Une nouvelle vie pour les ex-labos Eclair
Fondés en 1907 à Epinay-sur-Seine, les mythiques studios Eclair ont vu défiler René Clair, Alain Resnais ou encore Claude Sautet et été impliqués dans une bonne partie de la production de films français au XXe siècle. Après leur fermeture en 2013, les voilà aujourd’hui appelés à une nouvelle vie, entre activités culturelles et environnement. Lancez le film !
Quand le 28 décembre 1895, à Paris au Grand Café, les frères Lumière organisent la première projection publique d’un film au monde, les spectateurs sont tout simplement sidérés. Sidérés et enthousiastes. La sortie des ouvriers de l’usine Lumière, leur premier film, d’une durée de 50 secondes, donne le coup d’envoi à un art et une industrie qui allaient bouleverser la vie des gens. Les premiers films de l’histoire du cinéma sont tournés en extérieur. Deux ans après la mémorable projection des frères Lumière au Grand Café, Méliès construit son studio, à Montreuil, dans sa grande propriété. Il y installe son « atelier de pose » pour y tourner des « scènes à trucs ». C’est tout autour de Paris, en banlieue, que se montent les différents studios : Pathé à Vincennes, Lux Films à Gentilly, Eclipse à Boulogne, le Film d’art à Neuilly-sur-Seine, Aubert à Joinville, Eclair à Epinay-sur-Seine.

Le directeur de la photo Henri Alekan avec une CamEclair
Créés en 1907 à Epinay-sur-Seine, les Laboratoires Eclair ont été un des acteurs les plus importants de l’histoire du cinéma français. Des plateaux de tournage au tirage des copies d’exploitation, les producteurs peuvent suivre sur place toute la chaîne de fabrication d’un film. Durant un siècle, le site a participé à la fabrication et au tirage de plus de la moitié des films du XXe siècle. Les plus grands noms du cinéma y ont travaillé : Robert Bresson, Alain Resnais, Robert Altman, Claude Sautet, et tant d’autres. Mais frappé de plein fouet par le passage au numérique, dès 2006, les labos ne peuvent plus faire face aux difficultés. Et après leur fermeture définitive, la ville d’Epinay rachète le site en 2018.
Un lieu artistique et culturel
Un projet de reconversion, mené par la collectivité Plaine Commune, des artistes et des urbanistes, a pour ambition de transformer ce lieu mythique, désormais en friche, en un lieu artistique et culturel. Cet ancien site industriel d’une surface de quatre hectares, en plein cœur de ville, abritant une « forêt urbaine », a toujours été fermé au public. C’est toujours à l’écart des regards indiscrets que les productions cinématographiques étaient réalisées.
Cette reconversion s’inscrit dans la démarche Territoire de la culture et de la création, initiée par Plaine Commune, qui place l’art et la culture comme fil rouge de la fabrique de la ville.
On espère que d’ici 6 ans, l’ensemble du site sera ouvert au public et permettra aux différentes activités de s’y développer.
En attendant, un premier rendez-vous est donné en 2022, pour une activation partielle du lieu. Une partie du mur clôturant la propriété aura été abattue afin de créer une liaison avec le centre-ville, et pourquoi pas entre la « forêt urbaine » et les parcs. Dans cet espace boisé d’un hectare comptant plus de 500 arbres aux essences remarquables, la biodiversité s’est installée, à l’abri des embarras urbains… Des chauves-souris vivent leur vie tranquillement, tandis que des familles de renards y ont trouvé refuge.
Capitale européenne de la culture ?

Aujourd’hui, le projet imaginé, issu de deux années d’études de pré-programmation menées par le groupement Une Fabrique de la ville et le Centquatre Paris avec José-Manuel Gonçalves, vise à en faire un lieu de vie ouvert sur le quartier, invitant à la déambulation en dialogue avec la culture, l’art et la nature. Le projet urbain lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt de la Région comptera trois secteurs : un lieu de création et de travail regroupant des artistes, des artisans et des structures de l’économie sociale et solidaire ; un lieu d’expériences et d’apprentissage au contact de l’art et de la nature ; et enfin un lieu de vie ouvert avec des usages de proximité.
Comme on peut l’imaginer, les sols sont gorgés de produits chimiques et il faudra donc en passer par une dépollution. L’ambition que portent Plaine Commune et le Département de la Seine-Saint-Denis à ce projet les conduit à imaginer la candidature du territoire pour devenir Capitale européenne de la culture en 2028.
Claude Bardavid
Photo : ©Cent-Quatre
Une Fabrique de la ville
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