Centre aquatique de Marville : construire l’héritage des Jeux olympiques
Pour ce qu’ils se destinent à être, pour ce qu’ils représentent, pour les rêves qu’ils suscitent, certains chantiers se distinguent. Celui du Centre aquatique olympique de Marville à La Courneuve est de ceux-là. Qu’ils et elles soient maîtres d’œuvre, chef de projet, ingénieure en alternance, agent polyvalent en insertion, tous et toutes disent leur fierté de travailler à l’héritage des Jeux en Seine-Saint-Denis.
« Pour établir le cahier des charges de la construction de ce centre aquatique, nous nous sommes fondés sur les données recueillies par le Département à l’occasion de son Plan Piscines. » Coline Hennebelle est chargée d’opération maîtrise d’ouvrage au Département de la Seine-Saint-Denis et suit le projet de la piscine Marville depuis ses débuts.
En 2016, le Département a lancé un Plan Piscines pour pallier le manque criant de bassins dans notre territoire. Marville figurait déjà parmi les 5 piscines à construire. Depuis, elle a été labellisée héritage olympique, va recevoir les entrainements de water-polo durant les Jeux et est inscrite au budget de la Solidéo (chargée de la livraison des ouvrages olympiques) grâce aux apports de 12,4 millions d’euros fournis chacun par le Département de la Seine-Saint-Denis et la Ville de Paris.
Pour nager, apprendre et s’amuser
« Il a seulement fallu y intégrer les spécificités pour répondre aux besoins olympiques, mais il y avait une communauté de vues entre le Département et Paris 2024. Nous avons veillé à ce que les bassins présentent des différences de profondeurs, qu’ils soient adaptés à chacun·e quel que soit son niveau, ses besoins pour apprendre à nager au calme ou performer. Le bassin principal a un fond mobile pour pouvoir s’adapter à différentes pratiques. »
Comme dans l’ancienne piscine de Marville, le nouveau centre aquatique aura deux bassins en extérieur, dont un nordique (chauffé à 28°). « Ce qui est nouveau, c’est l’espace balnéo-thérapie, fitness, reprend Coline Hennebelle. Nous avons également prévu un centre de formation pour maîtres-nageurs. La Seine-Saint-Denis en manque. En créant ce centre de formation, à la fois théorique et pratique, le Département poursuit deux objectifs : assurer l’ouverture des piscines existantes grâce à la présence de personnel de qualité et faciliter l’insertion des personnes en leur proposant une formation qualifiante dans un métier en tension. »
Donner sa place à la nature
Mais ce qui anime le plus Coline Hennebelle, c’est l’obtention du label Divercity. « Nous avons veillé à l’utilisation de matériaux tels que le bois bio-sourcé pour la charpente, des bétons à faibles émissions carbone, mais aussi prévu un espace de biodiversité, un peu à l’écart du public avec des noues pour accueillir des amphibiens, des essences d’arbres indigènes pour créer des biotopes pour insectes et oiseaux, au niveau de la toiture des nichoirs pour oiseaux et chauve-souris. Tous ces détails sont importants, ils font partie de l’héritage que les habitants recevront après les JOP ! »
Eviter l’inondation de la piscine
« Pour GCC, un chantier comme celui de Marville est l’occasion de montrer notre efficacité technique, notre capacité à respecter les délais et de rentrer dans le cercle restreint des bâtisseurs de piscines. » Victor Gros Colas est chef du projet Marville chez GCC, en charge de la construction du futur temple du water-polo. « C’est un projet important par son ampleur (le centre est prévu jusqu’à 1 958 baigneurs), et par sa renommée. Ce n’est pas tous les jours qu’on construit pour des Jeux Olympiques ! C’est une fierté. » Le défi n’est pas simple, bien sûr il est impératif de respecter les délais, mais en plus des difficultés techniques s’en mêlent.
« A Marville, le long de l’avenue Roger-Salengro la nappe phréatique est sub-affleurante, explique Victor Gros Colas. On creuse 1 m 50 et on est dans l’eau ! Alors que toute la partie technique de la piscine (chaufferie, régulation température ambiante) et certains bassins sont en dessous de ce niveau. Il a fallu étanchéifier pour éviter l’inondation de la piscine ! » Utilisation de cuvelage étanche qui enveloppe tout le sous-sol du bâtiment, étanchéité de tous les points qui traversent le cuvelage… « Un ingénieur est spécialement dédié à cette tâche. Car si une erreur est commise, une fois le béton coulé, on ne peut revenir en arrière… » En plus de cela, avec toute cette eau le sol est instable. « Pour ancrer le bâti, nous avons dû planter 254 poteaux de 26 mètres. »
Un chantier pour donner sa chance
Ce chantier est aussi remarquable par sa dimension inclusive, Victor Gros Colas rappelle que « le cahier des charges fixé par le Département et la Solidéo comprend un volet insertion ambitieux. Lors de la conception et de la réalisation, 42 832 heures doivent être effectuées par des personnes en retour ou accès à l’emploi et ensuite 16 000 heures sur dix ans pour l’exploitation et la maintenance. »
C’est ainsi que Souleymane Soro a signé son premier CDI à 25 ans. « J’ai été embauché en février par le prestataire Diamant comme agent nettoyage polyvalent sur ce chantier. Pour l’instant j’ai 20 heures par semaine, mais bientôt à temps plein. Je suis content ici, les chefs disent ce qu’il faut faire, c’est clair, on me traite bien. Et je vais faire une formation de plombier. J’ai toujours aimé la plomberie et il y a du travail. »
« J’habite ici, à La Courneuve ! Alors pour moi, travailler ici, c’est vraiment extraordinaire ! » Aechat Abdou a 22 ans et est en Master 2 génie civil à l’université de Cergy-Pontoise. Son alternance entre dans le cadre des heures d’inclusion. « Ici je suis ingénieure travaux et j’assure le suivi des effectifs, des matériaux et du plan assurance qualité. J’apprends beaucoup et je vois que je suis utile. Je pensais tout d’abord travailler en bureau d’étude, mais j’ai changé d’avis et je vais m’orienter sur les chantiers. Et je suis si fière de travailler à construire ce centre aquatique olympique, dans ma ville, pour ma ville. Dès qu’il ouvre, j’irai m’y baigner et j’inviterai mes amis pour leur montrer ce que j’ai fait ! »
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