Noisy-Marseille, un nul au goût de victoire
Pour sa toute première finale de championnat de France, Noisy-le-Sec s’est arraché comme jamais, mercredi lors du match aller face à Marseille. Menés 12-9 à la mi-temps par une des toutes meilleures équipes européennes, Mehdi Marzouki et les siens ont trouvé les ressources pour finalement décrocher le nul 16-16. Un résultat qui laisse le retour à Marseille, ce samedi, très ouvert. Reportage.
« On s’attendait à ce que ça soit très difficile, et ça l’a été… Mais le plus important, c’est que Marseille n’est pas encore champion ici, ça veut dire qu’on est au niveau ! » Dans la piscine Maurice-Thorez de Montreuil, la voix du directeur sportif du Cercle des Nageurs de Noisy-le-Sec, Jonathan Moriamé, éraillée d’avoir autant encouragé son équipe, est à peine audible… On y entend de la joie et même de la fierté.
Et pour cause : à mi-course de la première finale de championnat de France de son histoire, le CNN est encore en vie face aux Provençaux. Le Cercle des Nageurs de Marseille, pourtant 37 fois champion de France de son côté et encore en lice pour le Final 8 de la Ligue des Champions cette saison, n’a pas trouvé la clé, mercredi, lors de l’aller en Seine-Saint-Denis, les deux équipes se séparant sur un match nul gargantuesque 16-16.
Poussés par le public
Un petit exploit pour les locaux quand on pense qu’à la mi-temps, ils étaient encore menés 12-9, plombés par une entame de match peu inspirée, marquée par un manque de rigueur défensif et offensif. « En attaque notamment, on précipitait les shoots et on prenait les contre-attaques derrière. Mais on n’a pas abandonné, on a vraiment joué avec le cœur et on en a été récompensés », analysait après coup Mehdi Marzouki, capitaine courage d’une équipe qui se sera montrée au diapason. « Le public aussi nous a bien aidés, dans les deux derniers quarts-temps, il nous a tellement poussés. C’est une sensation qu’on avait oubliée. », ajoutait l’international formé au club.
Les 140 chanceux qui garnissaient les gradins de la piscine de Montreuil – dans le respect de la jauge des 35 % - auront ainsi fêté le déconfinement de leur sport par un nul au goût de victoire. Car après la pause, le CNN changeait enfin de visage. Après avoir accusé un retard de cinq buts à 14 minutes du terme, les hommes de Stefan Ciric se remettaient enfin dans le bon sens. Les supériorités numériques, mal négociées en début de match, se muaient enfin en buts, et Marseille ne se frayait plus un chemin vers le but de Stefan Zivojinovic avec la même facilité. Mehdi Marzouki, jusqu’ici le plus réaliste en attaque, trouvait enfin des relais avec Denis Do Carmo ou encore Antonio Petkovic.
Tout cela ramenait les locaux à 13-15. Côté marseillais, la multiplication des exclusions pour des fautes inutiles commençait à trahir un certain agacement, et on se disait que le CNN n’était plus si loin de l’exploit. Le show Rasovic lui donnait alors le coup de pouce nécessaire pour l’atteindre. En l’espace de 3 minutes, l’international serbe inscrivait un triplé dans le dernier quart-temps, permettant aux Noiséens de recoller au score à 1 minute 30 de la fin. Et malgré une réaction d’orgueil des Phocéens, une bonne défense, qui avait auparavant fait défaut aux locaux, leur permettait de préserver ce résultat inespéré. Cette saison, jamais aucune équipe française n’avait en effet accroché le vainqueur 2019 de l’Eurocup.
Rien à perdre
Et maintenant ? Cette performance donne-t-elle des idées aux Noiséens, avant la finale retour de samedi en Provence ? « On est outsider et moins frais qu’eux, car on a des quarts et des demies dans les jambes que Marseille n’a pas. Mais sur des matches comme ça, il n’y a pas de fatigue. Tout est jouable ! », assurait l’international David Caumette, ancien joueur de Marseille et qui vit sa première saison dans le 93. « Clairement, on va y aller pour gagner. On n’a rien à perdre, ce sera chez eux, c’est eux qui auront la pression », annonçait Mehdi Marzouki, déjà « focus » sur la deuxième manche.
Couvert par les cris de joie des enfants du club - privés de leur sport favori durant de longs mois - Jonathan Moriamé, lui, en avait presque la tête qui tournait. « Ça va presque un peu trop vite tout ça : en l’espace de 4 ans, on est passé de la dernière place à un nul en finale face à Marseille. Ça fait tellement de bien. Je pense vraiment que ces résultats-là vont nous donner un élan formidable, le club, et notamment les enfants, en ont besoin », commentait le directeur sportif sur fond de « Seine Saint-Denis style » de NTM. Samedi, c’est sans doute IAM qui accueillera les joueurs de Noisy. Personnellement, on a toujours eu du mal à départager les deux, mais puisqu’il faut choisir…
Christophe Lehousse
Photos : ©Sylvain Hitau
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