Un Handiforum pour améliorer l’accès au monde du travail
Le Département organisait mardi 16 mai un Forum en faveur de l’emploi des personnes en situation de handicap. Plus de 40 entreprises et collectivités locales étaient présentes. Pour un même objectif : œuvrer pour un meilleur accès à l’emploi des personnes en situation de handicap.
« Il s’agirait de travailler dans une usine de recyclage où il y a pas mal de monde et de bruit. Ca ne vous dérangerait pas ? » Charlotte secoue la tête. « Non, ça me dérange pas. J’ai déjà travaillé comme brancardière dans une clinique. J’ai vraiment envie de retrouver un travail. »
La jeune femme, qui a pris place au stand du Petit Plus, semble intéressée par l’offre d’emploi de cette entreprise. Spécialisée dans le recyclage et basée depuis 2019 à La Courneuve depuis son rachat par le géant Paprec, cette structure débarrasse ses clients de leurs chutes de papiers et de leurs déchets pour en faire des ballots. Entreprise dite « adaptée », elle doit employer selon la loi au moins 55 % de travailleurs en situation de handicap : dans son cas, le chiffre monte même à 69 %.
Pour ces personnes en situation de handicap, plusieurs postes de travail sont possibles ; au tri, mais aussi comme chauffeurs, chargés de collecter les déchets sur le site du client. « J’ai un petit handicap mental, mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas en mesure de travailler », poursuit la jeune femme volontaire, venue avec son père Eric qui la soutient évidemment dans son désir d’autonomie. « Des job datings comme ce Handiforum, c’est bien mieux que des relations à distance, où le mail qu’on envoie est aussitôt oublié. Là au moins, on a la possibilité d’échanger avec le futur employeur, de voir si ce qu’ils nous propose est adapté ou pas... », renchérit Eric qui n’est manifestement pas le seul à penser ainsi.
Du monde partout dans les allées de la MC93, le théâtre de Bobigny qui accueille la manifestation, 40 entreprises ou collectivités représentées... Le Département et ses partenaires dans le champ de l’inclusion au travail, ont une nouvelle fois eu la preuve de l’utilité de ce genre d’événements. Il faut dire que l’urgence est toujours là : le taux de chômage des personnes en situation de handicap est toujours le double de celui de la population globale, soit 18 %.
8,8% d’agents en situation de handicap au Département
Organisateur de la manifestation - la 8e du nom - le Département prêchait aussi par l’exemple en ayant son propre stand. « Comme toutes les collectivités territoriales, nous sommes tenues de nous conformer à la loi de 2005 et d’employer au minimum 6 % d’agents en situation de handicap. Dans notre cas, nous atteignons même les 8,8 %. Tous les secteurs d’activité ou presque sont concernés : il suffit juste de mener un bon travail d’adaptation du poste au préalable », explique Corinne Ornon, cheffe de la Mission handicap au Département.
Justement, une autre jeune femme, Yasmine, vient de déposer un CV au stand du Département, pour ce qui serait un premier emploi. « J’aimerais travailler dans des tâches administratives. J’ai vraiment envie. Mon seul stress est peut-être d’être livrée à moi-même dès le départ. » Aussitôt rassurée sur les conditions dans lesquelles elle prendrait son poste, on propose à cette Aulnaysienne un premier essai sur le mois de juillet.
Elle aussi est accompagnée par son père, Kamel, qui explique se sentir parfois abandonné dans l’accompagnement de sa fille. « C’est un peu une jungle administrative. On nous demande souvent de refaire des dossiers, car les cas réels ne correspondent pas vraiment aux cases prévues. On a parfois le sentiment du pot de terre contre le pot de fer. Je vais vous prendre un exemple : après son parcours en ULIS (Unités localisées pour l’inclusion scolaire, un dispositif d’intégration en milieu scolaire « standard »), ma fille s’est retrouvée sans rien. Il a fallu que nous démarchions nous-mêmes des structures pour lui permettre de continuer sa scolarité », insiste celui qui voit toutefois d’un bon œil une initiative comme le Handiforum.
De l’écoute pour une meilleure inclusion
Il est vrai que l’écoute et l’accueil y sont bons, comme celui réservé par Benoît Lemaître, du collectif Atouts pour tous, à Savannah et sa maman. La spécialité de ce réseau national ? Mettre en contact des jeunes en situation de handicap, âgés de 16 à 30 ans, avec l’employeur adéquat, grâce à un gros réseau régional. En l’occurrence, Savannah, 19 ans, porteuse d’un handicap psychique, qui va bientôt se retrouver sur le marché du travail après sa sortie d’IME (Institut médico-éducatif) à la fin de l’année. Un moment toujours un peu délicat, mais que la jeune fille semble avoir déjà très bien anticipé. « Idéalement, j’aimerais travailler dans le domaine des jeux vidéo. Peut-être faire de l’assistance en ligne pour des joueurs, je ne sais pas si ça existe. En tout cas, je sais ce que je ne veux pas : mon stage en conditionnement m’a moyennement plu », explique la jeune fille. Et Benoît Lemaître de lui communiquer la liste des ESAT (Etablissement et service d’aide par le Travail) à proximité de Noisy-le-Sec, son lieu d’habitation. « Tu prends déjà les transports en commun pour te rendre à ton IME ? C’est remarquable. Je connais plein d’autres jeunes de ton âge qui ont peur quand on leur propose autre chose que le taxi », la félicitait cet ancien formateur en IME. Pas encore fixée sur son avenir, la jeune fille s’en allait en tout cas avec le sourire.
Christophe Lehousse
Photos : ©Nicolas Moulard
Une école des transitions professionnelles créée par le Département
Les facteurs de pénibilité liés à certains métiers obligent parfois certain·e·s agent·e·s à entamer une reconversion professionnelle. En 2022, 60 agent·e·s ont ainsi été accompagné·e·s dans le cadre d’un parcours préparatoire au reclassement et 32 affecté·es à un poste vacant à l’issue de leur parcours. Pour rendre ce processus moins douloureux, le Département a créé en 2019 l’Ecole des transitions professionnelles, présentée ce mardi par les cheffes de la Mission handicap, Corinne Ornon et Ghazaleh Monazzami. Ce dispositif, destiné aux agent·e·s en reconversion, leur propose différents modules tels que l’adaptation du poste de travail, de petits jeux de théâtre, mais aussi un atelier hebdomadaire de remise en forme. Voilà donc 3 ans maintenant – interrompus certes par le Covid – que Georges Makowski, un des professeurs de l’APSAD 93, l’association sportive du Département, propose des cours ludiques d’entretien et de remise en forme. « L’objectif est de redonner confiance à travers l’activité physique, de montrer que même avec un corps fatigué, on peut encore s’amuser, se sentir bien », explique ce coach sportif, par ailleurs journaliste au Département. L’année dernière, une vingtaine d’agent·e·s suivaient ses cours, un chiffre sensiblement égal cette année.
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