A tout âge : faire société
Lundi 3 octobre, le coup d’envoi de la « semaine bleue » (pour informer et sensibiliser le grand public sur la situation des personnes âgées) a été donné, sur le thème « À tout âge : faire société ». Retour en vidéo sur les élu.e.s du Département qui se sont rendu.e.s au cours de cette semaine dans différents établissements à la rencontre des résidents et des personnels de ces structures.
Rencontre de personnes qui au quotidien, ne cessent de faire société, pour qu’elles nous expliquent ce que ça signifie pour elles.
« Je vis seule, mais je n’ai pas l’impression de l’être »
Lucie et Pieter, voisins à Aubervilliers
Lucie : « Nous avons une très grande solidarité entre voisins et ils sont toujours prêts à m’aider. C’est très agréable car je vis seule, mais je n’ai pas l’impression de l’être. Quand Numericable m’a livré la box par exemple, j’aurais été bien embêtée si Pieter n’avait pas été là. Claire, du 5e, m’invite souvent à boire un café, à dîner, m’accompagne faire des promenades. Son fils Jonas est naturopathe et m’aide à me soigner par les plantes. J’ai aussi des relations avec Sitti du 4e étage. Elles sont comme des amies maintenant. Au départ, nous nous croisions dans l’ascenseur, puis nous avons eu envie de nous parler. Faire société, c’est ça, vivre en bonne entente. Chacun y met du sien. Nous nous entraidons, nous adaptons aux problèmes de chacun. »
Pieter : « Il y a de l’entraide et de la sympathie dans cet immeuble. Nous avons 20 à 30 nationalités. C’est un peu la tour de Babel, mais nous nous connaissons tous. Quand je suis arrivé il y a huit ans, l’ambiance était déjà comme ça. J’ai été pris dans le mouvement. La clé, ce sont les discussions. Nous ne nous disons pas simplement bonjour, nous discutons toujours 5 ou 10 minutes. Quand deux-trois personnes lancent cette machine, elle est difficile à arrêter. Dès qu’il y a un nouvel arrivant, on se présente, on le met au courant. Il y a vraiment une volonté de vivre ensemble. Je connais beaucoup de personnes dans le même état d’esprit à Aubervilliers. Dans ce quartier, les gens veulent faire société. Il y a une grande mixité et on vit tous ensemble. Je n’avais pas ça à Paris. »
« Les gens ont ce désir de vivre ensemble »
Jean-Frédéric Bou, adjoint de direction régionale chargé de la SSD aux petits frères des Pauvres
« Nous vivons dans une société qui parcellise beaucoup les gens, dans les villes, les quartiers, par la religion, et aussi par l’âge. Ces comportements sont subis, liés à nos modes de vie, mais il n’y a pas de volonté de vivre séparément, au contraire. L’enquête que nous avons réalisé* et ce dont nous sommes témoins aux petits frères des Pauvres le montrent. Même si spontanément les gens n’osent souvent pas, ils ont ce désir de rencontres et de vivre ensemble. Nous sommes étonnés par exemple du nombre de bénévoles jeunes qui s’investissent dans l’association, vont dans les séjours de vacances, etc. Ce sont toujours de belles rencontres. Les gens souffrent de solitude, les anciens autant que les jeunes. Tous ont besoin d’affection et, quand on provoque cette rencontre, quand on permet aux différentes générations d’être ensemble, elles sont heureuses. »
* « Les Français et les liens entre les générations ». Enquête les petits frères des Pauvres / Fondation Monoprix avec l’institut BVA, menée du 2 au 3 septembre 2016.
« Vous mettez les personnes âgées dans la vie »
Virginie Saidana, Responsable du Pôle Bien-être à la Villa Beausoleil (Ehpad) de Drancy
« Le lien intergénérationnel est important tout simplement parce que, avec des enfants, vous mettez les personnes âgées dans la vie de manière incroyable. Cela change leur comportement. Des personnes habituellement peu réceptives le deviennent. Nous menons beaucoup d’actions en ce sens. Nous avons un partenariat avec plusieurs centres de loisirs, des chorales municipales, des collèges, les familles. Ce sont des rencontres incroyables, magiques. Les jeunes adultes peuvent avoir peur du contact avec les personnes âgées alors que les enfants y arrivent naturellement. Tout le monde y trouve un intérêt. Pour les personnes âgées, c’est une manière de participer à la vie citoyenne, de continuer de côtoyer des personnes comme ils l’ont toujours fait. C’est aussi pour eux une manière de transmettre du savoir, de se sentir utiles. Ils adorent ça. Et pour les enfants, c’est une ouverture sur l’avenir et cela les projette dans une histoire. »
« Que du bonheur »
Linda Guézi, assistante maternelle des Étoiles filantes au Pré-Saint-Gervais
« Cela fait six ans que notre Maison d’assistantes maternelles est installée au sein du foyer-résidence pour personnes âgées Le Clos-Lamotte. Nous partageons un jardin et la salle polyvalente et avons beaucoup de contacts. Nous nous connaissons tous. Les personnes âgées viennent lire des histoires aux enfants, nous prenons le goûter ensemble, organisons des rencontres, fêtons les anniversaires, faisons la chasse aux œufs à Pâques ou une fête de fin d’année. Les enfants font aussi beaucoup de dessins que les personnes âgées accrochent au murs. Cette implantation est une excellente idée. Pour les personnes âgées, cela met de la joie dans leur cœur. Henriette par exemple n’a pas d’enfant. Dès qu’elle les voit, la joie est sur son visage. Les enfants sont contents aussi, et leurs parents encore plus. Cela leur apprend ce que c’est que des grands-parents. Pour moi aussi c’est un plus parce que nous apprenons beaucoup de leur sagesse et de leurs savoirs. Ce n’est que du bonheur. »
« des rencontres extraordinaires »
Madoray, auteure, metteure en scène et comédienne, compagnie Ici Même et Là Aussi
« Les paroles des personnes âgées sont importantes pour nous-mêmes. Elles nous enrichissent, nous permettent de faire des choix plus justes car ces personnes ont déjà vécu toute une vie. Nous avons besoin d’eux, sauf qu’il n’y a pas d’espaces pour de telles rencontres dans notre société. Pour une création, j’ai réalisé 17 interviews de personnes âgées. Le spectacle restitue certains parcours de vie, parle de la transmission. Cette création a été reproduite quatre fois par des collégiens de Sevran, du Pré-Saint-Gervais et de Paris. Cela a été des rencontres intergénérationnelles extraordinaires. Les jeunes ont dû défendre le projet auprès des personnes âgées, les interviewer, écrire leur propre spectacle. Au départ, les deux avaient des a priori. Mais ensuite, les jeunes se sont sentis revêtir une responsabilité envers elles et les personnes âgées un devoir d’accompagnement, de transmission. Il y a un espace pour tous et il se passe des rencontres surprenantes. C’est cela faire société, mettre en place des espaces de rencontres, faire du lien social. »
Plus de renseignements sur la semaine bleue ici
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