Un accueil santé au coeur des quartiers populaires
Aller dans les quartiers prioritaires de Seine-Saint-Denis pour parler santé aux habitant·e·s, c’est la vocation des médiateur·rice·s du Département et d’associations partenaires. Reportage à la Cité des 4000 à la Courneuve, en présence de Stéphane Troussel et de la vice-présidente Magalie Thibault.
« J’ai attrapé plusieurs fois la Covid et j’ai fait ma deuxième dose en janvier. Je dois faire quoi dans les prochains mois ? » s’interroge Évelyne, une élégante courneuvienne de 65 ans. Juliette, médiatrice du Service départemental de la Prévention et des Actions Sanitaires (DPAS) lui explique que l’efficacité des vaccins contre le SARS-COV 2 diminue après six mois et lui indique l’adresse du centre anti-Covid le plus proche. La jeune femme a conseillé pendant l’après-midi avec cinq autres médiatrices du Département et des associations Avenir Santé et ARCAT une vingtaine de personnes en leur faisant connaître les bons réflexes et les ressources de proximité.
se remettre dans un parcours de soins
La DPAS a travaillé en amont avec le bailleur public Seine-Saint-Denis Habitat pour identifier les quartiers les plus éloignés du système de santé, souvent victimes de désertification médicale. Soutenue par la Fondation BNP Paribas, elle a mobilisé les associations de proximité pour faire connaître l’accueil santé, amené à « tourner » dans les cités pendant deux à trois ans. « Nous souhaitons jouer un rôle de passerelle vers l’offre de soins en instillant des logiques de prévention souvent ignorées des populations » explique Marie Pastor, cheffe du service de la prévention et des actions sanitaires.
Les Séquano-Dionysien·ne·s rejoignant le stand font part de difficultés réelles. « J’y vois flou et j’ai des maux de tête depuis des semaines mais c’est vraiment la galère pour trouver un ophtalmo autour de chez moi » confie Ryan*, 19 ans, originaire de Sevran. Le jeune homme, qui reconnaît consommer régulièrement du cannabis sera orienté entre autres vers le Centre départemental de prévention santé d’Aulnay-sous-Bois et l’accueil téléphonique du Fil Santé Jeunes.
« On cherche à libérer la parole des jeunes en leur parlant comme à des amis et en distribuant des kits pratiques et originaux sur les addictions » déclare Raphaëlla, en Service civique pour l’association Avenir Santé. Maïmouna, médiatrice de l’ARCAT, une association luttant contre les infections sexuellement transmissibles et les discriminations a de son côté communiqué sur la contraception féminine ou les procédures de dépistage du VIH (TROD, auto-tests, CEGIDD...)
Lever les freins dans l’accès aux droits
« La Ville de la Courneuve a mis une salle de la médiathèque attenante à disposition pour conseiller des habitant·e·s qui souhaiteraient plus de confidentialité » avance l’animatrice de l’ARCAT. Cet espace numérique public permettra aussi aux médiatrices d’accompagner les usager·ère·s non-équipé·e·s d’ordinateur pour réaliser des ouvertures de droits ou des démarches en ligne comme le renouvellement de l’ex-CMU.
« Les habitants des quartiers prioritaires ignorent souvent l’existence de dispositifs de santé comme l’éducation thérapeutique ou les centres municipaux de santé pratiquant le tiers-payant » signale Floréale Mangin, responsable du secteur « Aller vers » de la DPAS, qui se donne un an pour les rendre plus autonomes.
L’accueil santé mobilisera lors de ses prochains passages des animateur·rice·s d’autres associations locales ou nationales portant des messages de prévention, à l’instar du Comité des familles ou des ONG AIDES, la Marmite, ADSF, Femmes Relais de Bobigny ou Afrique Avenir...
Les médiateur·rice·s qui transmettent tous les conseils possibles, sont souvent dans l’ignorance de l’impact réel de leurs interventions. Pour combler ce « vide statistique », le Laboratoire Éducation et Pratiques de Santé de l’Université Sorbonne Paris Nord réalise une recherche évaluative des effets de l’accueil santé sur les pratiques des publics cibles. Une expérience pilote qui permettra d’adapter sans cesse les messages transmis et de réduire les inégalités de santé qui touchent durement les citoyen·ne·s les plus fragiles ou les moins informé·e·s.
* Prénom modifié à la demande de l’intéressé
Toutes les informations pratiques sur l’accueil santé sont disponibles sur seinesaintdenis.fr/accueilsante.

Crédit-photo : Nicolas Moulard
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