Seine Saint-Denis

Christiane Taubira a commencé par rencontrer trois classes d’élèves hellénistes du collège Didier-Daurat du Bourget. Engagés dans un travail autour de l’éloquence, ces 45 chanceux, de retour d’un voyage en Grèce sur les traces de la démocratie athénienne, ont questionné l’ancienne Garde des Sceaux sur son rapport à la parole.

Christiane Taubira a commencé par rencontrer trois classes d’élèves hellénistes du collège Didier-Daurat du Bourget. Engagés dans un travail autour de l’éloquence, ces 45 chanceux, de retour d’un voyage en Grèce sur les traces de la démocratie athénienne, ont questionné l’ancienne Garde des Sceaux sur son rapport à la parole.

« L’éloquence, c’est d’abord la sincérité. Si on raconte des choses auxquelles on ne croit pas, on va culbuter », leur a entre autres confié celle qui reste liée aux lois ouvrant le mariage pour les couples homosexuels ou reconnaissant l’esclavage comme un crime contre l’humanité.

« L’éloquence, c’est d’abord la sincérité. Si on raconte des choses auxquelles on ne croit pas, on va culbuter », leur a entre autres confié celle qui reste liée aux lois ouvrant le mariage pour les couples homosexuels ou reconnaissant l’esclavage comme un crime contre l’humanité.

« La politique est un univers très masculin et assez violent. C’est lié au fait que c’est une logique patriarcale qui a pensé, conçu et organisé le pouvoir. Heureusement, les femmes veulent changer cela aujourd’hui et comptent aussi des hommes parmi leurs alliés », a aussi souligné Christiane Taubira face aux élèves.

« La politique est un univers très masculin et assez violent. C’est lié au fait que c’est une logique patriarcale qui a pensé, conçu et organisé le pouvoir. Heureusement, les femmes veulent changer cela aujourd’hui et comptent aussi des hommes parmi leurs alliés », a aussi souligné Christiane Taubira face aux élèves.

Mouna et Lyna, en 3e, ont notamment retenu ce conseil de Christiane Taubira : « Apprenez certaines techniques d’éloquence, mais sachez vous en détacher le moment venu pour faire ressortir votre singularité.» Les élèves de Didier-Daurat ont même invité l’ancienne ministre à faire partie du jury du concours d’éloquence qu’ils organiseront prochainement.

Mouna et Lyna, en 3e, ont notamment retenu ce conseil de Christiane Taubira : « Apprenez certaines techniques d’éloquence, mais sachez vous en détacher le moment venu pour faire ressortir votre singularité.» Les élèves de Didier-Daurat ont même invité l’ancienne ministre à faire partie du jury du concours d’éloquence qu’ils organiseront prochainement.

Direction Aubervilliers ensuite, où l'ancienne ministre s’est rendue devant une fresque évoquant la mémoire du 17 octobre 1961. Ce jour-là, une manifestation d’Algériens à Paris avait été brutalement réprimée par la préfecture de police alors dirigée par Papon, faisant plusieurs centaines de morts. Beaucoup d’entre eux seront retrouvés dans le canal Saint-Denis qui borde la fresque.

Direction Aubervilliers ensuite, où l'ancienne ministre s’est rendue devant une fresque évoquant la mémoire du 17 octobre 1961. Ce jour-là, une manifestation d’Algériens à Paris avait été brutalement réprimée par la préfecture de police alors dirigée par Papon, faisant plusieurs centaines de morts. Beaucoup d’entre eux seront retrouvés dans le canal Saint-Denis qui borde la fresque.

Christiane Taubira appose son nom sur la fresque « 17 ensemble ». « On a voulu que les habitants puissent s’approprier l’oeuvre. Et de voir sa signature s'ajouter aux autres fait sens. C’est une grande dame, qui a pris elle-même des coups pour défendre les droits de l’Homme. », estimait Joachim Romain, auteur de la fresque en compagnie de l’universitaire et enseignant à Sciences-Po Eric Vinson.

Christiane Taubira appose son nom sur la fresque « 17 ensemble ». « On a voulu que les habitants puissent s’approprier l’oeuvre. Et de voir sa signature s'ajouter aux autres fait sens. C’est une grande dame, qui a pris elle-même des coups pour défendre les droits de l’Homme. », estimait Joachim Romain, auteur de la fresque en compagnie de l’universitaire et enseignant à Sciences-Po Eric Vinson.

« Le droit est très important quand les choses s’effilochent », constatait de son côté Fatima Yaou, cofondatrice avec le regretté Mouloud Aounit de l’association « 93 au coeur de la République », un mouvement civique qui mène de nombreux projets sur la mémoire du 17 octobre 1961 auprès des collèges et du conseil local des jeunes d’Aubervilliers.

« Le droit est très important quand les choses s’effilochent », constatait de son côté Fatima Yaou, cofondatrice avec le regretté Mouloud Aounit de l’association « 93 au coeur de la République », un mouvement civique qui mène de nombreux projets sur la mémoire du 17 octobre 1961 auprès des collèges et du conseil local des jeunes d’Aubervilliers.

Pour finir, il a été question d’accès à la réussite pour tous, à l’occasion de l’inauguration du collège Gustave-Courbet de Pierrefitte. 35 millions d’euros pour la reconstruction complète de ce collège de 720 élèves, également accompagné d’un internat de 38 lits. Un exemple parmi d’autres de la politique d’investissement massive du Département dans l’éducation.

Pour finir, il a été question d’accès à la réussite pour tous, à l’occasion de l’inauguration du collège Gustave-Courbet de Pierrefitte. 35 millions d’euros pour la reconstruction complète de ce collège de 720 élèves, également accompagné d’un internat de 38 lits. Un exemple parmi d’autres de la politique d’investissement massive du Département dans l’éducation.

Les invités de l’inauguration, parents d’élèves et élus, ont notamment pu découvrir un spectacle sur l’éruption du Vésuve concocté par une classe qui aura la chance de partir en mai avec leur professeur d’histoire-géo à Pompéi, Naples et Capri.

Les invités de l’inauguration, parents d’élèves et élus, ont notamment pu découvrir un spectacle sur l’éruption du Vésuve concocté par une classe qui aura la chance de partir en mai avec leur professeur d’histoire-géo à Pompéi, Naples et Capri.

Christiane Taubira signe aussi les textes qui accompagnent l’exposition « Les Droits de l’Homme, c’est pour quand ? » de l’association Cartooning for Peace, que les élèves de Gustave-Courbet vont pouvoir découvrir au rez de chaussée de l’internat de l’établissement. « Cartooning for Peace », fondée en 2006 par le dessinateur du Monde Plantu, réunit des centaines de caricaturistes du monde entier et porte des valeurs universelles de tolérance et de liberté d’expression.

Christiane Taubira signe aussi les textes qui accompagnent l’exposition « Les Droits de l’Homme, c’est pour quand ? » de l’association Cartooning for Peace, que les élèves de Gustave-Courbet vont pouvoir découvrir au rez de chaussée de l’internat de l’établissement. « Cartooning for Peace », fondée en 2006 par le dessinateur du Monde Plantu, réunit des centaines de caricaturistes du monde entier et porte des valeurs universelles de tolérance et de liberté d’expression.

« Vous êtes la graine en-dessous des racines », a rappelé Christiane Taubira aux jeunes élèves de Pierrefitte, citant le poète Aimé Césaire. « Il n’y a pas de miracle, il y a seulement la force des graines. Et parler à ces enfants, c’est accompagner la graine. », a-t-elle aussi dit en forme d’hommage à leurs professeurs.

« Vous êtes la graine en-dessous des racines », a rappelé Christiane Taubira aux jeunes élèves de Pierrefitte, citant le poète Aimé Césaire. « Il n’y a pas de miracle, il y a seulement la force des graines. Et parler à ces enfants, c’est accompagner la graine. », a-t-elle aussi dit en forme d’hommage à leurs professeurs.

Collèges Pierrefitte-sur-Seine Le Bourget Aubervilliers

Christiane Taubira, guest star en Seine-Saint-Denis

Vendredi 29 mars, l’ancienne Garde des Sceaux Christiane Taubira a passé toute une après-midi en Seine-Saint-Denis à l’invitation du président du Département. Elle a notamment échangé avec des collégien·nes autour de l’éloquence, avant d’inaugurer le collège de Pierrefitte et avec lui une exposition « Cartooning for Peace ». Retour en DIAPORAMA sur ce programme copieux et réjouissant !

« Pour moi, il y a des situations où la parole est une arme, où elle aide à faire respecter les droits et les libertés, et d’autres où elle est plaisir. Là en ce moment, elle est aussi pur plaisir. » Celui-ci était assurément partagé : les élèves hellénistes du collège Didier-Daurat au Bourget, qui travaillent sur l’éloquence, se souviendront longtemps de l’heure de questions-réponses à laquelle ils ont eu droit avec l’ancienne Garde des Sceaux.

Vendredi 29 mars, celle qui fut tant de combats – l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, la reconnaissance de l’esclavage comme un crime contre l’humanité mais aussi sa démission du gouvernement Valls sur fond de déchéance de nationalité – était de passage en Seine-Saint-Denis, à l’invitation du président du Département Stéphane Troussel. « Je l’ai invitée parce que je suis fier de ce qu’elle représente : elle est pour moi l’incarnation même de notre devise « Liberté, égalité, fraternité », malheureusement parfois bafouée par d’autres », expliquait l’élu du Département.

L’espace d’un après-midi, Christiane Taubira est ainsi allée à la rencontre d’une partie de la Seine-Saint-Denis, pour un programme en adéquation avec ses valeurs : échanges sur la parole publique et politique donc au collège Didier-Daurat, luttes mémorielles avec un passage par la fresque d’Aubervilliers commémorant le massacre des Algériens du 17 octobre 1961 et priorité à l’éducation avec l’inauguration du collège Gustave-Courbet à Pierrefitte.

"L’égalité est le combat de ma vie"

Outre ce pari accordé au futur et à la jeunesse, sa visite dans ce collège, entièrement reconstruit, faisait doublement sens : ses 720 élèves peuvent en effet depuis vendredi y découvrir l’exposition « Les Droits de l’Homme, c’est pour quand ? », lancée par l’association Cartooning for Peace, et dont Christiane Taubira a rédigé les textes d’accompagnement.

« Dans le domaine de la justice, les gens ont toujours envie de revendiquer avec force ce qu’ils ressentent. Et comme Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice, défend toujours ces sujets avec pertinence et lyrisme, il nous semblait logique de la solliciter pour ces textes », soulignait Jean Plantu, également présent à Pierrefitte. Le dessinateur du Monde et fondateur de l’association Cartooning for Peace en 2006 était manifestement dans son élément avec la jeunesse, se faisant expliquer dans le détail chacun des ateliers qu’ils avaient préparés pour l’inauguration de leur collège.

Sur l’action de son association, qui réunit entre temps 184 dessinateurs dans le monde entier, il se voulait ambitieux et modeste à la fois. « Le dessin est un outil génial pour lancer le débat. Une fois qu’on l’a fait, il ne nous appartient plus : les gens le regardent, ils sont d’accord ou pas, peuvent l’aimer, le critiquer, le rejeter. L’essentiel, c’est qu’on puisse discuter. » Pour ne plus jamais revivre la barbarie à l’état pur qu’avaient été les assassinats des caricaturistes et membres de la rédaction de Charlie Hebdo en 2015.

« L’égalité est le combat de ma vie, rappelait d’ailleurs Christiane Taubira à la tribune. C’est entre autres pour cela que j’ai contribué à l’exposition « Cartooning for Peace ». Elle rapporte des situations de violation de droits et de liberté insupportables et nous renvoie à des situations similaires dans notre pays. Quelle que soit la personne dont les droits sont bafoués, à travers elle, ce sont aussi les miens qui sont bafoués ». Comme disait une collégienne postée devant la tribune durant son discours : « elle quand elle parle, on l’écoute ».

Christophe Lehousse
Photos : @Nicolas Moulard

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