Agora Education aux médias

Agora : 170 journalistes sur le pont pour former des citoyens éclairés

Agora, un programme renforcé d’éducation aux médias lancé par le Département à la suite de l’assassinat de Samuel Paty, prend forme. Jeudi 18 mars, la charte lui donnant naissance a été signée par les principaux acteurs du dispositif, au collège Victor-Hugo de Noisy-le-Grand. Un établissement qui accueille justement en ce moment 4 résidences de journalistes. Nous en avons suivi une, animée par l’INA.

« 1838, c’est l’invention du plastique… » La mine concentrée, penchés au-dessus de leurs micros dans la salle du CDI, Raphaël, Estine, Ephraïm et Lovencia enregistrent leurs commentaires sur le meilleur faux-ami de l’homme : le plastique. Ce sujet environnemental et hautement actuel, c’est Richard Poirot, journaliste à l’INA (Institut National de l’Audiovisuel) qui le leur a suggéré. « Je leur ai proposé 14 archives sur le sujet, les ai répartis en 6 groupes et leur ai demandé à chacun de me monter un sujet à partir de 5 de ces archives. A l’arrivée, ce qui est intéressant, c’est qu’on a évidemment 6 regards différents », explique le professionnel de l’image.

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Démarré en janvier, ce projet connaîtra vendredi 26 mars son dénouement, bel épilogue d’ailleurs de la Semaine de la presse et des médias à l’école, organisée par le CLEMI (Centre pour l’éducation aux médias et à l’information). Et tant pis s’il aura subi les vicissitudes du Covid : la vingtaine d’élèves de 4e impliqués n’ont pas pu aller visiter l’INA, pourtant situé à deux pas de leur collège, à Bry-sur-Marne. Mais l’initiative n’a tout de même pas manqué l’essentiel : sensibiliser les élèves à des notions comme celles de source, de montage vidéo et les plonger très concrètement dans un travail journalistique.

« Je sais maintenant que quand on fait une recherche sur internet, il faut regarder quel site donne l’info qu’on cherche, parce que sinon on peut se faire avoir », reconnaît Raphaël, qui dit s’informer surtout « par les réseaux sociaux ». Estine, elle, retient le travail de construction du sujet : « Il fallait que notre commentaire se cale sur le début et la fin de chaque vidéo ».
« C’est un travail très complet, qui apporte à mon sens beaucoup aux élèves. Ils ont dû travailler sur leurs capacités de rédaction et ont appris beaucoup de choses sur le plastique. Et puis, sur un plan plus journalistique, ils ont compris à quoi servaient des archives et aussi la notion d’angle puisqu’ils ont dû construire un sujet de A à Z. », résume quant à elle Katuska Truitard, professeure documentaliste associée depuis le début à l’atelier.

4 niveaux d’implication

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Des projets comme celui-ci devraient se démultiplier dans les années à venir dans les collèges de Seine-Saint-Denis. Et à l’inverse de la prolifération d’emballages plastiques, c’est une bonne nouvelle… En janvier, suite à l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie de Conflans Saint-Honorine tué pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet, le Département a en effet choisi de renforcer ses actions en collège en faveur de la laïcité et de la liberté d’expression. « Après ce drame, nous avons lancé un appel à des journalistes, des experts des médias et des dessinateurs de presse pour renforcer l’esprit critique des élèves et combattre par un travail concerté la montée des obscurantismes et des extrémismes. Et nous sommes très heureux que 170 journalistes aient répondu présent du dispositif Agora, pour 130 collèges dans le département », se réjouissait Stéphane Troussel, président de la Seine-Saint-Denis.

Forcément collectif, ce travail implique non seulement des professionnels des médias et des enseignants, mais aussi des acteurs de l’éducation populaire comme les associations F93 et Citoyenneté Jeunesse, présentes aux côtés de Stéphane Troussel pour signer la charte Agora, jeudi 18 mars. Celle-ci prévoit notamment 4 niveaux d’implication possibles, selon les envies et les besoins rencontrés par chaque établissement. Au collège Victor-Hugo de Noisy-le-Grand, qui accueillait la signature de la charte, on faisait en tout cas déjà figure de bon élève puisque 4 résidences de journalistes étaient en cours dès cette année, parmi lesquelles une enquête radio menée par les élèves sur les modes d’alimentation de leurs camarades et leur rapport au bio, avec la journaliste Géraldine Ruiz. « L’éducation aux médias, c’est quelque chose qui va de soi dans notre projet d’établissement. Parce c’est indispensable à la formation de tout citoyen, témoignait ainsi son principal Olivier Vanghent. Et puis, il ne faut pas que nos élèves se sous-estiment : devenir journalistes, eux aussi peuvent le faire, et c’est même nécessaire ». Alors, à vos caméras, cahiers, micros, appareils photos !

Photos : ©Sophie Loubaton

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