A Clichy-sous-Bois, un dépistage gratuit en cœur de ville pour « casser les chaînes de contamination »
Vendredi 22 mai, une opération gratuite de dépistage contre le Covid a attiré environ 200 habitants. Son but : toucher des publics souvent éloignés du système de soins et casser de possibles chaînes de contamination à travers la proposition d’un accompagnement médico-social. Cette opération pilote devrait être reproduite prochainement dans d’autres villes du département. Reportage.
Amanda* est déjà « un peu rassurée ». Le seul fait d’avoir pu voir un médecin et se faire tester au Covid-19 la soulage un peu. Cette mère de quatre enfants, habitante de Clichy-sous-Bois, dit avoir eu « des accès de fièvre à plusieurs reprises » au cours des dernières semaines sans pouvoir se faire tester sur le moment. Alors, quand elle a appris la possibilité de se faire dépister gratuitement à deux pas de chez elle, au pied des barres du quartier du Chêne-Pointu, elle a voulu en avoir le cœur net. Vendredi, elle a donc fait partie des 220 personnes qui se sont présentées volontairement à ce dépistage.
Un premier passage par une tente où un médecin prend vos coordonnées et effectue quelques vérifications sur la présence ou non de symptômes, puis le patient accède à une deuxième tente où des infirmières effectuent un test virologique dit « PCR ».
« C’est un peu douloureux car l’écouvillon remonte haut dans le nez. Mais rien d’insupportable », explique Lamine, habitant de Montfermeil et travailleur social en foyer d’hébergement d’urgence, également venu se faire tester pour « être tranquille ».
Puis la personne peut déjà repartir : elle connaîtra trois jours plus tard son résultat, communiqué par mail ou téléphone. Avec en prime une bouteille de gel hydroalcoolique et quelques conseils distillés par les infirmières. « En cas de test positif, on leur dit d’appeler leur médecin traitant ou, s’ils n’en ont pas, le service de santé de la ville. On leur rappelle aussi de rester le plus possible chez eux, tout en essayant de s’isoler de leurs proches. S’ils jugent qu’ils n’ont pas la place pour le faire, ils peuvent aussi appeler un numéro mis en place par l’ARS qui peut leur proposer une solution d’hébergement temporaire en hôtel », détaille Marie, infirmière en hôpital mobilisée sur ce dispositif. Un hôtel a d’ailleurs été réquisitionné à ces fins à La Courneuve.
« Tester, tracer, isoler » les cas positifs : c’était en effet l’objectif de cette opération gratuite de dépistage. Mais face à une population confrontée à un véritable désert médical (54,6 médecins généralistes pour 100 000 habitants, contre 71,7 en Île-de-France), le but est aussi d’adapter ce triptyque aux réalités du territoire.
« Cette crise a malheureusement mis en évidence les inégalités de certains territoires : inégalités de conditions de vie, inégalités dans l’accès aux soins. Face à cette situation, on a décidé de doubler la stratégie nationale de médecine de ville d’un dispositif plus réactif qui irait vers des populations plus éloignées des systèmes de soins », expliquait ainsi Aurélien Rousseau, directeur de l’Agence Régionale de Santé Ile-de-France, organisatrice de l’opération aux côtés de la ville de Clichy-sous-Bois, de l’AP-HP et du Département. « Ici, il n’est pas toujours évident pour certains habitants d’avoir un médecin traitant. Cela faisait donc sens que cette opération pilote se déroule à Clichy », soulignait Olivier Klein, maire de la ville.
Egalement présent, le président de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel renchérissait : « Ce dispositif présente trois aspects intéressants par rapport aux besoins d’un partie de la population de Seine-Saint-Denis : il atténue l’obligation de prescription médicale, il va au plus près de la population et il renforce les liens entre les aspects sanitaires et sociaux au sens où on propose un soutien en cas de test positif. »
Au-delà du seul dépistage, le dispositif propose en effet, en accord avec la personne diagnostiquée positive, de remonter avec son aide ses contacts des jours passés pour déterminer de possibles « cas contacts ». Cette « enquête contact » menée par la CPAM, est destinée à « casser les chaînes de contamination », dans le plus strict respect de la protection des données personnelles.
« Les personnes qui mènent ces études en cas de Covid sont habituées à traiter le secret médical. L’éthique de ces personnes – des agents soit de l’ARS, soit de la CPAM - est de soigner et uniquement de soigner », assurait ainsi Aurélien Rousseau en réponse aux inquiétudes manifestées ces dernières semaines par plusieurs associations, notamment de défense des sans-papiers.
Les différents accompagnants présents veillaient aussi à ce que le dernier volet du triptyque ne soit pas résumé à une solution d’hébergement temporaire. « Ce n’est pas que ça : il s’agit de mobiliser une équipe médico-sociale pour être à l’écoute des besoins de la personne malade : recherche d’aides à domicile, portage de courses, accompagnement psychologique », détaillait Julie Talibon, du dispositif Maia, un réseau dont le but est de venir en aide aux personnes en perte d’autonomie. Un domaine dans lequel le Département pourrait aussi prochainement augmenter sa participation, en mettant à disposition ses agents, travailleurs sociaux des différentes circonscriptions sociales.
*Le prénom a été changé.
Christophe Lehousse
Photos : @Franck Rondot
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