Le cirque, quoi qu’il arrive
Rencontre avec Rémi Lecocq, artiste de cirque au sein de la compagnie Inextremiste. Il est tétraplégique incomplet. Il a un point de vue très personnel sur le sujet. Son spectacle Extension est présenté les 3 et 5 mars à l’académie Fratellini à Saint-Denis.
Avec votre spectacle Extension quel message portez-vous ?
L’équilibre fragile du monde et la nécessité d’être solidaire malgré toutes nos différences. Une solidarité inéluctable pour survivre. On a tous notre rôle à jouer. Chaque geste, acte de chaque personne vaut autant l’un que l’autre, qu’il soit dirigeant, handicapé. On peut être cruel entre nous mais on a besoin de s’en sortir ensemble. C’est un peu résumé très très vite. Nous on essaye vraiment de faire réfléchir les gens.
Êtes-vous le seul artiste de cirque handicapé ?
Ah non, il y en a plein. On se connaît un peu tous. Il y a Antoine qui était fildefériste. Il a eu un accident en tournée. Fabrice Champion était des Arts sauts (ndr : collectif de trapézistes atypiques), il est mort maintenant. Il a eu son accident un mois avant moi, la même chose que moi tétraplégique incomplet. Il y a Ludo qui est dans le sud de la France, près d’Alès, il fait de la corde lisse. J’ai fait de la poubelle avec lui. Je me mets dans une poubelle de 80 litres pour l’acrobatie. Comme un monsieur culbuto. C’est mon agrès d’acrobatie. Il y a un unijambiste super connu, Ali, qui a fait un duo. Il y en a plein.
Quand avez-vous commencé au cirque ?
J’ai démarré le cirque à 5-6 ans. Et comme disent mes parents j’avais démarré avant. Le cirque, c’est la seule chose qui m’ait porté, que j’ai réussie dans ma vie. Alors du coup je ne me suis jamais posé de questions. Je faisais de l’acrobatie pour épouser le monde, m’adapter à toutes les situations. L’acrobatie c’est un art du mouvement et c’est psychologique aussi. On bosse son corps dans ses limites, dans la souplesse, dans la force, l’agilité. On repousse ses limites. Je n’ai jamais visé l’exploit, la performance, la virtuosité. Je voulais exprimer des choses, je faisais des contes acrobatiques. Je calquais des vraies phrases de grammaire sur des phrases d’acrobaties, j’essayais d’écrire un langage du corps pour raconter des histoires… mais sans parler.
Vous avez eu un accident à l’entrainement. Qu’est-ce que ça a changé pour vous ?
L’accident m’a fait prendre conscience que ça changerait quelque chose, mais que je ne pourrais jamais arrêter le cirque. Je suis toujours acrobate dans la vie, équilibriste et porteur.
Avez-vous toujours aimé prendre des risques ?
Ce n’est pas le danger qui m’excite dans le cirque. C’est de faire ouvrir des yeux ahuris au public. Les gens arrivent à la fin du spectacle en me disant que c’est merveilleux. Le handicap, c’est déjà un truc sacrément lourd. Et en faisant ce qu’on fait, en donnant des coups de pieds dedans, on montre que c’est des gens comme tout le monde. On casse beaucoup de codes. Pour ne pas qu’on dise : « ah c’est génial les handicapés » ou le contraire « ah les pauvres ». Soit c’est des héros, soit des pauvres dont il faut avoir pitié, qu’il faut aider tout le temps et forcer à les aider presque. En fait, c’est juste des gens comme tout le monde. Il peut y avoir des gros cons comme des gens supers.
En savoir plus ou réserver votre place : www.academie-fratellini.com
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