Clichy-sous-Bois Théâtre

La Fontaine aux images à Clichy ou une grande famille recomposée !

Gwen qui a habité Le Raincy, Livry-Gargan, Clichy-sous-Bois et Montfermeil est technicienne en radiologie à l’hôpital de Montfermeil. Elle est aussi bénévole à La Fontaine aux images, un lieu qu’elle vit à la fois comme un havre de paix et une grande famille recomposée. Rencontre.

Comment avez-vous connu la Fontaine aux Images ?

Quand on arrive de Province en Région parisienne, on se sent un peu isolée. Moi, je suis arrivée de Rennes, vers 21 ans, pour entrer dans la vie active. J’ai intégré un cours de théâtre à la Fontaine aux images, qui à l’époque proposait des petits spectacles, donnait des cours mais n’avait pas de lieu. Cela me faisait du lien social avec les gens du coin.

A cette époque le chapiteau n’existait pas ?

Le directeur de la compagnie de l’époque a eu une rencontre assez magique avec le maire de Clichy-sous-Bois, Monsieur Dilain, décédé depuis. L’association s’est retrouvée avec un terrain attribué par la mairie et une subvention pour pouvoir acquérir un chapiteau.
J’ai vécu la création de ce lieu en direct. J’étais là quand on a monté le chapiteau, quand on est allé chercher des gradins. Pour les premiers spectacles, on n’avait pas d’eau courante et on allait chauffer de l’eau dans des bassines pour cuisiner pour les artistes.

Vous êtes devenue bénévole dans cette association…

A l’époque, peu de personnes travaillaient à temps plein à la Fontaine, les bénévoles étaient davantage sollicités. Aujourd’hui ces deux associations que sont la Fontaine aux images et 360° SUD ont généré une dizaine d’emploi, parmi eux des services civiques. Cela a permis à plein de jeunes de mettre le pied à l’étrier. C’est un lieu où on travaille beaucoup, mais dans une certaine bonne humeur. Un très bel endroit où ont eu lieu des chantiers participatifs : pour mettre du parquet, arborer l’espace, entourer l’espace, maintenant le lieu est clos. Il y a une permanence 24H sur ce lieu avec des jeunes qui sont de garde les WE. Ça génère beaucoup de bonne volonté, d’emploi.

Comment fonctionne le lieu ?

Ils ont besoin de gens parfois. Et nous on vient quand on a envie d’y être et qu’on a du temps à donner. On participe par exemple à l’épluchage de légumes pour les disco-soupes. Les gens qui étaient là, il y a dix ans, ont encore leur place s’ils reviennent. C’est assez ouvert. On est là, on n’est pas là, il y a d’autres gens qui sont là, qui repartent. Ça fluctue. Je pense à une jeune fille qui vit au Mexique. Quand elle revient, elle passe une semaine au chapiteau. Elle participe à tout ce qu’il y a. Je pense aussi à une dame un peu âgée qui fait partie d’autres associations à Clichy-sous-Bois. Elle est quasiment toujours là, avec son gâteau, « le gâteau de Monique ». On a un esprit très familial, très agréable.

Comment décririez-vous ce lieu ?

C’est un endroit pas très pratique d’accès, comme le 93 en général et Clichy-sous-Bois en particulier, même si certains transports en commun ont été mis en place. Les gens qui sont autour, connaissent le lieu et viennent. Pour ceux qui viennent d’un peu plus loin, quand il y a un spectacle proposé par les deux associations ou par la ville, ce n’est pas une démarche facile que de quitter sa maison, traverser un parc dans le noir et arriver dans un endroit avec de la boue l’hiver. Il n’y a plus de bus à partir de 22H30-23h.

La Fontaine aux images a-t-elle gardé l’esprit du cirque ?

On retrouve avant, pendant et après le spectacle l’esprit du cirque. Quand il y a un spectacle tout le monde met la main à la pâte pour balayer le plateau. Il y a une osmose entre les gens qui travaillent et les gens qui viennent. On se sent comme à la maison quand on va là-bas. Pour moi qui y vais depuis 30 ans mais pour les gens nouveaux aussi. On est facilement à l’aise dans ce lieu. Les spectacles sont souvent de bonne qualité avec un investissement de l’équipe très important. Parfois, il n’y a pas beaucoup de public et c’est un peu frustrant de voir autant d’investissement de la part des artistes qui font le spectacle et des équipes qui font que ce spectacle existe.

Comment expliquez-vous cela ?

On attribue cela à la localisation… mais en même temps, c’est cette localisation qui fait que ce lieu est remarquable. Il faut faire l’effort d’aller dans cet endroit qui est assez remarquable, à mon goût. C’est vraiment quelque chose d’insolite. Il y a toutes sortes de gens. Cela amène à partager les cultures des uns et des autres. Le fait que ce soit dans un espace clos, c’est plus serein pour apprendre l’autre. Il y a eu plein de gens qui ont commencé leur petite carrière de travail ici, dans cet espace puis qui ont volé vers d’autres cieux. On connaît des gens du milieu du cinéma. C’est comme ça que pendant quelques années, on a eu la carlingue de l’avion du film d’OSS 117. La Fontaine aux images est une grande famille recomposée.

Comment avez-vous vu ce lieu évoluer ?

Chaque année, il y a des projets nouveaux, des installations nouvelles, qui enrichissent le lieu. On a créé un poulailler, des toilettes sèches, un four, une petite mare, un studio d’enregistrement, des réparations de vélo, des après-midis pour les enfants qui s’appellent les goûters à la menthe. Ce sont tout plein de petites choses qui sont des petites bouffées d’oxygènes et qui font de ce lieu un havre de paix.

Quel souvenir marquant est lié à ce lieu ?

En 2005, c’étaient les débuts du chapiteau. Le transformateur où sont morts Zied et Bouna se trouve à 100 mètres. C’était un moment assez particulier qu’on a ressenti assez sereinement, même si les endroits où ça a éclaté étaient de l’autre côté du chapiteau et qu’on était au cœur de cette envolée. Plein de jeunes travaillaient ou étaient venus dans ce chapiteau. On était comme un lieu de repli. On était protégé. On ne s’est jamais senti menacé à ce moment-là, même si on était tout proche des poubelles qui brulaient, des voitures, de tout ça.

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Crédit photo : Nicolas Moulard

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