Post-confinement : où en sont les clubs sportifs de Seine-Saint-Denis ?
Après trois mois d’arrêt pour cause de confinement lié à l’épidémie de coronavirus, la plupart des clubs « majeurs » de Seine-Saint-Denis ont repris le chemin de l’entraînement, dans des conditions variables d’un sport à l’autre. Si athlètes et dirigeants disent avoir hâte de renouer avec la compétition, c’est globalement la joie de se retrouver et l’envie de rattraper le temps perdu qui dominent.
- AC Bobigny 93 Rugby - Section féminine
Après trois mois d’interruption durant lesquels les filles de l’équipe première se sont entraînées chacune de leur côté (le club leur avait concocté un programme), le retour à l’entraînement s’est fait mi-juin. « A raison de deux séances par semaine et non plus trois pour être en conformité avec le plan de reprise progressive élaboré par la Fédération française de rugby », explique Alexandre Gau, l’entraîneur. Et d’ajouter : « Après une aussi longue pause, il ne faut de toute façon pas forcer sur les organismes mais au contraire reprendre en douceur, réhabituer le corps à être en mouvement sinon il y a un risque réel de blessure. » La première journée de championnat (Elite) est prévue le 6 septembre. L’objectif est le même que l’an passé : une qualification pour les phases finales voire plus (le titre).
Les sections jeunes aussi ont repris en juin. Et il était temps d’après Yelen Tribert, manager de l’équipe féminine cadette. « Le plus important était de reprendre contact, non plus par écran interposé, mais pour de vrai, renouer avec cet état d’esprit familial qui fait notre force », plaide Yelen. Aujourd’hui, l’objectif du club est de permettre aux jeunes licenciés qui ne partiront pas en vacances de venir au stade s’entraîner « autant qu’ils le souhaitent », de créer une nouvelle cohésion de groupe et de se préparer physiquement pour aborder sereinement la saison prochaine. « Les joueuses sont revenus plus motivées que jamais, elles sont prêtes à en découdre », prévient le coach des cadettes.
- Red Star Football Club (Saint-Ouen)
Le Red Star a retrouvé son centre d’entraînement de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) le 1er juillet avec « 90 % de l’effectif qui entamera la nouvelle saison le 21 août », assure Souleymane Camara, directeur sportif du club audonien. Les joueurs de Vincent Bordot ont terminé 5e du précédent exercice (après recalcul des points) qui, confinement oblige, a pris brutalement fin en mars dernier. Les Vert et Blanc vont donc repartir pour une deuxième saison consécutive en National (3e division) mais avec un budget revu à la baisse (environ 30 % en moins) et beaucoup de nouveaux joueurs issus de divisions inférieures (10 pour le moment), « tous très prometteurs », tempère le club. « Notre volonté était d’ouvrir un nouveau cycle avec des joueurs expérimentés et des joueurs d’avenir qui vont grandir avec le club, explique Souleymane Camara. Notre feuille de route reste la même que l’an passé : la montée en Ligue 2 à la fin de la saison et l’accession en Ligue 1 d’ici à l’horizon 2024. »
Tremblay-en-France Handball
Depuis le 27 juin, et jusqu’au 27 juillet, le Tremblay-en-France Handball est en vacances. Pendant le confinement, les joueurs et le staff ont été mis au chômage partiel. Grâce au soutien de ses partenaires, parmi lesquels le Département, le club a repris le 23 mai. A leur retour, les joueurs ont subi des tests de dépistage au coronavirus puis passé une batterie de tests physiques pour contrôler leur état de forme. « L’inconnu était de savoir dans quel état physique et psychologique on allait retrouver des hommes dont le hand fait partie du quotidien, raconte Vanessa Khalfa, directrice de la communication du club. Mais tout s’est très bien passé : aucun d’entre eux n’a pris du poids ou n’est tombé malade. » En juin, l’équipe professionnelle, la seule pour l’heure à être autorisée à s’entraîner, a eu droit à un programme spécifique post-Covid-19, fait de travail avec et sans ballon, de séances de yoga et de méditation. La préparation, la « vraie », aura lieu à leur retour de congés, fin juillet. La saison, elle, devrait reprendre le 23 septembre. « Lorsque le championnat a été interrompu en mars, nous étions en position de relégables, analyse Vanessa Khalfa. C’est triste à dire mais on doit probablement notre maintien en 1ère division à la crise sanitaire. Cela nous a servi de leçon. Pour la saison à venir, nous ne voulons plus jouer les derniers rôles, nous avons mis en place un nouveau projet. » Celui-ci est notamment incarné par l’arrivée de l’entraîneur Joël Da Silva, passé notamment par Saint-Raphaël Var Handball avec lequel il a atteint la 2e place du championnat de France en 2016 et une finale de coupe d’Europe deux ans plus tard.
- Boxing Beats (Aubervilliers)
A Aubervilliers, et même en Seine-Saint-Denis, le Boxing Beats est une institution. Une institution en péril si l’on en croit Saïd Bennajem, grande figure de la boxe en France et fondateur de cette association sportive qui a fêté ses 20 ans l’an passé. « Contrairement à la plupart des disciplines sportives, les sports de combat, dont la boxe, n’ont pas pu reprendre normalement, déplore celui qui fut champion de France et sélectionné olympique en 1992. La pratique loisirs des sports de combat vient en effet tout juste d’être autorisée (depuis le samedi 11 juillet), deux mois après le déconfinement qui avait vu d’autres sports comme le tennis ou le volley reprendre.
Eu égard aux conditions sanitaires, notre salle n’a rouvert que pour le haut niveau, les entraînements loisirs et amateurs se déroulent actuellement aux abords du stade André-Karman), poursuit Bennajem. Pour le club, qui s’est engagé à rembourser les adhérents inscrits en janvier, la période est également délicate sur le plan financier. « Nous risquons d’avoir d’importants problèmes de trésorerie », se désole le dirigeant, qui veut en finir avec cette année « pourrie » et regarder vers 2021 pour mettre de nouveau en avant ses qualités principales : la boxe féminine (récompensée de multiples fois) et la boxe éducative.
Prithika Pavade, championne d’Europe -21 et joueuse de l’équipe 1
- SDUS 93 Tennis de table (Saint-Denis)
Si la Fédération française de tennis de table a opté pour une saison blanche (pas de montée, pas de descente, pas de titre décerné) pour l’exercice 2019-2020, le Saint-Denis Union Sports 93 Tennis de table se rappellera que celle-ci fut l’une des plus belles de son histoire (l’équipe première messieurs était 4e de Pro A quand la saison a été interrompue). « Certes, la saison a été tronquée mais nous avons eu le temps de battre des équipes de premier plan et n’avons jamais été aussi performants », tient à préciser Julien Jacquemont, directeur du club. Avant le confinement, le SDUS surfait déjà sur la vague du succès : début mars, les féminines des – 21 ans s’étaient offert deux titres de championnes d’Europe sous les couleurs de l’équipe de France. Et en décembre, le double femme avait obtenu une breloque en bronze lors des championnats du monde junior. « Nos joueurs vedettes ont repris le 18 mai dans les centres d’excellence (INSEP et Pôles France), les autres adhérents le 22 juin, informe le directeur. Pour respecter la distanciation physique, on s’entraîne avec 16 tables au lieu de 26 en temps normal. » Pour rattraper le temps perdu, le club ne va pas connaître de trêve cet été. Du 6 juillet au 14 août, le SDUS TT va proposer au grand public une opération découverte dans sa salle de la Raquette. La compétition, quant à elle, ne redémarrera qu’en septembre avec au menu du lourd : les championnats d’Europe jeunes (Croatie) et seniors (Portugal) et les championnats du monde (Corée du Sud).
- Saint-Michel-Auber 93 (Aubervilliers)
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les cyclistes de l’équipe professionnelle Saint-Michel-Auber 93 n’ont jamais cessé de pédaler pendant le confinement. Tous les jours, ils ont enfourché leur vélo positionné sur un Home Trainer connecté, de façon à pouvoir rouler à plusieurs sur Internet. Un entraînement virtuel mais où la transpiration et les efforts sont bien réels. Si les protégés du manager général Stéphane Javalet sont retournés sur la route à la mi-mai, la compétition ne reprendra pas ses droits avant le 1er août. D’ici là, Saint-Michel-Auber 93, qui a pris part au Tour de France de 1996 à 2001, prévoit d’organiser un stage du 14 au 21 juillet dans le Cantal afin de retrouver une vie de groupe et certains automatismes. « Cette année, le calendrier est particulièrement condensé. Le fait qu’il y ait moins d’épreuves relève le niveau d’adversité. Nous avons du pain sur la planche », note Charlie Nerzic, responsable de la communication et du développement.
Grégoire Remund
Photo : ©Red Star Laptiste
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