Hommage à Jack Ralite
Ancien maire d’Aubervilliers et ministre communiste sous François Mitterrand, Jack Ralite est mort dimanche 12 novembre à 89 ans. Élu.e.s et habitant.e.s rendent un HOMMAGE ému à ce politique passionné, qui avait fait de la culture pour tous l’un de ses chevaux de bataille.
« Je me souviens qu’à chaque fois qu’il évoquait les grands artistes de théâtre qu’il avait pu côtoyer, Vitez et Vilar notamment, il pleurait. Pour nous, c’était bouleversant de le voir touché à ce point. » C’est le premier souvenir qui arrive à l’esprit de Marie-José Malis, le directrice du théâtre de La Commune, quand on lui demande de raconter « son » Jack Ralite. Ce matin, c’est Aubervilliers et plus généralement toute la Seine-Saint-Denis qui avaient les larmes aux yeux en évoquant la mémoire de l’ancien maire de la commune, décédé à 89 ans.
Né le 14 mai 1928 à Châlons-sur-Marne, ce fervent défenseur de l’éducation populaire, a vite su conquérir le coeur des habitants d’Aubervilliers. En se battant pour un accès à la culture pour tous, en luttant contre les inégalités sociales, en défendant sans relâche les intérêts de la banlieue. Avant même d’être maire de la ville entre 1984 et 2003, il aura ainsi déployé une formidable énergie pour que le plus grand nombre ait accès aux théâtres, aux cinémas, aux bibliothèques.
« Le théâtre de la Commune (qu’il a fondé en 1965, ndlr), c’est lui. Il avait une idée toute simple, c’est que la banlieue méritait des équipements publics de qualité, comme tous les territoires. Et donc aussi un centre dramatique national. Et ce qui était beau, c’est que toute sa vie, il aura été le soutien de ce théâtre, pendant son temps en tant que maire, mais aussi après », se souvient encore Marie-José Malis. A cette institution culturelle, Jack Ralite adjoindra même une autre structure, plus expérimentale : les Laboratoires d’Aubervilliers. Une démarche qui correspondait bien aux états généraux de la Culture que ce député de la Seine-Saint-Denis puis sénateur lança en 1987.
« Je lui dois tout, c’est mon père de culture. Il m’a véritablement initié au théâtre, témoignait, profondément attristé, Abel Jafri. Enfant d’Aubervilliers, cet acteur, connu notamment pour ses rôles dans la pièce de théâtre « Algérie en éclats » ou encore dans « Timbuktu », nommé dans la catégorie « meilleur film étranger » aux Oscars 2015, est un bon exemple de l’éducation par la culture telle que la concevait Jack Ralite. « Avant même l’OMJA (Office municipal de la Jeunesse d’Aubervilliers), il tenait à ce qu’il y ait des ateliers théâtre dans les maisons de quartier, et c’est là que j’ai été happé par cette passion. Par la suite, en 1988-89, il m’a proposé de m’occuper des Laboratoires d’Aubervilliers, qu’il avait créés sur le lieu d’une ancienne usine désaffectée. C’est quelqu’un qui était proche des gens et qui faisait confiance. En cela, il a aussi beaucoup changé notre vision du politique. », développe Abel Jafri.
Mordu de culture, Ralite ne dédaignait cependant pas le sport ou d’autres activités populaires et s’ingéniait d’ailleurs toujours, avec le lyrisme qui le caractérisait, à leur trouver un lien avec sa passion première, celle de la scène.
« C’était Ralite, l’un des rares hommes politiques à conjuguer, concilier et réconcilier politique et poésie, politique et culture. », écrivait de son côté « L’Humanité », journal auquel collabora longtemps ce passionné des planches et militant communiste.
Du côté des élus, l’hommage était là aussi unanime pour celui qui fut aussi ministre de la Santé puis de l’Emploi entre 1981 et 1984 sous le premier septennat de François Mitterrand. « Homme d’exception qui avait par cinq fois refusé la Légion d’honneur, Jack Ralite était une nature pour qui l’engagement en faveur de la culture ne se mesurait pas à l’aune des distinctions sous les ors de la République. En Seine-Saint-Denis, nous continuerons à perpétuer son œuvre en faveur de la culture par tous et pour tous. », soulignait le président du Conseil départemental Stéphane Troussel sur son blog. « A jamais, Jack Ralite aura marqué Aubervilliers de son empreinte. Connu pour avoir promu inlassablement la culture, il a fait de celle-ci un outil d’émancipation humaine qui participe au rayonnement de la banlieue », estimait de son côté Meriem Derkaoui, l’actuelle maire d’Aubervilliers. Endeuillée, la ville rendra d’ailleurs dans les prochains jours un hommage à l’un de ses plus fidèles défenseurs. Le Département s’associe aux nombreuses marques de soutien manifestées à sa famille et à ses proches.
Photo : @ville d’Aubervilliers
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