"La reproduction des fougères", le théâtre sans tabous
Mardi 10 novembre, la compagnie de théâtre Les filles de Simone a joué au collège Joliot-Curie de Pantin « La reproduction des fougères », une pièce drôle et sensible traitant de sexualité et de puberté, des thèmes qui restent parfois tabous chez les collégiens. Reportage.
Après leurs deux premiers spectacles « C’est un peu compliqué l’origine du monde » et « Les secrets d’un gainage efficace », la compagnie de théâtre Les filles de Simone a débarqué mardi 10 novembre au collège Joliot-Curie de Pantin avec « La reproduction des fougères ». Un spectacle en partenariat avec le théâtre du Fil de l’eau et la Ville de Pantin.
Un spectacle drôle, sensible, intelligent qui s’adresse aux 13-15 ans pour parler de la puberté, des changements du corps et des complexes qui vont parfois avec. « C’est un spectacle qu’on a créé dans des collèges avec des classes de quatrième pour être au plus juste des thématiques abordées », expliquent Lucas, Thiphaine et Claire en préambule. Ce projet s’inscrit dans le cadre des actions du Département visant à l’amélioration du climat scolaire, et plus particulièrement d’éducation à la vie affective et sexuelle.
Pilosité, acné, croissance, premiers émois amoureux, sexualité, cours d’anatomie, hymen, consentement, tout est abordé sans tabou jusqu’aux peines encourues en cas d’agressions sexuelles (75 000 euros d’amende et 5 ans de prison), ou de propos homophobes (22 000 euros d’amende et 6 mois de prison).
Sur scène, un comédien et une comédienne racontent tour à tour ce qui leur arrive. « J’ai pris dix centimètres, j’ai un sein qui commence à pousser », dit celle-ci en glissant un ballon de baudruche sous son tee-shirt, « puis l’autre…. ils poussent en décalé ». Les élèves s’esclaffent de rire. Le comédien commence à se coller des post-it jaunes un peu partout en expliquant « j’ai des poils, ici, ici, ici, ici, ici… ». Lorsqu’il en colle un sur l’entrejambe de son pantalon, les collégien·ne·s rient encore.
La comédienne sort une écharpe rouge. Le comédien un lacet blanc. Silence. « J’ai mes règles », dit la fille. « Je produis du sperme », annonce le garçon qui ajoute « ça y est on a tout ce qu’il faut pour nous reproduire. On est prêts. » Nouveau silence qui résonne comme une prise de conscience. « On a le temps. On va laisser venir les choses tranquillement. », ajoutent-ils en chœur.
Dans « La reproduction des fougères », les moments humoristiques alternent avec des monologues pleins de sincérité. La comédienne raconte que lorsque ses règles ont débuté, elle était indisposée 15 jours tous les 15 jours et que son prof de sport ne la croyait pas. « Il me prenait pour une menteuse qui ne voulait pas aller à la piscine. C’était la double peine. »
Quand le comédien raconte sa première fois, avec tendresse et pudeur, il n’élude ni la question de la taille du pénis, ni celle de la performance : « J’étais pas pressé de le faire mais j’y pensais tout le temps. Mais je n’étais pas spécialement à l’aise avec le fait de me montrer nu. Avec ma copine, on était en couple depuis deux-trois mois, on abordait la phase des caresses, on se frottait. (silence). Tout le monde disait qu’il fallait que ça dure suffisamment longtemps. A cause de cette question de performance, j’ai repoussé au maximum le moment. (silence). Et puis un jour, on l’a fait. Ça n’a pas duré très longtemps. Mais c’était un bon moment… parce qu’on s’aimait. »
Pour Orlia qui vient d’assister à la représentation suivie d’un débat mixte puis non mixte : « C’est très très rare qu’on en parle au collège. Je crois que c’est la première fois dans ma scolarité. C’est un sujet tabou. Dans la classe, certains ne sont pas matures. Même le mot « sexe », pour eux est gênant, dégoutant. » Chloé estime que c’est une gêne inutile : « Moi je viens d’une famille très fermée d’esprit où on n’a pas à en parler et je trouve ça vraiment dommage. Ce sont des choses normales, qui arrivent ou qui vont arriver sûrement. Le fait de ne pas en parler, de nous laisser découvrir tout seul nous induit généralement en erreur. Ce serait préférable que les gens commencent à en parler petit à petit au lieu d’étouffer ce sujet. » Pour Orlia, ce projet contribue à « nous ouvrir l’esprit, à ne pas nous faire stresser, à ne pas en faire une banalité. Ça nous dégage l’esprit. On a moins de honte. »
Encensés par les Inrockuptibles qui ont décrit leur précédent spectacle comme le succès du OFF d’Avignon, décoré de deux T noirs (TT) par Télérama et validé scientifiquement par le Quotidien du Médecin, la compagnie Les filles de Simone, qui fait de l’égalité femmes-hommes sa colonne vertébrale, a une fois de plus réussi son coup !
Photos : ©Cie Les filles de Simone
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