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A Dora-Maar, les explorateurs collégiens à l’assaut du Monte Cinto

Alléchés par la lecture de l’ouvrage « Un tocard sur le toit du monde » de Nadir Dendoune, quinze élèves de Dora-Maar, à cheval entre Saint-Ouen et Saint-Denis, et leurs professeurs, préparent depuis un an leur propre ascension du sommet corse du Monte Cinto, qui aura lieu ce 8 juillet. Histoire de leur prouver que pour eux comme pour tous, the sky is the limit !

A l’heure où nous écrivons ces lignes, quinze élèves de 5e du collège Dora Maar, à Saint Denis, doivent être en train d’ahaner sec sur les chemins caillouteux du refuge Tighjettu, au cœur du parc naturel de Corse. Ce n’est qu’un avant-goût de ce qui les attend vendredi. La journée et la randonnée commenceront à cinq heures du matin, à la frontale. Ils graviront le Monte Cinto pour se retrouver sur le toit non pas du monde, mais au moins sur celui de l’île de Beauté. Six heures aller, quatre heures retour.
« On se prépare depuis un an, et là on part demain ! », trépigne Noemy, contactée dimanche 3 juillet, veille du grand départ pour la Corse. Au programme : la traversée de la France en train, puis celle de la Méditerranée, en ferry, avant de rejoindre, à pied cette fois-ci, le refuge. Après cette première randonnée et l’installation des tentes dans lesquelles ils passeront leurs nuits, les élèves suivront divers ateliers, mercredi et jeudi. Le premier, sportif, avec Guillaume Peretti, l’ex-recordman du GR 20, connu pour être le plus difficile des chemins de randonnée français, le deuxième, culturel, avec un gardien du parc naturel de Corse qui leur fera un topo sur le massif, sa faune, sa flore. Le troisième atelier consistera à aider et comprendre le métier de gardien du refuge, ravitaillé par mule, et les élèves apprendront dans le dernier les bases du secours en montagne avec un pompier volontaire. Vendredi, grande ascension et samedi, redescente, et retour vers Saint-Denis.

Polyphonie

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Le point de départ de l’itinéraire a été posé l’an dernier, en 2020-2021, lorsque Marine Bourguignon-Trombini, professeur de Français à Dora-Maar, a proposé à sa classe d’étudier le récit d’aventure « Un tocard sur le toit du Monde ». Le récit de Nadir Dendoune, natif de l’Ile-Saint-Denis, sur son ascension de l’Everest, est un encouragement à ne pas se mettre de limites, à se dépasser, et à réaliser ses rêves quelle que soit sa condition de départ. Leur professeur leur avait ensuite montré l’adaptation cinématographique, dont l’acteur principal se trouvait être Ahmed Sylla. Les deux artistes leur avaient alors fait la surprise de venir les voir dans leur classe, ce qui avait suscité chez eux une grande excitation. Et donné envie à Marine de passer de la théorie à la pratique.

Cela tombe bien, Loïc Preghenella, son Vosgien de conjoint, vient de quitter sa boîte de production audiovisuelle pour se reconvertir en accompagnateur en montagne. Ils créent alors ensemble l’association « Les quartiers au sommet », afin de pouvoir accompagner des classes du réseau d’éducation prioritaire à la découverte de cet environnement. Alors que Marine est mutée à Cannes, elle transmet le flambeau à Camille Plessis, professeure de musique restée à Dora-Maar. La première cordée réunira donc quinze élèves de Saint-Denis et quinze élèves d’une autre REP, à Cannes, les professeurs, Nadir Dendoune, et une équipe de tournage qui réalise un documentaire sur l’expérience. « Faire découvrir la montagne aux enfants permet de développer leur confiance en eux, leur autonomie, de leur montrer qu’ils peuvent réussir, alors que certains souffrent dès la sixième d’un sentiment d’échec. Et puis ça sert à les faire déconnecter de leurs univers habituel, à vivre sans portable, et surtout à créer des souvenirs », défend Loïc Preghenella.

A fond la forme !

Depuis janvier, nos élèves de Dora-Maar se préparent donc à la grimpette. Ils chargent leurs sacs pour une randonnée au parc des Chantereines, à Aubervilliers, où ils apprennent à bien positionner leurs pieds dans la montée. Puis une représentante de Décathlon vient au collège leur apprendre à se poser les bonnes questions pour préparer leur sac : le magasin finance leur équipement à hauteur de 8300 euros. « Un camarade voulait prendre des couteaux et des ciseaux au cas où nous serions attaqués par un ours. Mais les profs l’ont rassuré : il n’y aura ni loup, ni ours », raconte Noemy, une des quinze randonneuses.
« A l’occasion de ces ateliers, j’ai pu mesurer à quel point le projet qu’on préparait pouvait être abstrait pour les élèves. L’un d’entre eux m’a demandé « Mais madame, vous allez nous attacher pour dormir ? » Voyant que sa question me surprenait, il a précisé : « bah pour pas qu’on tombe de la montagne ! »... Il croyait qu’on allait accrocher des hamacs à flanc de paroi, comme des alpinistes de haute volée », sourit Camille Plessis. L’occasion, aussi, de comprendre que chaque chose mise dans le sac devra être portée : adieu ballons et livres.

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Le dernier atelier, une course de relais avec sac à dos chargé, a dû être annulé après un malencontreux coup de pelleteuse, qui a provoqué une inondation de la rue et contraint le collège, au cœur du chantier des JO, à fermer le jour où il était prévu. « Ce qu’on a surtout préparé, c’est le mental. Ils savent que cela va parfois être dur, mais une fois arrivés en haut, ils seront fiers d’eux. Je trouve ça formidable de faire découvrir la montagne aux élèves, de stimuler leur autonomie, leur capacité d’adaptation, leur cohésion de groupe », relate cette professeur de musique.

Pour que le projet soit gratuit pour tous les élèves, les initiateurs du projet se sont transformés en véritables chasseurs de subventions. « Nous avons été aidés par Odyssée Jeunes, le dispositif de l’Education nationale et de la fondation BNP Paribas, et nous attendons encore les réponses de la mairie de Saint-Denis et de Saint-Ouen », détaille Loïc Preghenella. Dans le doute, ils ont aussi lancé une cagnotte Ulule, avec un objectif de 6000 euros, et ont remporté un appel à projet de la Maif, qui multiplie les dons par deux. L’occasion de les aider, et de leur donner la force de braver les éléments !

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ODYSSEE JEUNES, SUR UN RYTHME ECO-RESPONSABLE
Lancé en 2009 et soutenu par le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale et la Fondation BNP Paribas, le programme Odyssée Jeunes a deux objectifs forts : favoriser la mobilité et l’ouverture culturelle des collégiens du 93 au travers d’un voyage scolaire, mais aussi permettre au plus grand nombre de pouvoir en bénéficier et notamment les collégiens issus des familles les plus modestes.
Tous les projets pédagogiques doivent répondre à une des thématiques suivantes : découverte et apprentissage d’une langue étrangère, éducation à la citoyenneté, découverte de lieux de mémoire et historiques, découverte des sciences, éducation au développement durable, éducation artistique et patrimoine, découverte de l’économie, des métiers et des formations. Avec une nouveauté cette année dans l’appréciation des candidatures : des points de bonus écologiques ont été attribués aux projets cherchant à limiter ou réduire leur impact sur l’environnement. Rappelons enfin que les projets Odyssée Jeunes (1) d’une durée d’un an peuvent être financés jusqu’à hauteur de 15 000 euros.
(1) Plus d’infos sur www.odysseejeunes.com

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