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30 ans de Zebrock dans la musique : il·elle·s racontent

Depuis 30 ans, l’association Zebrock éduque les jeunes de Seine-Saint-Denis aux musiques actuelles, soutient et encourage les musiciens en voie de professionnalisation avec son concours le Grand Zebrock. L’occasion pour son créateur et ses intervenant·e·s de raconter cette grande aventure...

Dans la boîte à souvenir de Zebrock, ça scintille… Edgar Garcia raconte : « En 2004 au moment où on parlait d’identité nationale, nous avons invité Charles Aznavour a rencontrer les élèves du Lycée Bartoldi de Saint-Denis, dont beaucoup étaient allophones. » Entre le chanteur octogénaire venu d’Arménie et les jeunes venus du Mali, de Chine, du Mahgreb le courant était passé de suite : « Il est comme nous ! Il est venu ici parce que c’était la galère chez lui, et avec du travail, il s’est fait une vie ! » Des souvenirs pareils, l’histoire de Zebrock en regorge.

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« En 30 ans, Zebrock a sensibilisé 30 000 jeunes de la Seine-Saint-Denis aux musiques actuelles, ouvert 30 000 portes vers la création, la musique ! » Edgar Garcia, son directeur historique est bien en peine de résumer tout ce qu’est Zebrock. Créée avec le soutien du Conseil général de Seine-Saint-Denis, cette association proposait dès ses débuts aux collégien·ne·s Zebrock au Bahut : des ateliers pour réfléchir à une thématique sociétale touchant l’adolescence (J’fais ce j’veux !, Ma chambre, les genres… ) à partir d’une sélection de chansons. Un livret d’une vingtaine de chansons sur une durée de 50 ans était proposé, avec tout ce qu’il faut pour comprendre (notices sur les textes, la musique, l’interprète, le contexte…). Les élèves participent à un concert, et ensuite élaborent une restitution de ce qu’ils-elles ont appris en présentant un travail, individuel ou en groupe. Parmi les concerts et participants : les Innocents, Willy deVille, Little Bob Story, Pigalle, Zebda, Alexis HK...

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Le Grand Zebrock, école de scène

Le Grand Zebrock propose aux jeunes musiciens non seulement un tremplin avec un concours renommé, mais aussi des formations en chant, écriture, prestations scéniques… La chanteuse Demi-Mondaine y avait d’ailleurs participé… entre autres !
Zebrock, c’était également un fanzine édité par le Conseil général, qui faisait le lien entre toutes les musiques, tous les musiciens… Un des premiers à parler du rap !
Patrick Coutin, le chanteur qui « aime regarder les filles », a été de l’aventure depuis le début. Il témoigne : « Ce qui est frappant dans Zebrock, c’est leur volonté de mettre de l’intelligence dans la musique pop. Ce n’était pas courant et pour beaucoup les musiques popualires était de la sous-culture, les musiciens mal considérés, souvent payés au black, quand ils étaient payés… Zebrock traitait les artistes, même en devenir, comme des professionnels. Aux débutants du Grand Zebrock, ils donnaient les clés pour faire un métier de la musique. En leur faisant rencontrer de grands musiciens : Patrick Rondat (guitariste de Jean-Michel Jarre notamment), Patrick Verbeke (Blues), Christian Vander (batteur fondateur du groupe Magma), des musiciens qui au-delà de leur technique, ont cette magie, cette passion qui transforme la vie . »

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Joana Lerena-Larcher, professeure de français au collège Jolio-Curie de Stains et fan de rap déclare : « Zebrock, c’est une merveilleuse entrée dans la culture française et dans les mots. Les élèves sont acteurs de leur projet, ils ont le sentiment d’être valorisés. Avec Zebrock ils apprennent l’écriture, la versification, la composition, l’Histoire, l’oralité, le chant, à enregistrer et à devenir des spectateurs intelligents ! Dans le 93, on a la chance d’avoir des projets, des salles, artistes qui veulent travailler avec les élèves. Et c’est un énorme cadeau ! »

« Mon premier concert, j’étais en quatrième en 1992, c’était Pigalle, dans la salle polyvalente de mon collège Henri-Wallon de Rosny ! Grâce à Zebrock ! » Anne Ternisien est désormais directrice des ressources humaines de Tremblay-en-France, mais en 1993 elle a participé à Zebrock au Bahut avec les Innocents. « Le rock, la musique en général, je n’y connaissais pas grand-chose. J’étais une élève un peu en retrait. Mais avec Zebrock, je me souviens qu’il y avait plein d’échanges entre nous. » Et Anne Ternisien de conclure avec une belle définition pleine de paradoxes :« Zebrock c’est un moment dans la vie d’un jeune qui donne envie d’apprendre des choses plus ludiques, plus en prise avec la réalité quotidienne, mais qui lui permet de s’évader. »

Photos : Sylvain Hitau

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