Le Département met la main à la pâte pour l’aide alimentaire
Depuis le mercredi 1er avril, le Département a remis en service sa cuisine centrale de Clichy-sous-Bois. Grâce à onze agent·e·s volontaires, cette cuisine qui alimente d’habitude les collèges de Seine-Saint-Denis, produit 2 000 repas par jour pour une dizaine d’associations de solidarité du département.
Au menu aujourd’hui : salade de pommes de terre avec poisson blanc. Comme souvent, la cheffe de cuisine Patricia Thomas-Petit et son équipe n’ont pas chômé : en ce mercredi 1er avril, 1 600 repas sont sortis de la cuisine centrale de Clichy-sous-Bois.
Sauf qu’en cette période bien particulière, ces paniers-repas n’iront pas comme d’habitude dans l’assiette de collégien·ne·s, confinés chez eux comme la majorité de la population depuis le 17 mars, mais bénéficieront à des personnes défavorisées.
Face aux nombreux besoins des associations d’aide alimentaire, le Département a en effet décidé mercredi 1er avril de rouvrir sa cuisine centrale de Clichy-sous-Bois - l’une des sept qu’il compte sur le territoire. Jusqu’à 2 000 repas par jour, préparés par une équipe de 11 agent·e·s, doivent ainsi sortir des chaînes de production.
2 000 barquettes par jour
« Ça me paraissait naturel d’aider les gens dans le besoin et à mon équipe aussi. Tous ici sont volontaires. Dans des moments comme celui-ci, c’est important de montrer de la solidarité. », estime Patricia Thomas-Petit, la responsable de la cuisine de Clichy-sous-Bois. « Ces jours-ci, on est aux petits soins des associations. Elles veulent surtout des repas froids, car elles n’ont souvent pas les infrastructures pour réchauffer. Donc on fait des salades composées, des taboulés, chaque fois accompagnés de produits laitiers et d’un fruit », détaille la cheffe, 31 ans d’ancienneté au Département et aux fourneaux depuis l’ouverture du collège Louise-Michel de Clichy en 2014.
Sous ses ordres, 10 agent·e·s ont donc repris du service au nom de la solidarité nationale. Un peu comme à l’accoutumée, ils embauchent à 7h30 pour finir à 14h30. Quelques différences avec leur travail habituel sont toutefois à signaler : « Les quantités préparées sont moindres, et la plupart des repas préparés sont des barquettes individuelles alors que pour les collégiens, nous préparons des portions de 10 à 20 couverts », souligne Kevin Léonard, magasinier pour cette cuisine centrale depuis 2015. Son rôle à lui : appeler les fournisseurs pour être livré – une bonne partie sont des dons alimentaires - puis s’assurer du bon redispatchage dans les camions.
Ce mercredi matin, la première commande vient justement de partir à destination des Restos du Cœur à Clichy-sous-Bois et Aulnay, de l’Epicerie solidaire Wicasaya à Bobigny, de l’Hôtel social 93, d’Amelior à Aubervilliers et de l’Amicale du Nid à Gagny.
Au total, ce sont une dizaine d’associations qui devraient profiter de cet engagement du Département, parmi lesquelles on peut encore ajouter la Croix-Rouge 93 et le Secours populaire.
« C’est une aide qui est la bienvenue, confirme Philippe Portmann, secrétaire général de la fédération 93 du Secours populaire. On devrait distribuer ces barquettes à partir de jeudi au siège à Romainville, ainsi que dans deux comités, Bobigny et Pierrefitte. Elles iront à des sans domicile fixe, des gens vivant en hôtels sociaux ou des populations roms. », détaille-t-il.
"Ça donne du sens"
A l’Amicale du Nid aussi, on prend volontiers cette aide. « Ça nous a bien soulagées », confie Marie Pellieux, responsable de cette association qui intervient dans 11 départements de France auprès de femmes en grande précarité. « Dès le 16 mars, on avait réorganisé le petit déjeuner qu’on propose habituellement à notre accueil de jour à Saint-Denis parce que beaucoup de femmes étaient sans rien. A Saint-Denis, on distribue donc des repas, dont 70 nous sont désormais livrés par le Département. », explique-t-elle. Si cet aspect alimentaire paraît rentrer dans l’ordre, les besoins restent toutefois nombreux : « Beaucoup de ces femmes nous demandent de l’aide pour leurs enfants scolarisés car les devoirs délivrés par internet ne leur parviennent pas, elles qui n’ont souvent pas de connexion. Et on manque aussi de couches et de produits bébé. Mais bon, petit à petit... », souffle la responsable.
Pour les onze bonnes volontés de Clichy-sous-Bois, c’était en tout cas tout naturel de sortir de leur réserve. « On sait qu’on prend quelques risques à sortir, même si une fois arrivés en cuisine, ceux-ci sont limités, raconte Laetitia Deluge, cuisinière. Mais c’est pour aider des personnes qui sont dans le besoin, donc on le fait sans hésiter. On sait pourquoi on se lève tous les jours, et ça, ça donne du sens. »
Christophe Lehousse
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Christophe Lehousse
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