Les Petits Frères des Pauvres redoublent de vigilance
Dans cette période de confinement, cette association nationale qui lutte contre l’isolement des personnes âgées et vulnérables, a activé ses réseaux. En Seine-Saint-Denis, ce sont environ 300 bénévoles qui maintiennent le lien social par téléphone, et, pour les plus jeunes d’entre eux, qui accomplissent des actions de solidarité. Si vous voulez les rejoindre, vous êtes les bienvenu·e·s !
« Vous savez, je ne sors plus et j’ai un peu peur. Depuis le début du confinement, je ne suis sortie que deux fois. Heureusement, il y a toujours quelqu’un parmi les bénévoles pour me faire mes courses ou aller me chercher un médicament à la pharmacie. C’est un mauvais moment à passer bien sûr, mais les bénévoles me le rendent plus supportable. »
Au téléphone, Mireille Huet, 78 ans, a la voix des bons jours. Et si en cette deuxième semaine de confinement déjà, le moral est plutôt bon, cette vieille dame qui vit seule depuis trois ans à Livry-Gargan l’attribue sans hésiter au soutien des Petits Frères des Pauvres. « Je m’occupe comme je peux. Je tricote, je joue au scrabble, je regarde la télé. Mais mon moment préféré, c’est quand les bénévoles appellent. C’est un peu ma deuxième famille », explique celle qui fut durant sa vie active sténo-dactylo d’une grande banque.
Des personnes à accompagner comme Mireille, les Petits Frères des Pauvres en ont identifié à peu près 300 en Seine-Saint-Denis. Depuis le 17 mars, il n’est évidemment plus question pour les bénévoles de faire des visites à domicile ou en Ehpad, comme c’était le cas avant l’entrée en vigueur du confinement. Mais en contrepartie, l’association qui intervient spécifiquement depuis 1946 auprès des personnes âgées isolées a renforcé son accompagnement par téléphone. Un numéro gratuit, Solitud’écoute (0 800 47 47 88, 7j/7, de 15h à 20h), est aussi disponible pour les personnes de plus de 50 ans qui ne seraient pas encore entrées dans les radars de l’association.
« Mais nous ne nous contentons pas de cela : nos bénévoles de moins de 70 ans - les autres sont priées de rester chez elles car considérées comme à risques - font aussi des courses, du portage de repas, dans le plus strict respect des précautions sanitaires. Enfin, nous accompagnons aussi des gens plus précaires, sortant de la rue, dont les besoins sont souvent plus complexes », détaille Jean-Frédéric Bou, adjoint territorial de l’association pour l’antenne Banlieues Île-de-France.
Pour les missions d’assistance physique à des personnes vulnérables, l’association est d’ailleurs à la recherche de bénévoles entre 18 et 69 ans. Ils et elles viendront en Seine-Saint-Denis grossir un réseau de vigilance de quelque 300 accompagnant·e·s dont fait aussi partie Chantal Méténier.
Désormais retraitée, cette ancienne assistante sociale a rejoint les Petits Frères des Pauvres il y a trois ans assez naturellement. Depuis les débuts du confinement, celle qui coordonne un réseau de 6 bénévoles dit redoubler de vigilance. « On essaie vraiment d’être présentes, d’appeler régulièrement nos personnes accompagnées pour être sûres de ne pas manquer une urgence. Récemment, il y a par exemple une dame qu’on n’arrivait plus à joindre. On avait beau l’appeler, elle ne répondait pas. Finalement, en se renseignant auprès du CCAS (Centre communal d’action sociale) dont nous sommes proches, on a su qu’elle allait bien. »
Ironie de la chose, dans une période de confinement dure à vivre pour tous, les rôles accompagnant·e- accompagné·e ont parfois tendance à se brouiller. « On se rend compte bien souvent que l’accompagnement fonctionne dans les deux sens. Il y a ainsi deux bénévoles à Montfermeil qui me disaient récemment qu’elles trouvaient le confinement angoissant. Eh bien, ce sont les personnes accompagnées qui leur ont remonté le moral », relève Chantal Métenier qui au milieu de cette bonne humeur, pointe toutefois un problème : « Ce qu’on commence à identifier comme besoins, ce sont les personnes qui n’ont plus d’auxiliaire de vie qui venait faire le ménage chez elles. Or c’est un problème qui est parfois source d’angoisse chez ces personnes âgées et qui n’a pas de réelles solutions compte tenu du manque de masques actuel. »
Au-delà de la question du bénévolat, cette Montfermeilloise espère surtout sensibiliser à la question de la solidarité envers les personnes âgées isolées : « Une société qui prête attention aux plus âgés, c’est une société plus humaine. En 2003, lors de la canicule, toute la France avait culpabilisé devant l’isolement des personnes âgées que cet épisode avait révélé. Là, nous sommes à nouveau face à une catastrophe sanitaire, mais il faut au moins ne pas se rendre coupable d’indifférence à l’égard de nos anciens. »
Christophe Lehousse
– La ligne d’écoute téléphonique Solitud’écoute (0 800 47 47 88, appel gratuit, 7j/7, de 15h à 20h), réservée aux personnes isolées de plus de 50 ans, a été renforcée pour accueillir plus d’appels.
Cette initiative, imaginée par des étudiant·e·s, propose d’écrire une lettre à des personnes âgées en Ehpad (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) qui aujourd’hui sont pour beaucoup confrontées à la solitude depuis que les établissements ne reçoivent plus de visites. Prenez donc votre plus belle plume et rendez-vous sur https://aduryellow.wixsite.com/1lettre1sourire
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