Mohamed, élève modèle et virtuose des échecs
À tout juste 15 ans, ce collégien blanc-mesnilois a été récemment sélectionné pour les championnats régionaux. Une fierté pour ce jeune autiste qui, en 2019, a mis échec et mat de nombreux adultes lors des Internationaux de France accueillis dans sa commune. Rencontre avec un adolescent attachant qui est aussi le plus brillant de sa classe.
« Aux échecs comme au collège, j’essaie toujours de me dépasser et viser l’excellence » confie Mohamed qui avec 18,5 de moyenne générale en quatrième a visiblement atteint son objectif. Le « jeu des rois » l’a aussi aidé à à s’ouvrir aux autres et prendre confiance en lui, après avoir eu longtemps du mal à trouver sa place. Le jeune homme fan inconditionnel de la série de Netflix Le jeu de la dame s’identifie à Beth, son héroïne orpheline, qui « a commencé comme moi sa vie dans la difficulté ».
Un parcours du combattant pour compenser son handicap
Détecté autiste très jeune, Mohamed n’a pu bénéficier d’une Auxiliaire de Vie Scolaire* qu’en moyenne section. En dernière année de maternelle, il intègre l’Institut médico-éducatif (IME) du Blanc-Mesnil après un intense lobbying de ses parents. « L’implication des professionnels de l’IME a permis à mon fils d’évoluer. Il a commencé à parler et a rattrapé son retard grâce à un enseignement personnalisé » confie sa mère Malika.
L’adolescent est orienté en CM1 dans un dispositif d’Unité locale en inclusion scolaire (ULIS) de secteur grâce à la pugnacité de sa mère. À l’école primaire puis au collège, il alterne des cours en petits groupes adaptés aux enfants ayant des troubles cognitifs avec une scolarité classique dans une classe "normale", assisté un temps par une Accompagnante des Élèves en Situation de Handicap*.
À 11 ans, Mohamed découvre par hasard les échecs et pousse la porte de l’Échiquier Blanc-Mesnilois. Épaulé par le professeur Philippe Moreira, il développe comme le champion Bobby Fischer des stratégies d’attaque qu’il décide d’appliquer aussi dans sa vie réelle. Il se donne à fond dans ses études et voit ses résultats scolaires exploser, devenant l’élève le plus doué de sa classe.
Les apports thérapeutiques du jeu d’échecs
Le collégien, privé d’entraînements depuis l’épidémie de la Covid, taquine les pions en ligne grâce à une application sur son téléphone portable. Très à l’aise dans l’ambiance feutrée et conviviale du club, Mohamed a réussi à se faire des copains et partage ses combinaisons tactiques avec les joueur·euse·s lors des démonstrations théoriques qui entrecoupent les parties.
« Il mûrit son jeu en attaquant de manière prudente et calculée. On peut dire qu’il devient stratège en avançant ses pièces progressivement et efficacement, sans impulsivité » s’enthousiasme Philippe Moreira, également maître des échecs. « Ma plus grande satisfaction, c’est de constater à quel point les échecs lui ont donné du calme et de l’assurance en tissant des relations autour de l’échiquier ».
Concentré sur ses objectifs, le jeune homme a aussi lâché sa game-boy et éteint la télévision qu’il consommait à haute dose. Déterminé à « mieux comprendre le monde », il se passionne maintenant pour l’actualité et étanche son immense soif d’apprendre dans des livres en langues étrangères qu’il dévore dans l’optique d’être intégré au collège international de Noisy-le-Grand.
Malika et Karim, les parents de Mohamed rendent hommage à l’implication des professionnel·le·s qui ont permis à l’adolescent de s’ouvrir aux autres et de progresser dans les apprentissages. Très attentif à l’éducation des enfants en situation de handicap, le Département a doublé en moins de cinq ans les dispositifs ULIS et ouvre tous les ans entre 4 et 5 nouvelles classes spécialisées dans les collèges du territoire. Un vrai soulagement pour les familles qui attendent quelquefois des années avant de bénéficier près de chez eux d’un enseignement adapté aux particularités de leur(s) enfant(s).
*Les Auxiliaires de Vie Scolaire (AVS) ou Accompagnant·e·s des Élèves en Situation de Handicap (AESH) assistent en classe au quotidien les enfants ayant des difficultés d’apprentissage (aide aux activités scolaires, à la socialisation...).
Crédit-photo : Philippe Moreira
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