Préserver les arbres du scolyte
Dans l’Aire des Vents, le Département est contraint d’abattre en urgence des arbres morts pour stopper la progression d’un insecte ravageur, le scolyte. Mais conformément au Plan Canopée, le Département s’engage à ce que pour un arbre abattu, trois soient plantés.
Un air de désolation flotte sur la partie boisée de l’Aire des vents de Dugny, propriété du Département. Sur les 300 épicéas plantés il y a une trentaine d’année, 120 sont déjà morts et 53 autres devront être rapidement abattus. Le responsable est le scolyte, coléoptère xylophage brun foncé de 4 à 6 mm. Pour pondre ses œufs, il a l’habitude de creuser des galeries dans le cambium, une fine couche située sous l’écorce. Cet insecte est bien connu et depuis des années il participe à l’écosystème forestier. D’ordinaire, les arbres en bonne santé sont suffisamment armés pour se défendre contre ses attaques. Ce n’est plus le cas lorsqu’ils sont déshydratés, mutilés, blessés ou affaiblis. Or ces dernières années, marquées par des des étés caniculaires, les arbres ont manqué d’eau. Le scolyte en a profité pour causer d’importants dégâts dans la quasi-totalité des forêts d’épicéas de la moitié nord de la France (Bourgogne-Franche-Comté, Hauts-de-France, Normandie) jusqu’à l’Auvergne Rhône-Alpes. Suite à l’épidémie de scolyte, des forêts entières d’épicéas ont vu leurs aiguilles virer au brun, puis tomber entièrement, entraînant la mort des arbres.
A l’Aire des Vents, l’ampleur des dégâts a été découvert il y a deux semaines par des techniciens du Département. « C’est la première fois que nous repérons les scolytes sur le réseau d’espaces verts et parcs que la Seine-Saint-Denis gère, rapporte Gaëlle Stotzenbach, directrice adjointe de la nature, des paysages et de la biodiversité au sein de la collectivité départementale. Ces insectes apparaissent souvent après une période de sécheresse très forte, comme nous en avons eu au cours des derniers étés. » Reste à savoir de quelle espèce de scolyte il s’agit, la plus redoutée étant le typographe. « Des coulures et des sciures en bas des troncs ont notamment été relevées, ajoute Gaëlle Stotzenbach. Mais seules les analyses en laboratoire des prélèvements d’insectes pourront confirmer le diagnostic. »
Les résultats devraient être connus dans le courant de cette semaine. « Selon les éléments que nous obtiendrons, nous saurons s’il faut couper pour limiter la propagation ou si au contraire, cela ne s’avère pas nécessaire », poursuit Gaëlle Stotzenbach.
Les techniciens devront également vérifier si des essences différentes, présentes sur le site, comme le pin de Douglas sont susceptibles d’être frappées par les ravages de l’insecte.
En urgence, il a été décidé d’abattre 53 arbres morts, jugés dangereux pour le public et menaçants pour les bâtiments du lycée Rabelais qui jouxte l’Aire des Vents.
Un arbre abattu = 3 arbres plantés
Dans le cadre du Plan Canopée du Département, chaque arbre abattu sera remplacé par trois autres. Pour déterminer quelles essences seront les mieux adaptées pour résister au réchauffement climatique et aux nouvelles conditions en Ile-de-France, le Département travaille avec le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement). Le Département de Seine-Saint-Denis investit 60 millions d’euros pour, d’ici à 2030, planter 30 000 arbres, augmenter de 16 à 20 % la surface arborée de la Seine-Saint-Denis et protéger son patrimoine d’arbres remarquables.
Pour en savoir plus, retrouvez le dossier de Seine-Saint-Denis magazine consacré au plan Canopée.
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