Quand la Seine-Saint-Denis parle d’Europe
Le 3 mai, dans les locaux de BETC à Pantin, le site d’information Euractiv et le Medialab93 ont proposé aux lycéen.ne.s et étudiant.e.s de Seine-Saint-Saint-Denis de raconter l’Europe puis ont présenté les différentes aides et moyens disponibles pour y voyager.
Quelle est votre relation avec l’Europe ?
Des jeunes du lycée Eugène-Hénaff de Bagnolet écrivent sur le sujet de très beaux textes à la première personne. Entre journal intime et carnet de voyage.
« Culture-mixeur »
Typhaine Delcroix, élève en 1ère S
« Je suis issue d’une famille aux origines variées. Je me suis construite au cœur d’un mélange de culture et de tradition. Je suis née en France d’une mère d’origine algérienne et d’un père d’origine polonaise. Je me sens plus proche de mes origines kabyles. Du côté de mon père il n’y avait que mon arrière-grand-mère qui perpétuait la culture polonaise. Et la seule chose dont je me souvienne c’est quelques recettes qu’elle nous avait laissées. A l’inverse j’ai été élevée par mes grands-parents maternels qui sont nés en Algérie. Ils ont été très largement influencés par la culture française ce qui m’a permis de recevoir une culture mixte dès le départ. Quand je parle de culture mixte je veux dire que je n’ai pas une culture propre à un pays. La culture se résume à un mélange de tout ce qu’on a appris et partagé. Par exemple c’est le cas de toutes les fêtes religieuses importantes de toutes les religions qui composent ma famille : Noël, mais aussi l’Aïd. On partage des croyances et une culture différente mais on œuvre pour tout regrouper. C’est comme si on prenait un mixeur et versait un peu de chacun de nous. Du côté de mon père on est plutôt catholique et du côté de ma mère on est plutôt musulman. On ne m’a jamais imposé quelque religion que ce soit. On ne m’a pas enseigné une religion comme étant celle à suivre. Ma famille m’a seulement donné la foi.
De ce fait, je suis déiste. Je crois en Dieu sans avoir de religion. Je m’impose mes règles et mes limites. Je me sens à la fois française, algérienne, polonaise mais plus encore je me sens citoyenne du monde. Ma famille est composée de plusieurs ethnies qui vont de l’Allemagne, en passant par la Thaïlande à l’Algérie, de la Pologne à la Belgique. De ces unions et de beaucoup de partages, ils m’ont appris les danses traditionnelles, les plats typiques de leur région et m’ont fait découvrir leur monde préféré. J’ai aussi dû améliorer mon anglais, ma tante parlant uniquement l’anglais et le thaï. Oui j’ai une tante thaïlandaise, elle m’a raconté son enfance dans son pays natal. Tout comme mes grands-parents m’ont raconté leurs histoires de jeunesse au cœur d’Alger et de la Kabylie. Et j’ai eu ce sentiment d’appartenance. Ils ne m’ont pas immergée dans leur culture ils m’y ont intégrée. Leçon dans ma vie quotidienne : mes habitudes, mes manières dans ce que je cuisine et dans ce que j’aime et surtout ça m’a donné envie de toujours découvrir plus. Cela a généré en moi une source infinie de curiosité. J’ai beaucoup parlé de mes origines mais je me sens aussi française. La France est une partie fondamentale de ma culture. Le fait d’avoir le français pour langue natale me le fait sentir. Lorsque mes grands-parents sont arrivés en France ils n’avaient même pas 20 ans. Ils ont été fortement influencés et par la même occasion leurs enfants aussi. A l’école on apprend l’histoire et la géographie de notre pays. Je ne veux jamais arrêter d’apprendre. Au final j’ai pu aborder ce sujet parce que je crois profondément que la mixité est une richesse. J’aimerais ne rien changer aujourd’hui. »
Européenne ? Française ? Intégrée ? Pas intégrée ?
Réju Rob, élève en 1 ère S
« Je suis née en France de parents bangladais qui sont arrivés ici en 1997. J’ai la nationalité française mais je ne sais pas si je m’identifie en tant que française ou bangladaise. Je me sens intégrée à la France et même à l’Europe mais parfois je me sens différente et je ne sais pas à quel pays m’identifier. Cela fait maintenant 13 ans que je vais à l’école. Tous les matins lorsque je retrouve mes amis je me sens intégrée. Malgré nos origines variées, je ne ressens pas de différences : nous parlons la même langue, nous avons plus ou moins la même culture nous aimons les mêmes films, les mêmes séries, nous avons les mêmes délires. Des fois on n’a pas besoin de se parler pour communiquer. Certains gestes ou grimaces suffisent pour que je parte en fou rire avec eux. J’apprécie cette complicité, je me sens bien entourée, dans ces moments-là je ne me pose même pas la question de mon appartenance. Il m’arrive de parler à des personnes qui sont autant françaises que moi mais qui me font sentir pourtant différente. « Ce n’est pas facile de vivre avec une couleur de peau différente ? Tu viens de quels pays ? Ce genre de questions me ramène à mes origines et me fait penser que je ne suis pas aussi bien intégrée que je le croyais même quand il s’agit de voyager en Europe. En 2015 alors que je partais en Grèce avec mon collège je me suis faite discriminée. Les policiers qui checkaient nos passeports ont été très désagréables avec les personnes de couleur ou d’origine maghrébine. Ils nous parlaient mal, nous regardaient mal et nous jetaient nos passeports alors qu’avec les personnes blanches pas de soucis. J’étais dans l’incompréhension car je présentais mon passeport français. Pourtant à leurs yeux je n’en étais pas. Chez moi il y a un mélange de culture. Je parle aussi l’eti un dialecte bangladais mais j’insère quand même quelque mots français dans mes phrases. Je mélange les deux langues que je maitrise et mes parents font de même. Ils ont petit à petit intégré des éléments de la culture française. Dans certains aspects de ma vie quotidienne je fais quand même la distinction des cultures. Lorsque je suis chez mes amis, j’utilise des couverts. A la maison j’utilise ma main droite. Je mange principalement du riz avec de la sauce curry même si mes parents adorent cuisiner des plats du monde de temps à autre. Je pense que je ne peux pas être soit française soit bangladaise. Je suis un mélange des deux. »
La mobilité européenne pour faire tomber les préjugés
Lydia Boumrah, élève en 1 ère S, lit un texte d’un camarade qui n’a pu être présent.
« J’avais des préjugés sur les Allemands, sur leur manière de parler, sur leur culture complètement différente de la France mais ces préjugés ont été effacés grâce à un voyage effectué entre juillet et août 2016. Mes parents avaient décidé de rendre visite à des proches qui vivent là-bas. On a fait environ 6 heures de trajet en voiture pour se rendre dans une petite ville du nom de Castrop-Rauxel juste à côté de Dortmund. Sur la route on avait l’impression d’être assez libres, on avait l’impression d’être dans le même pays, aucun contrôle d’identité. Cela me semblait assez étrange. Mais dans ces situations là je me souviens que je ne suis pas seulement français je suis aussi européen. Lors de notre arrivée en Allemagne, la toute première chose que j’ai remarqué c’est la propreté du pays allemand. Il y a beaucoup plus de poubelles qu’en France, à chaque coin de rue. On est tranquillement rentrés chez ma tante pour se reposer et aller faire un tour de la ville le lendemain. Le soleil s’est levé, les Allemands aussi. Pour le petit-déjeuner : du pain avec du jambon, du fromage, du jus d’orange. Pour l’instant pas grande différence. Nous avons décidé de sortir pour aller manger à l’extérieur. Les Allemands étaient souriants et amicaux. Quand enfin j’ai pu entendre deux Allemands communiquer entre eux j’ai réalisé que le gros préjugé qui circule en France comme quoi la langue allemande était moche et agressive était complètement faussé et au contraire leur langue est agréable à écouter. Lors de nos promenades dans la ville de Castrop-Rauxel, j’ai remarqué que les Allemands étaient plus civilisés que les Français. Là-bas les feux tricolores sont très bien respectés, pas comme à Bagnolet. Je parle français et allemand mais il n’y avait pas de problème car l’anglais était présent partout où j’allais. Le soir on est rentrés tranquillement à la maison, on préparait le repas et on recyclait des bouteilles parce que chaque bouteille recyclée apporte des réductions pour la prochaine course effectuée. En tant que français et européen, j’ai effacé les préjugés que j’avais sur les Allemands. J’ai pu voir le pays de mes propres yeux et m’en faire une idée. L’Allemagne n’est pas très différente de la France finalement. »
Les bons plans pour voyager en Europe
Gagne un pass inter-rails européen
Si tu es né•e entre le 2 juillet 1999 et le 1er juillet 2000 inclus, que ta nationalité est celle d’un des 28 États membres de l’Union européenne participe aux concours DiscoverEU et tu pourras peut-être gagner un pass pour voyager gratuitement en train seul, ou avec tes amis (jusqu’à 5 personnes âgées de 18 ans) entre le 9 juillet et le 30 septembre 2018. Planifie ton voyage dans un à quatre pays de l’Union européenne pendant 1 à 30 jours maximum. Prépare une liste de sites européens que tu comptes visiter (l’un d’entre eux doit être inscrit au patrimoine européen). Tu auras aussi besoin de ton passeport ou de ta carte d’identité. Un quiz t’attend avec 5 questions en lien avec l’Année européenne du patrimoine culturel 2018 et les Initiatives de l’UE en faveur des jeunes. Une question subsidiaire permettra de classer les candidatures si leur nombre est trop important. 15 000 pass seront offerts qui donneront aussi accès à d’autres moyens de transport, comme les bus ou les ferries. Une initiative de l’Union européenne.
Erasmus pour les demandeurs d’emploi
Les demandeurs d’emplois, et ceci quel que soit leur âge, peuvent bénéficier du dispositif Erasmus +. Pour cela il faut résider en France et être un ressortissant de l’Espace économique européen. Il n’y a aucune condition de diplôme et tous les secteurs d’activité sont représentés. Renseignez-vous auprès de votre conseiller Pôle Emploi. A la clé un stage en entreprise de 3 à 6 mois en Europe. Une préparation au départ est prévue avec des cours d’anglais et un accompagnement, ainsi que des aides financières pour couvrir votre loyer, votre billet d’avion. Le but : le retour à l’emploi. Sur les 147 bénéficiaires envoyés en stage via Erasmus + 64% ont retrouvé un emploi trois mois après cette expérience européenne. Un bon moyen pour booster ses perspectives de carrière.
Erasmus pour les CAP, les BEP, les Bac Pro, les BTS
20 000 Français apprentis en lycée professionnel sont partis l’an dernier en stage de 2 semaines à un an grâce à des bourses européennes. Qu’ils soient mineurs ou majeurs, en CAP, Bac Pro, BTS, ou en alternance, ils ont bénéficié du dispositif Erasmus + qui prévoit ou non de suivre des cours dans un centre de formation.
Erasmus pour les jeunes entrepreneurs
Le programme « Erasmus pour jeunes entrepreneurs » permet de se former pendant 6 mois maximum auprès d’entrepreneurs chevronnés dirigeant de petites entreprises dans un autre pays européen. L’occasion pour les futurs ou jeunes entrepreneurs d’acquérir les compétences indispensables à la bonne gestion d’une petite entreprise : vente, marketing, comptabilité, relation avec la clientèle, financement de l’entreprise, etc. L’opportunité de développer un réseau de relations professionnelles, pour bénéficier de conseils, de recommandations et pourquoi pas trouver des partenaires commerciaux à l’étranger.
Contact :
Pamela Fombuena : +33 1 55 65 68 36
erasmus-entrepreneurs@cci-paris-idf.fr
Chambre de commerce et d’industrie de région Paris Ile-de-France
8 avenue de la Porte de Champerret
75838 cedex 17 Paris
18-30 ans : l’association Parcours le Monde à Pantin propose des solutions pour voyager.
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