Les Vélorutionnaires du Pré-Saint-Gervais
La grève contre la réforme des retraites pousse nombre de Français dans la rue, à pied... et à vélo. Une occasion supplémentaire pour « Repair Vélo », fondée il y a trois ans, de faire preuve de son utilité. Samedi 18 janvier, au Pré-Saint-Gervais, l’équipe de l’association était en selle pour bichonner les bicyclettes. Leur manière à eux de changer le monde.
Malgré leurs pneus crevés, leurs pignons usés et leurs chaînes déraillées, les biclous trônent fièrement sur la place de la mairie, perchés sur des rehausseurs, portant le guidon haut, toutes roues dehors. Pour eux, c’est un jour particulier : le Repair Vélo « spécial grève ». Le mouvement social qui agite le pays fait naître des vocations de cyclistes, et ce samedi 18 janvier, c’est relâche et cocooning pour les petites reines.
Clé Allen en main, Jean-Michel, fondateur du Repair Café, explique doctement à Clovis : « Tu vois, tu prends une vieille chambre à air pour attacher la roue au cadre, et l’empêcher de valser dans tous les sens » avant de passer à une discussion sur le voltage de leur vélo électrique, puis de faire une pause dans le bavardage pour visser, serrer, limer. « J’aime bien bricoler les vélos, ça change des activités intellectuelles. Quand vous allez au service après-vente de Décathlon ou Darty, on vous renvoie en disant que c’est trop compliqué, ou très cher. Alors que même lorsque l’obsolescence programmée est au cœur de la machine, on peut la remettre en marche », poursuit Jean-Michel.
La pratique contre le blabla
Clovis est ravi. Lui qui a abandonné son scooter pour adopter le vélo électrique, « par écologie » et pour pouvoir se déplacer avec son fils sur le siège arrière en sécurité, était complètement désarçonné depuis que la pédale de son vélo ne répondait plus. Plus loin sur un banc, Gautier et Amandine ont mis pied à terre pour transférer le porte-bagages d’un de leur vélos sur l’autre. « C’est simple, accueillant, et humain. Et surtout, c’est de la solidarité. C’est une autre manière de lutter contre le capitalisme », s’emballe Amandine, couturière et auxiliaire de puériculture. Trois ou quatre petits groupes se forment ainsi autour des réparateurs des stars de la journée. Pendant ce temps, Mariama, une autre fidèle du « Repair Vélo », inscrit soigneusement les nouveaux arrivants sur la liste d’attente. Il est 13 heures, et c’est déjà le 14e vélo réparé.

Repair Café pour réparer le petit électroménager, Repair Vélo pour la bicyclette, gestion des écocup pendant la brocante annuelle... Après trois ans d’existence, l’équipe de « Ecologie au Pré », l’association montée pour porter ces activités, commence à être bien rodée à l’agit’prop verte. Philippe, cofondateur, rétropédale : « On voyait partout des subventions pour sensibiliser à l’écologie. Pour moi, si l’on est pas sensibilisé aujourd’hui, c’est qu’on le veut bien. On a discuté avec Jean-Michel et l’idée du Repair Café et Vélo est née. On préfère répondre à l’urgence écologique par la pratique que par le blabla. En réparant, on limite les déchets, on préserve les ressources, et on fait faire des économies aux gens ». Lorsqu’on questionne l’efficacité de cette écologie des « petits gestes », il brandit son index : « Mieux vaut avancer à la lumière de la bougie que maudire l’obscurité. Bien sûr qu’une politique globale est nécessaire, mais on influe aussi par l’exemple », assure le retraité.

Une maison de l’Ecologie
Le succès du Repair Vélo réside dans trois qualités : un service de proximité, pratique et gratuit. Le public est large et varié : « La dernière fois, c’était délirant. On a réparé 70 vélos à 4 en une journée », se souvient Jean-Michel. Forte de cette popularité, la fine équipe a convaincu la Ville et Est Ensemble de les subventionner en échange d’interventions sur d’autres communes, comme Pantin ou Les Lilas. Pour 2020, Philippe, Jean-Michel, Mariama et leur peloton ont une résolution : fidéliser plus de réparateurs (avis aux amateurs). Et un souhait : ouvrir une Maison de l’Ecologie, où les réparations pourraient avoir lieu tout au long de l’année, à l’abri, et où l’on puisse stocker du matériel. Pour offrir un palais aux petites reines.
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