Pierrefitte-sur-Seine Consommation

RAPID, les champions de l’anti-gaspi

A Pierrefitte, une régie associative projette de « mieux valoriser les invendus alimentaires. » En s’appuyant sur sa propre cuisine, le projet RAPID créera aussi des emplois en insertion. Explications avec Audrey Renaud, directrice de la structure, lauréate d’un appel à projets IN Seine-Saint-Denis.

En France, on évalue le gaspillage alimentaire annuel à 10 millions de tonnes, un chiffre que connait parfaitement R.A.P.I.D, autrement dit la « Régie Associative Pierrefittoise d’Insertion et de Développement » qui planche actuellement sur un projet de valorisation des invendus alimentaires. Lauréat de l’appel à projets du In Seine-Saint-Denis en 2017, R.A.P.I.D a déjà installé son espace partagé de production culinaire au sein de l’ex-cuisine de la ville de Pierrefitte. Prochain objectif d’ici à la fin 2018 : mettre en place sa plate-forme de tri des invendus alimentaires.

De quel constat part le projet de recyclage alimentaire mené par R.A.P.I.D ?

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Audrey Renaud : "Tout est parti pour nous d’une loi votée en 2016 qui a changé la donne. Depuis ce texte, les supermarchés au lieu de jeter les invendus alimentaires, doivent les donner à des associations caritatives. On s’appuie donc sur cette loi pour monter notre projet mais également sur le constat qu’encore un grand nombre d’invendus des grandes surfaces ne sont pas récupérés, voire mal récupérés. Ou plus exactement que les associations ne récupèrent pas forcément toujours des marchandises qui répondent à leurs besoins réels faute de logistique adéquate. D’où notre proposition de créer une plateforme de tri. Là-dessus, on travaille en lien étroit avec différentes associations comme les Restos du Cœur ou le Secours Populaire qui font déjà partie de notre comité de pilotage."

Concrètement, quel va être votre schéma de fonctionnement ?

"En fait, nous récupérerons via la Régie les invendus auprès des supermarchés et notre plate-forme de tri permettra ensuite aux associations de recevoir différents produits en fonction de leurs besoins, tout en respectant des normes de tri et d’hygiène. Par ailleurs, des invendus seront aussi utilisés au sein d’un espace culinaire mis à notre disposition par la Mairie de Pierrefitte –l’ancienne cuisine municipale. Il y aurait un double recyclage."

C’est-à-dire ?

"Au sein de cette cuisine qui a été inaugurée le 2 février, on va commencer à faire des productions avec quelques entrepreneurs culinaires, le temps d’expérimenter un modèle économique. Il y a aussi d’autres pistes de fonctionnement, comme celle d’associations qui pourraient utiliser notre cuisine et des invendus pour monter un repas qui financera une de leurs actions. Toute la difficulté pour nous aujourd’hui, c’est encore de lever les freins dans la relation aux supermarchés parce qu’ils sont loin d’avoir forcément des personnes référentes sur cette problématique. Il existe bien un cadre avec la loi, mais la mettre en œuvre reste encore compliqué à l’heure actuelle. Mais, nous devrions être opérationnels à l’horizon du dernier trimestre 2018 avec une collecte à l’échelon de Pierrefitte, mais aussi de Plaine-Commune voire du département."

L’idée dans votre projet, c’est également de faire de l’insertion professionnelle, quels seront les métiers proposés ?

"Les opérateurs du projet seront effectivement en insertion et recrutés avec Pôle emploi ou la Mission locale comme on le fait habituellement. Ce seront quasi-exclusivement des Pierrefittois et on aura un public en insertion qui sera formé sur la collecte proprement dite, le tri, des emplois de chauffeurs et puis ensuite en cuisine puisqu’on proposera aux entrepreneurs d’avoir des aide-cuisiniers. A terme, on pense aussi mettre en place une activité de compostage. La valorisation des invendus alimentaires offre un potentiel d’emplois en insertion assez large puisqu’il s’avère aujourd’hui que même des associations se retrouvent elles-mêmes à redonner ce qu’elles n’ont pas pu donner à leurs bénéficiaires. Il y a presque un double gaspillage que nous voulons éviter."

Vous avez évoqué une activité de compostage, ce serait une façon d’aller au bout de la chaine du déchet ?

"Effectivement, on est en train de réfléchir avec les Fermiers de la Francilienne pour que tout ce qui ne sera pas consommable ou trop périssable puisse être intégré dans ce qu’on appelle une « collecte non écrémante ». Ce qui avantagerait les supermarchés puisqu’aujourd’hui les associations viennent, mais ne prennent pas tout. Là, avec R.A.P.I.D, on propose de récupérer même ce qui est "pourri" pour l’orienter vers une filière de compostage. De la même façon en cuisine, les déchets viendront alimenter le compost. qui lui même serait fourni aux différentes fermes des Fermiers de la Francilienne, dont la Ferme pédagogique P13 implantée à côté de l’Université de Villetaneuse."

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