Apprendre en faisant collectivement

« Pour finaliser cette exposition, vous devez réfléchir à l’emplacement des oeuvres en fonction de l’agencement des lieux, le sens de circulation, la forme des créations » explique Andréanne Beguin, commissaire d’exposition indépendante associée au projet. « On peut aussi réfléchir à la question des assurances et à la sécurité des sculptures qui doivent être protégées de tout accident avec un sac à main par exemple... » .
En « repérage » dans la future salle d’exposition du Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis, les élèves ont étudié la longueur des vitrines, les angles, la luminosité de l’espace afin de constituer un plan précis d’exposition mettant en lumière un tissage de perles de verres, des vases en acier patiné ou des émulsions photographiques sur pierre.
« Nous avons cherché à prendre en compte les choix des élèves et réfléchir par les oeuvres sélectionnées, à créer des parallèles entre le passé et le présent de Saint-Denis, les techniques artisanales ou d’architecture... » avance Clément Tramoy, chargé de projet de l’association Citoyenneté jeunesse associée au parcours éducatif. Après plusieurs séances consacrées aux différents matériaux employés : bois, verre, acier, tissus, photographies... les adolescent∙e∙s ont visité le Musée du Moyen-Âge de Cluny et le Palais de la Monnaie dédiée à la fabrication des pièces anciennes.

Une médiation réalisée par les élèves

Emballé∙e∙s par la « méthodologie du faire » prônée par l’association, Mahmoud, Mohamed, Kossay, Zakarya... ont étudié le style et la démarche de la photographe Valérie Belin, du sculpteur belge Johan Creten, du vidéaste japonais Masahide Otani... pour préparer les activités de médiation mises en place le 13 avril lors de l’inauguration, le lendemain de l’installation... Très concentrée devant le « casse-tête géant en bois » du mathématicien Arthur Schoenlis, la jeune Fatou guide sa maman et certains professeurs dans les allées de la salle d’exposition.
« J’étais stressée mais la médiation n’a pas été trop difficile » sourit-elle. « Il s’agit surtout de présenter le contexte de réalisation de l’oeuvre et laisser les gens interpréter comme ils veulent. Ce n’est pas grave de ne pas savoir répondre à toutes les questions ». Sa mère, qui visite pour la première fois une exposition d’art contemporain a plutôt bien répondu au quizz rédigé par les écolier∙ère∙s. « C’est bien que les enfants apprennent aussi en réalisant des projets à l’extérieur des salles de classe et comme cela, ils voient que l’art moderne, c’est pour tout le monde ». Un constat partagé par Marion Duvignau, la professeur d’arts plastiques référente du parcours CAC séduite par l’aspect participatif et co-construit de l’initiative.

Les collégien∙ne∙s bénéficieront bientôt d’une balade urbaine dédiée à patrimoine de la ville en compagnie du chargé de projet de l’association Citoyenneté jeunesse. Qui sait, l’un d’entre eux∙elles pourrait peut-être se découvrir une vocation et se lancer dans une carrière artistique...

Crédit-photo : Patricia Lecomte