Dans les pas des Agents solidaires du Département
Répondre à la crise de la Covid par des aides financières, mais aussi par des moyens humains… Début octobre, le Département a lancé le dispositif « Agents solidaires », qui propose à tous les agents et agentes départementaux·ales qui le souhaiteraient de devenir bénévoles sur leurs heures de travail au profit d’une association solidaire. Une quarantaine ont pour l’instant répondu à l’appel. Nous les avons suivi·e·s.
« Face à la crise sanitaire et la crise sociale qui s’en est suivie, j’ai souhaité me rendre utile. C’est un projet que je gardais jusqu’ici plutôt pour ma retraite, mais là je me suis dit : pourquoi attendre ? » Entre deux paquets pour les bénéficiaires du Secours populaire, Nathalie Daele trouve aussi le temps de nous répondre. Cette secrétaire au secrétariat général du Département n’a pas réfléchi longtemps en octobre dernier, au moment où le Département a lancé son dispositif « Agents solidaires ». Le principe : permettre à ses agents de consacrer un peu de leur énergie à des associations du territoire, d’une demi-journée à deux jours par mois. Un partenariat privilégié a été noué avec 4 associations solidaires - le Secours populaire, les Restos du Cœur, Mamama et l’UDAF 93 - mais le spectre est en fait plus large : chacun et chacune peuvent s’engager pour la structure de leur choix, culturelle, sportive ou autre. Il est également possible de parrainer dans ce cadre un enfant de l’ASE (via les associations Proxité, Un enfant, une famille, France Parrainages ou Parrains par Mille) ou de faire du tutorat auprès de jeunes collégien·ne·s ou lycéen·ne·s via l’association Article 1.
Le travail du colibri
Parmi les 40 agent·e·s qui se sont pour l’instant engagé·e·s, Nathalie Daele et Betty Sotot ont souhaité le faire pour le Secours populaire, une association qui a vu le nombre de ses bénéficiaires doubler depuis les débuts de la crise sanitaire. A Saint-Ouen, dans une annexe de la salle Valérie-Geoffroy mise à disposition par le centre d’Action Sociale de la ville, les deux agentes départementales aident ce jour-là cinq autres bénévoles à empaqueter 90 plateaux-repas préparés par Baluchon, un traiteur solidaire de Romainville.
« A notre échelle, ça ne paraît pas grand-chose, mais c’est comme le colibri… Ce que je trouve le plus gratifiant, c’est quand on arrive à rendre le sourire aux gens. », témoigne Nathalie, qui aide par ailleurs sur son temps libre aux collectes en grandes surfaces organisées par le Secours populaire. « Cela fait longtemps que je souhaitais m’engager socialement. Alors, quand j’ai vu l’initiative du Département, j’ai saisi l’opportunité. C’est concret, on se sent utiles et il y a du contact humain. », renchérit Betty Sotot, présente depuis 17 ans à la communication du Département.
Betty Sotot et Nathalie Daele, deux "Agents solidaires" du Département
Pour les structures ayant noué ce partenariat, il s’agit là aussi d’un précieux soutien. Face à l’explosion de la précarité qu’ont entraîné les deux confinements, l’enjeu est en effet de tenir sur la longueur. Et si les nombreux bénévoles retraités, "ménagés" durant le premier confinement, sont désormais revenus, un afflux de sang neuf ne peut pas faire de mal. « Depuis la crise de la Covid, notre nombre de bénéficiaires a doublé. On accueille essentiellement des familles, qui étaient déjà dans la grande précarité, ou qui y sont tombées avec le confinement. L’aide du Département, d’abord matérielle durant le premier confinement puisqu’ils ont livré des repas, et maintenant humaine, fait vraiment du bien. Elle s’inscrit dans un mouvement de solidarité incroyable qui fait vraiment chaud au cœur. », confirme Zakia Morin, bénévole responsable du Comité de Saint-Ouen. Cette antenne du SPF93 peut en effet compter sur d’autres soutiens : les paniers légumes leur sont donnés par l’Amap des Docks et Amapoule, tandis que le Franprix de la Patinoire et le Monoprix Garibaldi les accueillent tous les week-ends pour des collectes auprès de leurs client·e·s.
"Bouffée d’air frais"
Des bénévoles de l’association Mamama, à Saint-Denis
Même son de cloche du côté de Mamama, une association créée lors du premier confinement à la Plaine Saint-Denis qui entend avant tout venir en aide aux familles en grande précarité ayant des enfants de moins de trois ans. « Pour nous, c’est un partenariat précieux car nous sommes à la recherche de tout ce qui peut renforcer le lien entre le travail associatif et institutionnel. Notre but, c’est vraiment de travailler main dans la main avec les collectivités, ce que nous faisons déjà avec le réseau des PMI. Par ailleurs, comme nous sommes une jeune structure, ce type de coup de pouce va nous permettre de gagner de la stabilité sur le long terme », énumère Magali Bragard, l’une des quatre fondatrices bénévoles de l’association. Mamama, qui a déjà distribué 5000 colis pour bébés depuis sa naissance en mai dernier, a donc aussi recours à 3 bénévoles du Département, parmi lesquels Sandrine Tiberti, instructrice de dossiers d’aides sociales pour les personnes âgées à la DPAPH, qui vient d’y vivre sa première intervention : « J’y ai fait du tri de vêtements bébés et rangé des articles. Le travail de cette asso est fondamental quand on connaît le prix des couches ou du lait en poudre... Quand je peux aider, je le fais, c’est dans ma nature. Je ne suis pas du genre à rester sans rien faire. Pendant le premier confinement, j’avais déjà aidé à distribuer des masques et du gel pour les aides à domicile. Et là, ça me paraissait normal de continuer… »
Si se rendre utile est évidemment le dénominateur commun entre ces agents bénévoles, un autre point commun saute aux yeux : leur démarche leur fait aussi du bien, à eux. « On sait tous que la Seine-Saint-Denis a été particulièrement touchée par les conséquences sociales de la Covid. Donc le but, c’est d’aider. Mais donner un peu de son temps aux côtés d’autres bénévoles, pour moi aussi, c’est une bouffée d’air frais », convient ainsi Laure Coussen, qui un jour par mois troque sa casquette d’évaluatrice pour la Direction des personnes âgées contre celle de bénévole pour les Restos du Cœur, à Tremblay. « Moi aussi, ça m’apporte quelque chose, renchérit Nathalie Daele : j’aime beaucoup mon poste actuel au Département, mais grâce à cet engagement, je retrouve le lien social que j’avais aux gens quand j’étais encore auxiliaire de puériculture. » Rien n’est solitaire, tout est solidaire, comme l’écrivait déjà Victor Hugo…
Christophe Lehousse
Photos : ©Nicolas Moulard
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