textes se répondront et seront accompagnés par la musique, que nous improviserons en grande partie. Les femmes de l’Asti vont aussi parler et chanter des chansons de chez elles. Le tout se fera sur trois scènes, au milieu même du public.
Entre une classe de primaire, des collégiens, l’Asti, etc., ce sont des publics très différents...
Oui et je trouve ça génial ! Une association de dames à la retraite et qui aiment écrire a également entendu parler de notre projet et a voulu y participer. C’est très intéressant et très fort humainement car ce sont des rencontres et des échanges avec des gens que l’on ne côtoie pas forcément dans la vie quotidienne.
Ce sont des personnes dans des situations humaines et sociales qui ne sont pas faciles et à qui on demande des choses dures. Ce n’est pas évident de les faire parler, se livrer, monter sur scène mais on se voit souvent, on apprend peu à peu à se connaître. On a commencé par leur raconter des histoires, jouer de la musique. Ils n’’avaient jamais entendu la mienne avant mais, comme elle s’inspire des musiques urbaines africaines, cela offre des portes d’entrées.
Vous aviez déjà mené un projet similaire pour le festival l’an dernier...
Oui, nous avons mené des ateliers avec des classes de seconde et de première. J’avais déjà fait des interventions dans les écoles, en prison, mais jamais avec cette régularité, cette finalité, ce niveau d’exigence. Cela m’a beaucoup plu. Au départ, beaucoup de ces lycéens ne voulaient pas trop participer et, à la fin, cela a abouti à des textes incroyables qui ont retourné la salle ! C’était vraiment génial.
Cette année, le projet est mené dans le cadre d’une résidence à La Dynamo avec le soutien du Conseil départemental. Ces dispositifs sont importants ?
Ils sont essentiels car ils permettent de mener des projets de création. Au cours de cette résidence, j’ai pu en présenter trois. C’est une opportunité assez rare. Cela permet aussi d’avoir accès à des infrastructures, de la communication, etc. C’est une des grandes forces de Banlieues Bleues. Ils font des actions culturelles incroyables et formidables !
C’est aussi un des meilleurs festivals d’Île-de-France qui, ce qui est rare, montre différentes facettes du jazz. Il est logique qu’il soit en Seine-Saint-Denis. Le jazz a tendance à s’enfermer dans des lieux bourgeois alors que les racines du jazz ne sont pas vraiment dans ces milieux-là.
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