Un amour infini pour un théâtre infini
Avec La volupté de l’honneur de Pirandello, Marie-José Malis dit son amour du théâtre. Du théâtre de boulevard au théâtre russe, en passant par le théâtre italien, et celui d’avant-garde… Ceux qui aiment le théâtre auront l’embarras du choix.
L’histoire est simple. Agata est enceinte d’un homme marié. Afin de sauver son honneur, ce dernier recrute un inconnu pour l’épouser. Mais le nouveau prend son rôle très à cœur. Quand la comédie tourne à l’honnêteté, Marie-José Malis réussit formidablement bien sa mise en abîme. Elle exhorte sa troupe de comédiens à être le plus honnête possible avec ce très beau texte de Pirandello. A être le plus honnête possible avec ses émotions, ses qualités, sa personnalité. Pour cela, elle étire le temps. Elle laisse aux comédiens le temps de nous regarder, de respirer, de nous sourire. Ce qu’elle préfère, ce sont les silences qui en disent long, les regards qui se vident.
Et loin de nous voler trois heures trente de notre vie, elle nous les offre. Nous qui ne savons plus prendre le temps de ne rien faire. Nous qui courons à perdre haleine. Trois heures trente : une plage horaire où la chaleur humaine s’installe, la réflexion aussi… car La volupté de l’honneur est un spectacle à voir et à penser. Un spectacle qui parle de nos vies. Avec délicatesse et franchise, les personnages cherchent une issue acceptable. Comme le disent si bien les Espagnols : ils se cherchent la vie. Ils se débrouillent quoi ! Chacun avec leur façon d’être, sans se trahir.
Chez Marie-José Malis, on ressent un grand respect pour ses comédiens, pour ce qu’ils sont, pour leur personne et leur personnalité. Chacun d’entre eux a sa manière de nous donner du théâtre. Avec charme. Avec timidité. Avec drôlerie. Avec passion. Avec générosité. Chacun fait de son rôle un objet si personnel qu’on a l’impression d’avoir affaire à un orchestre constitué uniquement de solistes.
Mais où es-t-on d’ailleurs ? Quand la pièce démarre on se demande même si on ne s’est pas trompé de salle. On dirait du théâtre de boulevard. La bonne arrive. Elle descend les escaliers. Les portes s’ouvrent et se ferment. Non, finalement à y regarder de plus près nous ne sommes pas « Au théâtre ce soir » : les costumes ne sont pas de Donald Cardwel ni les décors de Roger Hart. Quelques chaises dépareillées. Des vêtements qui clament leur neutralité ou se fondent dans le décor.
Et puis la pièce change de registre, quand Agata apparaît vêtue de satin blanc. Avec ses mains, elle apporte sa douleur, son intransigeance, sa détermination. La musique apparaît. Elle apporte gravité et profondeur. Marie-José Malis utilise la musique avec parcimonie. Et l’effet qu’elle nous fait est si sophistiqué et si réussi qu’elle nous transporte chez Duras, l’espace de cette scène.
Marie-José Malis nous réserve aussi des surprises, des gags même, avec son théâtre. Elle arrive à nous faire rire et à nous effrayer. Elle aime tellement le théâtre, tous les théâtres, qu’elle arrive à les réconcilier invitant sur une même scène les clones de Mister Bean, Fabrice Luchini, Jean Lefèvre, Pouchkine… Elle arrive à nous inclure, aussi, nous public, dans son théâtre. Un théâtre égalitaire où chaque personnage comme souvent chez Pirandello est une facette d’un même prisme qui brille. Tous à égalité. D’où cette étrange sensation de faire partie d’un tout.
La volupté de l’honneur a été montée l’an dernier au théâtre de la Commune. Si vous aimez le théâtre, ne ratez sous aucun prétexte cette reprise dont chaque moment reste à jamais gravé.
Marie-José Malis, metteuse en scène :
« C’est l’histoire d’un homme qui cherche l’honnêteté. En voyant qu’elle n’est pas possible ; que le monde est un peu partout corrompu, il décide de prendre le masque de l’honnêteté. Si tous les matins il joue ce rôle de l’homme honnête alors il le deviendra, imagine-t-il. Il s’oblige à être honnête comme un clown s’obligerait à mettre, chaque matin, un nez rouge. Et il y arrive. Il prend des habitudes. Il a une discipline. Et non seulement il y arrive mais il arrive même à rendre honnête tout le monde autour de lui. Et politiquement c’est génial. Comment on a réussit à changer le monde en se donnant des projections, des fictions, on s’y tenant, en se créant une discipline. Cette idée que la fiction construit la vie. Le génie théâtral de Pirandello réside dans l’incroyable confiance qu’il avait dans le théâtre. Du théâtre bourgeois, il va faire une espèce de bombe. »
Avec Pascal Batigne, Juan Antonio Crespillo, Sylvia Etcheto, Olivier Horeau, Victor Ponomarev et Sandrine Rommel.
La Volupté de l’Honneur (IL PIACERE DELL’ONESTÀ)
de Luigi Pirandello mis en scène par Marie-José Malis
– Du 3 novembre au 11 novembre 2016
– Au théâtre de La Commune
centre dramatique national
: 2 rue Édouard-Poisson Aubervilliers
– 01 48 33 16 16
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