Pantin IN Seine-Saint-Denis

Pourquoi les écoles de mode prennent racine en Seine-Saint-Denis ?

Chantal Fouqué et Christine Walter Bonnini, respectivement directrices d’Esmod et de la Fabrique, expliquent pourquoi et comment elles ont choisi de s’installer en Seine-Saint-Denis.

Deux écoles qui ont pris racine en Seine-Saint-Denis

Christine Walter Bonnini : Esmod est l’école de mode la plus ancienne du monde, créée en 1841 par Alexis Lavigne, l’inventeur du mètre ruban et du buste mannequin. Nous couvrons tous les métiers de la mode. Esmod consiste en deux départements : d’un côté, celui de la création, au sein duquel nous formons des stylistes modélistes. Après un tronc commun les deux premières années, ils ont le choix entre neuf spécialisations, de la couture à la création scénique en passant par la lingerie ou le luxe, sans oublier la fourrure. De l’autre côté, le département marketing est l’équivalent d’une école de commerce uniquement centrée sur la mode, où nous formons les futurs chefs de production, communicants, etc.

Chantal Fouqué : La Fabrique a été fondée en 2013, mais c’est le résultat de la fusion entre trois programmes de formation appartenant à la Chambre de commerce et de l’industrie de Paris et de l’Ile de France. La CCI possédait différents programmes de formation. Les ateliers Grégoire, du nom de Grégoire Ferrandi, existent depuis 1920. Il y avait aussi une école supérieure du vêtement, et Novencia, une école de commerce. Comme la filière mode devient un élément majeur de l’économie en île de France, nous avons voulu créer un programme cohérent en réunissant ces trois éléments, et donner de la visibilité à notre programme de formation correspondant à cette perspective. Notre particularité consiste en notre formation très professionnalisante : nous proposons des alternances allant du CAP au Bac+5. Nous travaillons par exemple avec l’entreprise de maroquinerie Gérard Darrel, ou 4 murs, qui fait du papier peint.

Pourquoi la Seine-Saint-Denis ?

CWB : Entendant ce qui se passait autour de Channel et d’Hermès, nous avons visité un peu les environs, l’association de Jean-Luc François avec qui nous sommes en contact au sein de la fédération française du prêt à porter. Le secteur est en train de changer, de se développer tant au niveau de la ville, de l’habitat, que de l’agrémentation. On ne dirait même plus qu’on sort de Paris ! Notre président, Satoru Nino, est tombé en extase devant les anciens locaux de la Banque de France. Si nous gardons notre siège social rue de La Roche Foucault, nous délocalisons une partie de l’enseignement en création et en marketing à Pantin dès la rentrée 2017. Nous disposerons de grands ateliers, ainsi que d’un atrium de 600 places où accueillir des évènements.

CF  : La CCI possédait des terrains à côté du bâtiment dans lequel va s’installer l’entreprise BETC. Alors que c’étaient d’anciens hangars peu ragoûtants, et cela devient une zone superbe. Lorsque nous nous sommes demandé où installer notre école de mode, qui siège pour l’instant dans des locaux mal adaptés rue de Champerret, Pantin est apparu comme une évidence. De plus, 80% des artisans qui travaillent dans les ateliers d’Hermès proviennent des ateliers Grégoire...

Quelles synergies crée la proximité entre les établissements consacrés à la mode ?

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CF : Nous voudrions développer le partenariat « Paris aime la mode », des portes ouvertes pendant la fashion week, avec l’école Esmod, et réfléchissons aux possibilités de créer une « procédéthèque », avec les Compagnons du devoir, qui répertorierait l’ensemble des techniques et méthode de travail du cuir.

CWB : Nous voulons nous ouvrir vers l’extérieur, c’est le rôle même d’une école. Nous allons nous faire connaître dans les lycées. Nous allons organiser des portes ouvertes, des expositions, des défilés. Les façonniers en stage dans l’association de Jean-Luc François vont travailler avec nos quatrièmes années en merchandising, car ils doivent manager une équipe qui va réaliser une collection.

Le secret pour entrer dans une école de mode : la motivation
« Bien plus que le carnet de note, c’est la motivation du candidat que nous évaluons lorsqu’il passe en entretien avec notre jury, si toutefois son dossier est retenu. Comment faire preuve de cette motivation ? Lisez les magazines, faites-vous l’œil sur les défilés, regardez-les non en consommateurs, mais essayez d’analyser ce qui s’y passe, les ressemblances, les différences etc. Il faut étudier l’histoire de la mode : que s’est-il passé dans les années 20, 30, 40 ? On ne peut créer sans avoir de références. C’est aussi pour cela qu’il faut toujours regarder autour de soi comment les gens sont habillés, il faut s’ouvrir, comprendre les inspirations, piocher y compris dans d’autres cultures. Enfin, il faut aller voir, aller toucher les tissus au marché Saint-Pierre »

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