Quand le sport aide à tisser des liens
Le 20 mai, au stade Géo-André de La Courneuve, la FSGT 93 a organisé la 7e édition du Festival des pratiques partagées, qui réunit chaque année des collégiens du département et des jeunes en situation de handicap autour d’activités sportives. Un événement soutenu par le conseil départemental et placé sous le signe du partage, de la tolérance et de la bonne humeur.
« Prêts ! » « Ouiiiiii ! » L’animateur Pascal vient de donner le coup d’envoi d’une partie de tchoukball, un sport collectif de ballon qui mêle le hand, le volley et le squash et qui est reconnu pour ses valeurs de respect et d’humilité. Cela tombe bien, ces valeurs sont à l’ordre du jour. En ce jeudi 20 mai, le stade Géo-André, forteresse des Flash de La Courneuve, l’équipe de football américain la plus titrée en France, est le théâtre du 7e Festival des pratiques partagées. Un moment festif organisé par la FSGT 93 (Fédération sportive et gymnique du travail), et soutenu par le Département, au cours duquel se côtoient des publics valides (des collégiens du département) et des personnes en situation de handicap, en provenance de structures spécialisées. « Le tchoukball interdit toutes formes de contacts corporels, laissant la pratique ouverte à des équipes mixtes ou intergénérationnelles , explique doctement Pascal. Pour une journée comme aujourd’hui, c’est le sport idéal : tout le monde prendra du plaisir quel que soit son niveau ou son état de forme. » Sur la pelouse, les cris de joie poussés par les joueurs sur chaque but ou action chaude semblent confirmer ses dires…
Un peu plus loin, sur le terrain d’honneur, des élèves de 6e du collège Pierre de Ronsard, à Tremblay-en-France, s’essaient au football américain. « Un sport que j’ai déjà vu à la télé mais que je n’avais jamais pratiqué », témoigne Sofiane qui est pourtant dans une classe d’EPS renforcé (6 heures de cours en plus par semaine), goûtant ainsi à de nombreuses disciplines tout au long de l’année. « Le ballon est petit, donc tout le monde apprend vite et à la fin de la séance on arrive à oublier les différences », ajoute-t-il. Mehdi, éducateur sportif et membre du comité départemental de foot US, précise qu’il s’agit d’une initiation au flag football, une version sans placage d’un sport dont les contacts sont parfois rugueux. « L’objectif est de démocratiser cette discipline, la rendre accessible à tous les publics, en la faisant venir dans les collèges et les structures d’accompagnement pour personnes handicapées », espère-t-il.
A quelques pas de là, un match de volley retient l’attention. Les joueurs se passent la balle en étant… assis. Discipline paralympique depuis 1980, le « volley assis », c’est son nom, se joue sur un terrain plus petit et avec un filet plus bas qu’au volley « classique ». Il favorise la mixité et permet à chacun de pratiquer avec la même intensité et le même plaisir. « C’est rigolo mais je préfère le football, tempère Samia, qui vient de l’EME (établissement médico-éducatif) François Eglem, à Gagny. Là, c’est presque trop facile. » « J’avais déjà participé à des courses de fauteuil roulant mais du volley assis, jamais, dévoile Jazz, 14 ans, au collège Pablo-Neruda de Gagny. Ce sont des rencontres toujours très riches, on partage bien plus de choses qu’on ne le pense et les différences, on s’en fiche, elles dérangent uniquement ceux qui ont des préjugés et qui n’ont jamais participé à ce genre de manifestation. »
Vers une politique d’inclusion pérenne
Autre activité qui suscite l’engouement général : le buzz numérique, une drôle de discipline où se mélangent endurance et rapidité, et où chaque équipe doit appuyer sur des buzzers, perchés sur des plots, qui s’allument (rouge ou vert, selon l’équipe). « On se dépense tout en faisant appel à ses réflexes, c’est très efficace », glisse un animateur du comité organisateur.
« La pratique inclusive ne répond à aucun règlement strict et demande à ce qu’on s’adapte en permanence, c’est ce qui fait tout son charme, estime Clément Rémond, co-président de la FSGT 93. Le but est de créer les conditions de manière à ce que chacun fasse du sport avec ses propres capacités. Mais aussi de changer les regards. A la fin d’une séance de sport partagé, les enfants, en général, ne voient plus leurs camarades porteurs d’un handicap comme des extra-terrestres ». Pour l’organisateur, un tel festival est l’outil parfait pour développer des axes de développement en faveur d’une politique d’inclusion qui se traduirait toute l’année dans les structures sportives des villes de Seine-Saint-Denis. « Aujourd’hui, l’objectif est de faire de cet événement, qui a rassemblé cette année quelque 400 participants, l’aboutissement d’une politique pérenne et ambitieuse », plaide Clément Rémond.
Son collègue Yohan Massot, coordinateur du festival, détaille : « Un créneau hebdomadaire, sur les heures d’EPS ou en dehors, où jeunes valides et personnes en situation de handicap se rencontrent autour du sport, ce serait super. » A Stains, où s’est tenue la première édition du Festival des pratiques partagées, le collège Joliot-Curie accueille tous les lundis après-midi dans son gymnase des structures spécialisées. Et cela dure depuis trois ans avec un certain succès. « Si nous nous tournons de plus en plus vers les collèges, c’est aussi parce que le département est confronté à une saturation de ses équipements sportifs, pointe Clément Rémond. Ces établissements scolaires présentent l’avantage d’être, pour la plupart, dotés de gymnases en capacité de recevoir ces activités. » Outre le rôle joué par ses collèges, le Département est engagé de longue date dans le développement du sport adapté et du handisport. Dernier exemple en date : le projet PRISME (Pôle de Référence Inclusif Sportif Métropolitain), un équipement sportif inclusif à Bobigny, pensé pour accueillir tous les publics, valides ou en situation de handicap qui sera livré en 2023. Un écrin qui constitue une première en Europe et qui demeure l’un des trésors de l’héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Grégoire Remund
Photos : ©Jean-Louis Bellurger
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