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Un échange européen novateur sur l’éducation à la sexualité

À l’heure d’internet et des réseaux sociaux, les adolescent·e·s sont de plus en plus nombreux·euse·s à regarder des images X susceptibles de développer des clichés sexistes. À la suite des Rencontres de l’Observatoire des violences faites aux femmes en Seine-Saint-Denis, le Département a reçu du 6 au 10 décembre des délégations bulgares et suédoises dans le cadre du projet « Éducation à la vie affective et sexuelle (EVAS) des collégien·ne·s ».

Pendant une semaine particulièrement chargée, les 16 représentant·e·s étranger·ère·s ont arpenté une vingtaine d’espaces d’accueil et rencontré de nombreux·euse·s professionnel·le·s du territoire en lien avec les jeunes.
Atte, Ida Sofia, Magda et les autres en ont profité pour multiplier les séances d’observation EVAS dans les collèges ou échanger de bonnes pratiques destinées à favoriser les comportements de respect de soi et de l’autre. « En Suède, nous avons une approche positive et plutôt déculpabilisée de la sexualité » confie Johanna Lundström, membre de l’association suédoise RFSU Göteborg. « En Bulgarie et en France, vous employez des outils créatifs comme des jeux de société que nous pourrions utiliser pour sensibiliser les jeunes à l’égalité filles-garçons ». Autant d’échanges pour briser les tabous ou lutter contre l’homophobie et « la culture du viol ».

Un projet cofinancé par le programme européen Éramus +

Les délégué·e·s de l’association RFSU Göteborg et de la fondation Y-Peer ont enchaîné les visites de structures départementales comme la mission Égalité-Diversité, le CeGIDD de Bobigny, la MMPCR... et assisté à des rencontres d’adolescent·e·s avec une conseillère familiale et conjugale au collège Marcelin-Berthelot de Montreuil. Très intéressé·e·s par le dispositif Jeunes contre le sexisme, ils·elle·s ont ainsi assisté à un théâtre-forum de la compagnie Féminisme-Enjeux avec des élèves blanc-mesnilois.
Le 9 décembre, la délégation a notamment visité le centre de planification de Villemomble et l’espace d’information, d’écoute et de prévention pour les jeunes du Tête à Tête à Rosny-sous-Bois. Halima Staali, conseillère familiale et conjugale a présenté avec ses collègues les missions du planning familial (incluant l’orientation des femmes victimes de violences) et les interventions effectuées dans les établissements scolaires. Dans l’après-midi, un animateur a de son côté détaillé les services du Tête à tête qui aborde de manière originale les questions sexuelles, de drogue, de mal-être ou de violence…

Une meilleure coordination pour « apprendre à aimer »

« Le Département possède beaucoup de ressources sur le territoire en matière de soutien à la vie affective et souhaite réunir ces compétences dans un document unique » affirme Maïlys Gourier, cheffe de service du projet éducatif et de la jeunesse.
Les collèges ayant l’obligation de donner trois cours d’éducation à la sexualité par an, ce projet EVAS totalement précurseur en Europe a pour objectif de réaliser un kit pédagogique réunissant les bonnes pratiques des trois pays, qui sera diffusé aux professionnel∙le∙s de ces trois nations à compter de septembre 2022.
Pour ce faire, une délégation séquano-dionysienne (composée de chargées de projets, d’une infirmière, d’une sage-femme, d’une gynécologue…) s’est déplacée en octobre à Sofia en Bulgarie. Un second voyage à Göteborg, en Suède est prévu en février 2022.
Une initiative très positive pour Célia Pichon, professeur d’anglais au collège Fabien de Saint-Denis. « J’ai bénéficié en 2020 d’une formation pour instaurer des cours d’éducation à la sexualité et j’ai réalisé des séances interactives avec les élèves entre autres sur les stéréotypes de genre » confie-t-elle.

L’enseignante bénéficiera dans quelques mois d’un kit pédagogique qui lui permettra d’enrichir ses activités éducatives, conforter sa posture professionnelle et connaître de bonnes ressources. Une excellente nouvelle pour le jeune Albi, un élève de 5ème très content de partager le terrain de football avec les filles et qui affirme que celles-ci doivent « pouvoir faire tout ce qu’elles veulent sans être gênées ». La prochaine génération sera certainement plus avertie et plus égalitaire.

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Maggie Nazer, directrice de l’association bulgare Solidarity works, de la fondation internationale Y-Peer

Cet échange international nous a permis de mieux comprendre comment chaque territoire s’engage pour favoriser l’information et l’émancipation des jeunes dans le domaine de la santé sexuelle. C’était très intéressant de voir comment le Département de la Seine-Saint-Denis a agi contre les violences faites aux femmes en impulsant des coordinations avec la Police, les hôpitaux, la Justice... avec une attention particulière des services de planification familiale. Nous allons nous inspirer de ces bonnes pratiques dans l’optique d’une réelle prise de conscience par les autorités bulgares de ce phénomène qui continue à faire des ravages en Bulgarie.
À l’inverse, nous avons dans notre ONG une tradition d’éducation par les pairs aux questions de vie affective et sexuelle. Les jeunes mettent en valeur ce qu’ils ont appris et diffusent lors d’ateliers des messages d’épanouissement personnel ou de prévention, de manière conviviale et horizontale. Un processus d’apprentissage intéressant à retenir pour les Français ?

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Crédit-photo : Nicolas Moulard

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