Santé & Prévention Saint-Denis

Santé mentale, addictions : l’Académie populaire de la santé casse les tabous

Une vingtaine d’ambassadeur·rice·s de l’Académie populaire de la santé se sont réuni·e·s vendredi 15 octobre à l’Usine Té de la Plaine Saint-Denis pour préparer des actions de prévention sur les problématiques de santé mentale et d’addictions. Accompagné·e·s par un ensemble d’expert·e·s, ils·elles ont réfléchi aux moyens de faire tomber les clichés sur ces thématiques délicates.

« Les personnes ayant des troubles psychiques sont-elles dangereuses pour le reste de la population ? » questionne Léone, ambassadrice. Ses pairs se positionnent aux trois-quarts à droite d’un ruban posé au sol matérialisant les « pas d’accord ». Après avoir laissé les participant·e·s s’exprimer, la jeune femme annonce que, selon les données de Psycom, « les personnes atteintes de troubles mentaux ne représentent qu’une infime minorité des criminels ou des délinquants et sont davantage victimes de violences que le reste de la population ». Pendant la journée, les ambassadeur·rice·s ont imaginé et mis en scène un ensemble d’animations interactives et informatives de ce type, qui pourront être réutilisées lors de prochaines actions de sensibilisation au sein d’associations ou de structures collectives.

Changer le regard et être dans la bienveillance

Initiée par le Département et accompagnée par la Fondation BNP Paribas, l’Académie populaire de la santé forme depuis janvier 2021 des volontaires de Seine-Saint-Denis pour qu’ils·elles sensibilisent leur entourage familial, associatif ou bien encore leur quartier aux enjeux de santé. Pour leur septième rencontre, les ambassadeur·rice·s, composé·e·s de professionnel·le·s médico-sociaux·ales et de simples citoyen·ne·s, ont abordé les thématiques des maladies mentales : autisme, schizophrénie... et de la dépendance aux produits psychoactifs.
Ils·elles ont cherché les moyens de faire changer le regard quelque peu stigmatisant du public sur ces sujets. « Les personnes atteintes de handicap mental cherchent à être autonomes et insérées dans la société » affirme Bruno, également éducateur spécialisé pour l’association Vivre autrement. Pour ce faire, elles fournissent de gros efforts dans le cadre professionnel et dans leurs relations avec les « neurotypiques ».
Éclairé·e·s par Aurélie Desimeur, cheffe de projet de la MMPCR, Laurent Bauer, directeur du CODES 93, Olivier Le Mens, coordinateur de l’association montreuilloise PROSES et Alexandre Vaillant de l’ONG dionysienne La Trame, les ambassadeur·rice·s ont insisté sur l’importance d’une écoute positive sans préjugé et d’un accompagnement vers les services existants sur le territoire.

Des interventions auprès de la population

Les ambassadeur·rice·s sont aidé·e·s sur le plan méthodologique par des expert·e·s du CODES 93 (Comité départemental d’éducation pour la santé) et du LEPS (Laboratoire éducations et pratiques de santé) de l’université Sorbonne Paris Nord qui mène un travail d’observation du dispositif. « Je les incite à bien prévoir en amont leur intervention en se basant sur des sources fiables et en étant dans l’écoute, la convivialité et le contrôle de leur intervention » explique le directeur du CODES 93, qui organise quelquefois des rendez-vous supplémentaires à la demande des sous-groupes.
Les volontaires prévoient des animations interactives et pédagogiques structurées, à l’instar d’une intervention sur le diabète prévue dans les prochaines semaines dans les locaux d’Ikambere, une association de femmes touchées par le VIH.L’ambassadeur Alfousseyni va de son côté mettre en place en novembre une réunion d’information sur l’ouverture de droits et l’accompagnement médico-social au sein d’un foyer de travailleurs migrants d’Adoma à Montreuil. Comme ses collègues, il a contribué à la réalisation d’une bibliothèque de vidéos pédagogiques sur plusieurs sujets de santé, avec des conseils adaptés à la Seine-Saint-Denis.

Les participant∙e∙s, professionnel∙le∙s médico-sociaux∙ales ou pas, reconnaissent tou∙te∙s avoir énormément appris grâce à ce dispositif qu’ils∙elles conseillent maintenant à leur entourage. Et cinq d’entre eux∙elles vont poursuivre cette formation par un Diplôme Universitaire à l’université de la Sorbonne Paris Nord
en médiation ou prévention et réduction des inégalités en santé.

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Crédit-photo : Jean-Louis Bellurget

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