Paris 2024 et la Seine-Saint-Denis dans les starting-blocks sur l’emploi
Jeudi 4 avril, une étude d’impact sur les possibles retombées économiques des JOP 2024 a chiffré à 150 000 le nombre d’emplois directs que l’événement pourrait générer. Tous les acteurs ayant assisté à la présentation de cette étude à Saint-Denis se sont accordés sur la nécessité que ces emplois devaient notamment profiter aux habitants des territoires qui recevront directement les Jeux.
Radisa fait partie d’une entreprise d’insertion basée en Seine-Saint-Denis, employant des travailleurs handicapés et spécialisée dans la collecte de déchets. Sur une vidéo diffusée lors de la présentation de l’étude d’impact, il explique en langue des signes qu’il collectera notamment les déchets générés par les Jeux de 2024 en vue de leur tri.
Evaluer le nombre d’emplois pouvant surgir de la préparation des Jeux puis de leur déroulement, notamment sur les territoires concernés directement par l’événement – au premier rang desquels la Seine-Saint-Denis – c’était le but de l’étude d’impact présentée jeudi 4 avril à l’Usine de Saint-Denis.
Là, à deux pas du Stade de France et de la future piscine olympique qui formeront le cœur battant des Jeux, avec le village olympique bâti sur Saint-Denis-l’Ile Saint-Denis et Saint-Ouen, un chiffre a notamment retenu l’attention de tous les acteurs présents : 150 000, comme le nombre d’emplois directs qui devraient être mobilisés dans la période s’étendant de 2018 à 2024.
« Il ne s’agit pas de créations nettes d’emplois, même si cela se traduira évidemment en emplois. Mais c’est avant tout une étude des besoins générés par les Jeux, de façon à pouvoir anticiper l’acquisition de compétences et de formations », précisaient d’emblée Christophe Lepetit, du Centre de Droit et d’Economie du Sport, et Jean Dutoya (groupe Amnyos) chargés par Paris 2024 de mener cette étude.
D’ici 2024, les Jeux devraient donc générer de l’activité correspondant à 150 000 emplois, et ce dans 3 grands secteurs : organisation (78 300), tourisme (60 000) et construction (11 700). Avec des besoins particulièrement forts en matière de sécurité (gardiennage, maitres-chiens), en cuisine et restauration ou encore en transports et logistique. « Évidemment, ces emplois liés aux Jeux seraient forcément limités dans le temps, ce qui n’empêche pas de valoriser par la suite l’expérience acquise à ce moment dans un parcours professionnel », ajoutait Christophe Lepetit.
Et cette manne de 150 000 emplois, tous les acteurs de la présentation – entrepreneurs, partenaires sociaux, ministres, élus des collectivités territoriales – étaient évidemment unanimes pour tenter d’en faire profiter en première ligne les habitants des territoires directement concernés par les Jeux. Outre la rénovation urbaine et le rattrapage en terme d’équipements - 5 nouvelles piscines, 17 rénovées, la construction du Grand Paris Express - la création d’emplois liée aux Jeux pourrait en effet rejaillir sur une Seine-Saint-Denis aux prises avec un taux de chômage supérieur de 4 % à la moyenne nationale. À condition d’assortir cette création d’emplois d’un certain nombre de garanties...
« Il y aurait quelque chose d’insupportable pour les habitants de Seine-Saint-Denis de voir que malgré la multiplication des chantiers sous leurs fenêtres – le Grand Paris Express, le village et la piscine olympiques – tout ça n’est pas pour eux. Donc nous avons collectivement un devoir de réussite », insistait le président du Département de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.
Garde-fous
À cet égard, le comité d’organisation des Jeux (COJO) mettait en avant deux garde-fous, déjà actés : la charte sociale et la charte SOLIDEO signées en mars et juillet 2018, prévoyant notamment que 10 % du nombre d’heures des chantiers liés aux Jeux seront réservés à des personnes en insertion et 25 % du volume total des marchés publics aux PME-TPE (très petites entreprises) et aux entreprises de l’ESS. « Même si ce dernier engagement n’est que moral, dans la mesure où nous sommes soumis à la loi habituelle régissant les marchés publics », convenait un représentant de Paris 2024.
Comme tout le monde – du président du COJO Tony Estanguet à la ministre du Travail Muriel Pénicaud - convenait néanmoins que les Jeux constituaient « une opportunité formidable pour l’emploi et les jeunes », le COJO a choisi de muscler son jeu en matière de solidarité. Deux plateformes viennent ainsi compléter le dispositif d’accompagnement pour s’assurer que ces Jeux soient une réussite en matière sociale et inclusive : la plateforme entreprises2024.fr aidera ainsi les entreprises et notamment les PME à obtenir toutes les informations sur les différents appels d’offre. Tandis que Plateforme solidaire Paris 2024, davantage orientée vers le monde de l’économie sociale et solidaire, recense quant à elle les différentes solutions innovantes proposées par les acteurs locaux (restauration, collecte des déchets, métiers du paysage...)
Solutions innovantes
« Il s’agit d’un outil de mobilisation des acteurs de l’ESS. C’est aussi l’occasion pour eux de changer d’échelle, de gagner en visibilité. Aujourd’hui, on a l’opportunité de passer du souhait à l’action », expliquait Sarah Ourahmoune, ancienne boxeuse sacrée vice championne olympique à Rio 2016 et marraine de cette plateforme. Porté par la Maison des Canaux, port d’attache d’une soixantaine d’acteurs du monde de l’ESS, ce nouvel outil est aussi défendu par Ryadh Sallem, triple champion d’Europe en basket-fauteuil, comptant 5 participations olympiques.
De sa hotte à JO, la ministre du Travail sortait également un plan d’investissement dans les compétences (PIC), prévoyant 1 milliard d’euros injectés dans la formation sur les 4 prochaines années, avec par exemple 1300 places de formation dans le BTP et 1600 dans l’hôtellerie-restauration. « Un bus sillonnera aussi la Seine-Saint-Denis pour aller à la rencontre de jeunes sortis du radar de Pôle Emploi ou des missions locales. Ces JO peuvent véritablement être un laboratoire social exceptionnel », projetait Muriel Pénicaud. Conscients de l’opportunité mais plus pragmatiques, les élus et acteurs de Seine-Saint-Denis attendaient eux de voir pour y croire.
Photos : ©Nicolas Moulard
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