Mains d’Oeuvres expulsé de ses locaux à Saint-Ouen
Mardi 8 octobre au matin, le lieu de création emblématique à Saint-Ouen, qui accueille 250 artistes, a été expulsé par les forces de police sur demande de la ville. Mais la mobilisation pour la pérennité de cette institution culturelle, ouverte au public depuis 18 ans, est forte.
« Ça me rend extrêmement triste. Mains d’Oeuvres, c’est un vrai lieu de production culturelle, de rencontre et de vie qui existe depuis 20 ans. Un espace essentiel pour aider la jeune création : il n’existe pas tant de lieux que ça où des artistes qui n’ont pas de réseau peuvent être accompagnés. Un lieu de vie aussi avec des artistes en résidence, des associations, des écoles qui viennent y participer à des parcours éducatifs… Aujourd’hui, c’est cet outil qu’on veut casser… »
Wael Sghaier, programmateur associé musique à Mains d’Oeuvres depuis 2017, est en colère. Mardi 8 octobre au matin, ce lieu emblématique de Saint-Ouen a été expulsé par les forces de police, alors que la ville, propriétaire des locaux, disait les réclamer à l’association depuis deux ans.
« Alors que la ville devait lancer les travaux d’un nouveau conservatoire municipal moderne répondant aux besoins du plus grand nombre, Mains d’Œuvres a refusé de quitter les lieux à la date prévue (31 décembre 2017). Mains d’œuvres, en ne respectant pas ses engagements, a retardé de deux ans l’ouverture du nouveau conservatoire municipal. », accuse un communiqué municipal publié dans la journée.
Un communiqué que Mains d’Oeuvres conteste, rappelant notamment l’amorce d’une médiation juridique par le maire William Delannoy avant qu’il ne se rétracte et fustigeant une décision unilatérale "alors qu’un jugement en appel doit intervenir le 3 décembre 2019". Et soulignant surtout l’énorme casse culturelle et sociale, générée par la mise à exécution de cette expulsion.
« Plus de 20 années au service de la diffusion de la culture pour toutes et pour tous sont balayées d’un revers de main par un élu qui laisse sur le carreau des centaines d’artistes en résidence soutenus par les collectivités locales et l’Etat, 70 salariés (dont 25 permanents) dont il se soucie peu du devenir, des milliers d’Audoniennes et d’Audoniens usagers quotidiens de Mains d’Oeuvres et de ses activités. »

Le photographe Yvan Loiseau à Mains d’Oeuvres
Mains d’Oeuvres, c’est en effet des concerts, des expositions, des tables rondes mettant à l’honneur la jeune création d’Ile-de-France, avec un fort ancrage territorial. Mais ce sont aussi des participations à de nombreux parcours éducatifs pour des écoles et collèges du département. Depuis 2001, date de son ouverture au public, ce lieu de bouillonnement culturel a en effet su redonner une seconde vie à l’ancien Centre social et sportif des usines automobiles Valeo qu’il occupe, rue Charles-Garnier. Une histoire qui l’amène d’ailleurs aujourd’hui à être référencé dans les tiers-lieux, ces friches industrielles réinvesties, par le IN Seine-Saint-Denis, label valorisant les projets positifs du territoire.
« Mains d’Oeuvres, c’est le lieu où j’ai commencé à créer et à me professionnaliser en tant qu’artiste. C’est là que j’ai pu approfondir mon intérêt pour la photo documentaire et ma démarche liant art et société, qui colle aussi avec la philosophie du lieu. Au lieu de multiplier ces espaces vitaux pour le territoire, la mairie fait le choix de les fermer : c’est absurde. », témoignait à son tour Yvan Loiseau, photographe ayant exposé cet été dans ce lieu. Et de poursuivre, combatif : « J’ai bon espoir que Mains d’Oeuvres survive à ce moment douloureux, on sent une grande solidarité. »
De son côté, Stéphane Troussel, le président du Département de la Seine-Saint-Denis se montrait lui aussi solidaire de l’association culturelle : « J’apporte tout mon soutien à Juliette Bompoint (sa directrice) et son équipe qui font vivre ce très beau lieu où soutien à la création, accueil d’artistes en résidence et projets artistiques et citoyens se côtoient. J’invite fortement les acteurs et actrices locales à une médiation au plus vite, afin de sortir de cette situation inacceptable. » Le Département, lié à Mains d’Oeuvres par son soutien au fonctionnement du lieu et au MAAD 93 – festival des musiques actuelles - mais aussi par quantité de parcours Culture et Art au Collège, est de fait un partenaire institutionnel fort de l’association.
Après une première manifestation mardi soir qui a rassemblé environ 1 500 personnes, Mains d’Oeuvres appelait à un nouvel événement samedi à 9h sur le parvis de l’Hôtel de ville. Au moment même où un conseil municipal doit se tenir à la mairie, de nombreux concerts et marques de soutien sont prévus. Par ailleurs, une pétition en ligne contre la fermeture de Mains d’Oeuvres a déjà rassemblé 37 000 signataires. (https://www.change.org/p/contre-la-fermeture-de-mains-d-%C5%93uvres-rendeznousmainsdoeuvres-mdoforever)
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