8 piscines pour la Seine-Saint-Denis après les Jeux
C’est désormais acté : les Jeux de 2024 laisseront 8 piscines, nouvelles ou rénovées, sur notre territoire ainsi que 15 millions d’euros de plus pour le plan piscines du Département. Une bonne nouvelle pour les habitants. Florilège de réactions en marge des 24h du waterpolo, organisées les 23 et 24 juin à Saint-Denis.
Chaïma a le sourire. Ce samedi matin, à l’occasion des 24h du waterpolo, la jeune fille de 12 ans a eu le privilège avec d’autres écoles de waterpolo d’Ile de France de participer à des ateliers avec les joueuses de l’équipe de France. « J’ai eu plein d’autographes et y a même une joueuse qui m’a dit de continuer comme ça, de persévérer », dit la petite joueuse du Cercle 93 – équipe féminine commune aux clubs de Saint-Denis Union Sports, de Livry-Gargan et du Cercle des Nageurs noiséens - au bord du bassin de la Baleine à Saint-Denis.
Dans six ans, Chaïma s’entraînera peut-être à la Plaine, dans un autre bassin, plus proche de chez elle. Huit piscines, voilà en effet l’héritage promis à la Seine-Saint-Denis après l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 : outre le bassin accolé au stade de France où se dérouleront les épreuves de plongeon et de waterpolo, resteront en effet sur le territoire 4 autres piscines (Noisy-le-Sec avec notamment un bassin de 33m spécial waterpolo ; Fort d’Aubervilliers ; Aulnay-sous-Bois et rénovation de Marville, à La Courneuve) plus trois autres, dont l’emplacement est encore à définir. S’ajoutent à cela 15 millions d’euros supplémentaires qui viendront abonder les 40 millions que le Département consacre jusqu’en 2021 à son plan piscines.
« Outre la construction des piscines, cette enveloppe spécifiquement dédiée au plan piscine départemental est une bonne nouvelle pour la Seine-Saint-Denis : ce sujet dont j’ai fait une priorité semble avoir enfin été entendu, car on ne peut pas accepter d’organiser des Jeux olympiques dans un territoire où 1 enfant sur 2 qui entre en 6ème ne sait pas nager. », s’était félicité le président du Département Stéphane Troussel après la signature du protocole conjoint avec le COJO (Comité d’organisation des Jeux) et la Solidéo, jeudi 14 juin.
« C’est forcément une bonne nouvelle pour les habitants, s’enthousiasme Khadija, la maman de Chaïma, devenue bénévole au club du SDUS dans lequel évolue sa fille. Une piscine, ça manquait cruellement au quartier de la Plaine, où nous habitons, car venir trois fois par semaine pour les entraînements à la Baleine, c’est un peu la galère niveau transports », témoigne-t-elle.
Chez les présidents de clubs, l’annonce était aussi plutôt génératrice de bonne humeur. « Ca va dans le bon sens, se félicitait Hervé Borie, président du SDUS. C’est une victoire collective et il faut aussi saluer la politique volontariste du Département en direction du sport, des équipements sportifs en général. » Avant de rappeler tout de même la situation d’urgence à laquelle était jusqu’ici confrontée le territoire : « En France, on a environ une piscine pour 30 000 habitants. Ici à Saint-Denis, c’est pour l’instant une piscine pour 100 000 habitants... Ainsi, La Baleine est clairement saturée. Elle a du mal à répondre aux besoins de tous : scolaires, clubs, associations. Du coup, cette annonce, c’est une bouffée d’oxygène ».
Raison pour laquelle Julie Eissen, présidente du Cercle des nageurs noiséens, appelait à ne pas relâcher les efforts, tout en se félicitant de ce bel héritage. « Un point extrêmement positif, c’est la répartition des bassins à venir sur toute la Seine-Saint-Denis. Maintenant, il ne faudra pas arrêter le travail pour autant, car avec le Grand Paris Express, on va avoir plus de demande. C’est pour cela qu’on ne doit pas louper le virage des piscines évolutives et connectées. » Piscines connectées ? « Oui, avec par exemple un rail lumineux en fond de bassin qui vous incite à nager par rapport à un temps à battre. Ou des petites ampoules LED en fond de bassin qui permettent des jeux. Ce n’est pas ce qui fait exploser le coût de construction d’une piscine et ça permettra sans doute aussi que ces équipements restent rentables ».
D’un point de vue purement poloïste, la construction d’un bassin spécifique au waterpolo de 33 m à côté d’un de 50m à Noisy-le-Sec était évidemment LA bonne nouvelle. « A Noisy, la piscine était vraiment juste par rapport au club et à son niveau d’exigence. Aller voir l’équipe première jouer à Montreuil par exemple, c’était une contrainte », témoignait Andrea, papa d’un petit Mattia, 11 ans, inscrit depuis l’année dernière dans la section de waterpolo du CNN. « Ce bassin spécifique, c’est une bénédiction », renchérissait Florian Bruzzo, sélectionneur de l’équipe de France féminine de waterpolo, en pleine préparation des Championnats d’Europe à Barcelone (à partir du 15 juillet). Pour le haut niveau, parce qu’on va ainsi pouvoir organiser des championnats d’Europe ou du monde. Mais pas seulement : le waterpolo loisir, ça vaut tous les plans savoir-nager du monde. Parce qu’à travers lui, les gamins apprennent à nager de manière ludique et aussi parce qu’il prévient à mon sens mieux les noyades que la natation : c’est un sport où l’on est confronté à l’opposition, à l’imprévu. »
La rénovation de la piscine de Marville, combinée aux nouvelles piscines de la Plaine et de Noisy permettrait aussi au Cercle 93 de faire avancer ses projets. Parmi lesquels une féminisation de la pratique : « Jusqu’à présent, il n’y avait pas assez de filles dans nos clubs respectifs pour monter des équipes féminines. Là, voici 18 mois qu’on a une équipe féminine commune aux trois clubs, et la rénovation de Marville, où se fait l’entraînement commun, ne peut être qu’un plus. C’est très important de promouvoir le sport féminin. Dans les quartiers populaires, trop de filles sont encore éloignées du sport alors qu’on sait que la pratique sportive permet une valorisation et un essor social certains », insistait la présidente Julie Eissen.
Pendant ce temps, la collection des chasseurs et chasseuses d’autographes du Cercle 93 avait encore augmenté et on voyait déjà s’ébaucher dans les têtes de certains de beaux rêves de participation à des Jeux à la maison. Une autre quête… L’après-Jeux semble en tout cas se dessiner très clairement.
Photos : @Nicolas Moulard
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