Mozinor, classé architecture remarquable
S’il y a un site à ne pas manquer lors des prochaines Journées du patrimoine 2021, c’est bien Mozinor, à Montreuil. Récemment labellisé « Architecture contemporaine remarquable », il constitue un site industriel unique en France.
Imaginée par Claude Le Goas, urbaniste de la ville de Montreuil de 1958 à 1990 et créée par la Ville, en 1975, cette cité industrielle verticale accueille sur 5 étages usines et ateliers. Celle-ci avait pour vocation, dans les années 70, de freiner la désindustrialisation, en attirant des activités de tout type et de tous formats. C’était sans compter avec le premier choc pétrolier de 1975 et la crise industrielle qui allait suivre.
Après des hauts et des bas se traduisant par une vacance d’occupation due à la difficulté à trouver des locataires, Mozinor se cantonne à la présence d’entrepôts et d’activités de stockage. Dans les années 1990, le site a même accueilli des rave parties… On y venait de tous les coins d’Ile-de-France pour danser ! Depuis une dizaine d’années, le site connaît un renouveau d’activités et nul doute que la conception même du bâtiment, à son époque, était le signe précurseur d’une prise en compte de nos préoccupations d’aujourd’hui. A l’époque, fleurissaient les zones industrielles sous forme de boîtes à chaussures alignées les unes à côté des autres, absorbant de l’espace et artificialisant les sols. Claude Le Goas affirmait alors : « La conviction reste que si des producteurs manuels et intellectuels de biens de consommation doivent, en grand nombre, rester dans la ville comme l’une de ses composantes à part entière, il faudra faire des mozinors. » En 2012, à la Biennale de Venise, Rem Koolhaas, architecte néerlandais, et commissaire de cet événement international, présente Mozinor, rendant hommage à l’architecte français. Mozinor peut encore donner aujourd’hui naissance à de nouveaux bâtiments et inspirer de nouvelles générations d’architectes et d’urbanistes.
Du baby-foot à l’industrie de luxe
A ses débuts, le lieu accueillait des entreprises industrielles souvent spécialisées dans l’imprimerie. On aurait même fabriqué des billets de banque destinés à des pays étrangers, rumeur qui se transmet de génération en génération d’occupants. Après le départ des industries lourdes, Mozinor se redéploie sur un nouveau type d’activités.
Aujourd’hui, une cinquantaine d’entreprises sont installées, employant près de 500 salariés répartis sur les 42 000 m2 du site. C’est là que les joueurs des fameux baby-foot Bonzini étaient peints d’une main sûre par une équipe de décorateurs. Installée sur 1300 m2, la société Carrafont (17 salariés) conçoit et imagine des maquettes pour les designers de grands groupes, tels Vuitton, Saint-Laurent, Armani ou L’Oréal. Les décors de leurs vitrines avec des flacons de parfums géants, sont sortis de ces ateliers. Carrafont a travaillé pour le designer Philippe Starck comme avec l’architecte Jean Nouvel, pour lequel, elle a réalisé la maquette du Louvre d’Abu Dhabi.
Trois structures occupant les lieux ont bénéficié du label « Entreprise du patrimoine vivant » : Carrafont qu’on ne présente plus, l’Atelier Erwan Boulloud et Enzyme. Cette distinction récompense « les sociétés françaises ayant un savoir-faire renommé ou ancestral dans l’artisanat et l’industrie ». C’est à Mozinor qu’Erwan Boulloud, sculpteur et créateur de mobilier, a installé, au deuxième étage, son atelier. Tous les matériaux sont travaillés avec l’appui de pratiques technologiques les plus pointues pour donner naissance à des créations d’une rare beauté. Quant à la troisième entreprise lauréate, Enzyme, elle conçoit, fabrique et installe des objets extraordinaires. De la prise en charge de l’étude technique jusqu’à l’installation sur site, Enzyme s’est fait connaître dans le monde entier. Bien entendu les travaux d’impression sont présents à travers plusieurs entreprises. Prestimage s’est fait connaître pour les toutes les impressions numériques en grand format, en signalétique, décoration et agencement d’espace. Installée sur un plateau de 1 000 m2 avec 6 mètres sous plafond, un parking et un quai de chargement privatif, elle possède un parc machines à la hauteur de ses besoins.
Ne quittons pas le lieu, sans évoquer la double rampe hélicoïdale désormais mythique qu’empruntent aussi bien des poids lourds que des vélos, sans jamais se croiser. Le grand Léonard avait imaginé en son temps, pour le château de Chambord un tel dispositif. Si l’inspiration traverse les époques, Mozinor donnera, elle, quelques idées aux curieux qui visiteront le lieu…
Claude Bardavid
Journées du patrimoine 2021
Visite de Mozinor
Samedi 18 septembre : de 11h à 11h45 – de 15h à 15h45
Dimanche 19 septembre : 11h à 11h45
2-20 avenue du président Salvador Allende
93 100 Montreuil
Tél. : 09 81 29 17 31
Dans l'actualité
Quand le Département dépense 100€, que paie-t-il ?
Sur 100 euros dépensés par le Département de Seine-Saint-Denis dans le budget 2025, combien ira à la Solidarité, aux transports, à l'éducation, (…)
Découvrez le budget 2025 du Département en images
Le Conseil départemental a adopté le budget 2025 de la Seine-Saint-Denis lors de la séance du jeudi 19 décembre. Son montant : 2,1 milliards (…)
Sabrina Ouazani : « Jouer, c’est être libre »
Après La Source des Femmes, Kung-Fu Zohra, le 22 janvier, Sabrina Ouazani ajoute un autre rôle féministe à son répertoire : elle sera Athos, dans (…)
Mayotte : les 7 départements d’IDF se mobilisent
Le Fonds de Solidarité Interdépartemental d’Investissement (FS2i) apporte un soutien financier de 100 000 euros au Département de Mayotte, (…)
La Seine-Saint-Denis présente sa facture à l’État
A l’issue de la séance de l’assemblée départementale jeudi 19 décembre consacrée au vote du budget, les élu·es de la majorité ont présenté une (…)
La billetterie du Festival de Saint-Denis est ouverte !
Le Festival de Saint-Denis vient d’annoncer sa programmation pour son édition de 2025, du 21 mai au 24 juin. Plus d’une quinzaine de concerts, (…)