Banlieues santé, le terrain comme remède
L’association balbynienne Banlieues santé, subventionnée par le Plan Rebond du Département, agit pour « raccorder les plus fragiles aux parcours de soins ». Avec 2000 bénévoles en Seine-Saint-Denis et plus du double en France, elle mène des actions de prévention dans les quartiers populaires, en partenariat avec des associations de solidarité. Plein feu sur une mobilisation sans précédent.
« Ça va aller pour le budget masque ? » Dramane remonte la longue file d’attente de familles venues récupérer des denrées alimentaires et des kits d’hygiène devant un pavillon en meulière à Stains. « Je viens vous tenir compagnie dans le froid et vous rappeler de bien respecter les distances car le virus circule toujours ». Cet infirmier bénévole de Banlieues santé est venu prêter main forte au Comité des mamans de la cité-jardin, une association partenaire. Tout en distribuant les provisions, l’énergique dionysien multiplie les conseils de soins et incite les habitant·e·s à pratiquer une activité physique « au moins une demi-heure par jour ».
500 000 colis distribués en Seine-Saint-Denis
À l’instar de Dramane, 200 médecins, infirmier·e·s, pharmacien·ne·s... bénévoles de Banlieues santé se greffent à des distributions de repas à domicile pour accompagner au mieux les patient·e·s précaires en rupture de soins. Les colis, confectionnés dans une cuisine centrale par des agent·e·s du Département ou dans des entrepôts sont envoyés aux structures partenaires puis distribués aux habitant·e·s vulnérables : personnes âgées isolées, familles mono-parentales ou au RSA, migrant·e·s... « On fait du cousu main en ajoutant des aliments ou des produits d’hygiène infantile et même des croquettes pour chiens ! » précise Sofiane, un coordinateur bénévole qui a livré des dizaines de barres d’immeubles, résidences étudiantes ou hôtels sociaux...
Partir des besoins du terrain et décloisonner au maximum ses opérations, c’est le pari - réussi - de l’association balbynienne qui a ainsi formé en e-learning 150 ambassadeur·rice·s covid dans ses rangs et auprès de ses partenaires. « Les messages de santé publique ne sont pas intelligibles par tous. Il faut souvent les simplifier » affirme Abdelaali El Badaoui, qui a fondé Banlieues santé en 2018. Pour ce faire, la structure a lancé une application téléchargeable en ligne* proposant une trentaine de vidéos de 4 à 7 minutes sur les gestes barrières en arabe dialectal, littéraire, chaoui (Maghreb et Soudan), soninké (Mali), pachtoune (Afghanistan), russe, mandarin...
Des partenariats avec le Red Star, Pôle Emploi...
Révolté par « le mille-feuille d’inégalités » qui touche les classes populaires, Abdelaali El Badaoui, infirmier de profession, développe une vision inclusive des questions de santé, en travaillant avec ses nombreux bénévoles sur les questions de sport, d’éducation, d’emploi ou de bien-être... L’énergie débordante du trentenaire a séduit Patrice Haddad, le Président du Red Star qui a noué un partenariat pour réaliser des actions sportives et éducatives. « Les médiateurs de Banlieues santé vont former nos 700 licenciés aux gestes de premiers secours dès février » détaille Louison Auger, directeur général adjoint du club de football. « Et nos éducateurs vont détecter les jeunes du club en décrochage scolaire et les orienter à partir de mars vers des professeurs de l’association... ».
Convaincu des bienfaits de l’activité physique, le bouillonnant Président El Badaoui va aussi développer en lien avec des clubs locaux des activités de sport adapté (comme de la marche nordique) destinées aux personnes âgées ou cancéreuses. Et l’hygiène de l’esprit ne doit pas être oubliée sur celle du corps... « L’absence de perspectives professionnelles et l’isolement liés à la crise sanitaire ont des effets ravageurs sur la santé mentale des gens » déclare Nawel Mehidi, responsable des partenariats de Banlieues santé. « Contre cela, nous allons mener des ateliers santé auprès des jeunes dans les locaux des Pôles Emploi, Missions locales, Points Information Jeunesse... ».
L’ONG séquano-dionysienne a essaimé dans 300 quartiers de province et distribué plus de 200 000 colis alimentaires à Marseille et dans les régions Rhône-Alpes, Occitanie, Grand Est et Hauts-de-France. Dotée désormais d’une dizaine de salarié·e·s, elle séduit à l’international (à Casablanca) par la réplicabilité de ses actions et devrait bientôt être financée par la fondation Obama. Une belle success story pour la toute jeune association balbynienne...
*Vidéos en langues étrangères et cagnotte en ligne
Crédit-photo : Franck Rondot et Sylvain Hitau
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