La Cité des Marmots enchante Stains
Depuis 2008, la Cité des Marmots, une initiative de l’association Villes des Musiques du Monde, fait découvrir en langue originale un répertoire de chants traditionnels à des élèves de primaire dans tout le département. Reportage à l’école primaire Victor-Renelle de Stains, qui fait partie de cette belle aventure musicale.
Meriem est enthousiaste. Depuis qu’elle a appris « Üsküdar », elle veut se mettre au turc et à la guitare. « Parce que c’est une belle chanson. », dit cette élève de CM1. « Üsküdar », c’est une chanson d’amour mythique, qui a fait le tour de la Méditerranée, ce qui explique son premier couplet en turc, son deuxième en arabe et son troisième en ladino (la langue des Juifs séfarades) mâtiné d’italien et de français.
Cette chanson, les élèves de CM1 et de CE2 de l’école primaire Victor-Renelle l’ont apprise grâce à « La Cité des Marmots », un projet éducatif mis en place par l’association Villes des Musiques du Monde, basée à Aubervilliers. Tous les ans, depuis 2008, cette structure propose à des écoles de 8 villes du département de s’intéresser à des chants populaires du monde entier pour en tirer un spectacle de qualité professionnelle.
Cette année, en harmonie avec la thématique retenue pour le festival des Villes des Musiques du Monde, leur spectacle, qui se déroulera les 9, 10 et 11 novembre à l’Embarcadère d’Aubervilliers, portera sur les chants de la Méditerranée.
Ce vendredi, les 46 élèves impliqués dans le projet répètent donc avec quelques-uns des membres de la Compagnie marseillaise Rassegna, qui les accompagne depuis février. La répétition est un peu plus solennelle que d’habitude, car les parents ont été conviés. Avec, selon l’habitude instaurée à La Cité des Marmots, celle d’apporter un « mezze musical », autrement dit un plat qu’ils font souvent à la maison.
Devant leurs parents, les élèves entament donc « Tais-toi Marseille », « Ya Rayah » ou encore « O Sarracino », une vieille chanson napolitaine au rythme particulièrement entraînant.
« C’est ma chanson préférée, du coup ça m’a donné envie d’apprendre l’italien », témoigne Adam, en CM1. Sa maman Riahb, qui a apporté une délicieuse fricassée tunisienne en guise de « mezze », sourit : « Ce projet, il m’en parle pas mal à la maison. Sur les chansons en arabe, comme Ya Rayah, il me demande parfois ce que signifie tel ou tel mot. C’est bien, c’est une manière de valoriser aussi sa double culture. »
Algérie, Italie, Turquie, ou encore Espagne et Grèce avec des chansons apprises par d’autres écoles : le voyage à travers les portées musicales et les sonorités des langues est infini. « Ils font aussi connaissance avec des instruments de musique inconnus », soulignent Sylvie Paz et Bruno Allary, membres du groupe marseillais Rassegna. Et Bruno Allary de sortir de sa housse un saz, instrument turc lui servant à jouer la mélodie d’"Üsküdar".
« La Cité des Marmots, c’est deux choses, poursuit ce musicien passionné, chantre des identités multiples d’une France cosmopolite. Bien sûr il y a le côté pédagogique, qui consiste à transmettre à partir des chansons des savoirs sur la Méditerranée, la musique, des langues différentes. Mais il y a aussi au bout la production d’un spectacle professionnel qui est un moment qui va les accompagner toute leur vie. Et pour la confiance, c’est un boost incroyable ! ».
Un avis que partage Cindy Parmentier, institutrice de CE2 qui en est à sa 5e année de collaboration avec Villes des Musique du Monde. « En apprenant différents chants, les élèves s’ouvrent en fait à plein de cultures différentes. Et puis, certains se révèlent : dans un apprentissage moins conventionnel, plus ludique, ils prennent confiance, montrent tout à coup leur facilité à apprendre les langues ou leurs aptitudes musicales. », estime la jeune institutrice.
photos @Franck Rondot
Après le délice des ouïes, place à celui des papilles. Les "mezze musicaux", mêlant bricks, pastillas ou makrouds, nous font eux aussi voyager. « Ce couscous, c’est ma mère qui l’a fait », glisse l’espiègle Maïssa en désignant sa maman Nezha. La fierté est partagée : on la lit à la fois dans les yeux des enfants, plus encore dans celle des parents. « D’ici à novembre, le trac va commencer à monter. Mais vous êtes prêts », leur certifient Sylvie Paz et Bruno Allary. Pour ce concert sur les musiques des villes portuaires, on leur souhaite en tout cas bon vent.
Christophe Lehousse
Il s’agit là d’un premier rendez-vous sur le chemin qui mènera les 400 enfants au grand concert des 9, 10 et 11 novembre à l’Embarcadère d’Aubervilliers. A noter que cette prestation s’intégrera dans la programmation du festival Villes des Musiques du Monde qui fêtera cette année ses 20 ans.
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